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Recensions

Pourquoi je hais l'indifférence, Antonio Gramsci

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 10 Janvier 2013. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Italie, Rivages poche

Pourquoi je hais l’indifférence, traduit de l’italien, préfacé et annoté par Martin Rueff, 2012, 205 p. 8,65 € . Ecrivain(s): Antonio Gramsci Edition: Rivages poche

 

Lire Gramsci est naturellement un moment important pour la compréhension de l’histoire de la pensée au XXème siècle, de l’histoire du mouvement social et du communisme européen. Et pourtant le bonheur que procure la lecture de ce livre particulier n’a pas grand-chose à voir avec cela. On y trouve rassemblés des textes divers, portant sur les sujets de prédilection d’Antonio Gramsci : les valeurs humaines, la fonction de la culture, les vertus de l’homme privé, la grandeur des humbles. On y trouve surtout une écriture stupéfiante comparée aux grands textes du genre : à la fois très belle et totalement décalée par rapport aux « écrits politiques ». Loin de Lénine, de Mao, du Che, la petite chanson d’Antonio Gramsci fait entendre sa différence radicale.

Point de leçon de socialisme, point de credo révolutionnaire, point de méthode de prise de pouvoir ni de dictature du prolétariat ! Non. Des textes qui parlent de l’amour des hommes et le cœur de Gramsci se confond magnifiquement avec son intelligence. Gramsci aime le genre humain, authentiquement, pas comme « masse » de manœuvre. Il aime les hommes, les femmes du peuple un par un, dans leurs qualités personnelles, leur dévouement, leur labeur, leur humilité. Il aime la morale individuelle, la capacité des humbles à s’entraider, à se soutenir dans la misère, malgré la misère.

J'ai fait l'amour avec la femme de Dieu, Serge Gonat

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 10 Janvier 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Récits, Québec, Myriapode

J’ai fait l’amour avec la femme de Dieu, octobre 2012, 204 p. 18 € . Ecrivain(s): Serge Gonat Edition: Myriapode

 

 

Récit fantastique ? Ecriture poétique délirante ? Conte de la folie peu ordinaire ?

Il y a un peu de tout cela dans cette histoire déroutante.

Bernardo, pieux puceau, vit à Quérouville, une société hors du temps où les règles du Bien et du Mal sont édictées par le mystérieux chef spirituel manichéen de l’Armée De Salut, un certain Lazard, qui s’évertue à détourner ses ouailles du péché de luxure.

Le Mal, le sexe en l’occurrence, est incarné, clame ce saint homme, par Madame Gilbert, la tentatrice, qui, en incitant Bernardo à lui faire la lecture des Onze mille verges d’Apollinaire, œuvre indexée comme satanique par Monseigneur Lazard, a pour dessein de le dévoyer et de l’amener à perdre avec elle son pucelage et davantage.

Tes yeux dans une ville grise, Martin Mucha

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 08 Janvier 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, La rentrée littéraire, Asphalte éditions

Tes yeux dans une ville grise, 10 janvier 2013, 16 €, 192 p . Ecrivain(s): Martin Mucha Edition: Asphalte éditions

 

 

Martin Mucha offre avec ce roman singulier et attachant un panorama kaléidoscopique d’une époque et d’une ville. L’époque est la fin du vingtième siècle, la ville est Lima, une ville qu’il traverse chaque jour et qui lui donne l’occurrence d’une perception plurielle du monde urbain. Si Jeremias, le narrateur, nous fait voyager dans la capitale péruvienne de long en large, Lima est le personnage principal du texte. Deux moyens de transport sont privilégiés en raison de la modicité du coût, le bus et le combi. « A voir les gens derrière les vitres du bus, on dirait qu’ils sont attrapés dans un écran ». Vision du monde urbain qui n’offre aucun attrait, sauf à considérer les populations comme canalisées par une force qui les contraint. Jeremias n’aime pas sa ville, d’autant moins qu’elle sécrète des « prophètes », tel ce « cinglé qui monte dans le bus pour disserter sur la société et la folle religion qui est la sienne ».

Les quatre éborgnés, Alice Massat

Ecrit par Gilles Brancati , le Mardi, 08 Janvier 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Joelle Losfeld

Les quatre éborgnés, sortie : 10 janvier 2013, 160 p. 16,90 € . Ecrivain(s): Alice Massat Edition: Joelle Losfeld

 

Bienvenue chez vous, « frères humains ». Jusqu’à quel degré ressemblons-nous aux personnages du livre. Sommes-nous Lune, Jefferson, Gaspard, Ugolin ou bien plus sûrement un peu tous à la fois au gré des circonstances de nos vies. Par choix ou par nécessité ? Car c’est le propos de ce livre : jusqu’où sommes-nous capables d’aller pour satisfaire nos besoins ? Jusqu’à demander un sac rempli de billets de banque en échange d’une déclaration publique ? S’agit-il d’un « œil pour œil », d’individus en situation d’échanges permanents. Feutrée ou plus violente, la sollicitation des autres et l’ajustement de nos comportements est permanent.

Lune débute un stage dans un journal qui hésite pour sa une entre deux sujets et les traite parallèlement jusqu’au dernier moment. S’ensuivent des rencontres dans un univers beaucoup plus réduit qu’on ne le croit. La « une » la plus probable concerne un écrivain dont Lune est devenue la secrétaire par le hasard d’une rencontre et dont il est le protecteur. Elle n’a pas d’objectif précis, elle est en errance affective et professionnelle et sans les ressources qui lui offriraient une autonomie. Ses choix, comme ceux des autres, sont alors guidés par la nécessité. Elle n’y échappe pas, elle est une héroïne ordinaire.

L'éponge des mots, Saïd Mohamed

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 08 Janvier 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

L’éponge des mots, Les Carnets du Dessert de Lune, 2012, 128 pages, 12 € . Ecrivain(s): Saïd Mohamed

L’éponge des mots est un livre sans commencement, ni fin, dans lequel on entre, puis on s’assoit et on écoute. On écoute un compagnon qui nous passerait la bouteille, on boirait à même le goulot, sans faire de manières, avant de la repasser à un autre, qui serait là aussi, quelque part au bord du monde, parce que toutes les routes ont déjà été arpentées, tout a été dit, et pourtant nul n’a encore trouvé le remède au mal de vivre.

L’éponge des mots éponge le trop plein.

 

Pas de gloire à se combler d’alcool

Pour s’inventer des cataplasmes.

Boire encore et tordre le cou aux sortilèges.

Capitaine au long cours veillant sur l’histoire du hasard.

Taillader son chemin dans l’aventure des rues lisses.