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Le Tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui, Pierre Adrian, Philibert Humm (par Lionel Bedin)

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 27 Juin 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Pocket, Voyages

Le Tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui, Pierre Adrian, Philibert Humm, juin 2019, 312 pages, 7,50 € Edition: Pocket

 

Deux amis d’enfance, tous les deux nés en 1991, « majeurs mais pas tout à fait vaccinés », ont un jour de 2017 l’envie de faire un tour de France en voyageant sur les traces des frères André et Julien Volden, les jeunes héros du Tour de la France par deux enfants, le livre d’Augustine Fouillée (1833-1923), publié en 1877 sous le pseudonyme G. Bruno, célèbre manuel scolaire de lecture, de géographie, et de morale sous la IIIe République. Le projet de Pierre Adrian et Philibert Humm : « voyager avec ce petit éloge de la sobriété et de la prudence ; passer notre temps à le trahir ». Garder l’idée d’un voyage dans la France des régions, des monuments, des hommes, « à portée de la main », mais dans la France d’aujourd’hui. Les copains et la route plutôt que la Patrie, la maison et la famille. Et faire de ce voyage un « hymne à la promenade » plutôt qu’au travail ou à la morale civique… Bref, « on serait les Kerouac lorrains ».

Le bourdonnement de la lumière entre les chardons, Claude Donnay (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 27 Juin 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Le Coudrier

Le bourdonnement de la lumière entre les chardons, juin 2019, 90 pages, 18 € . Ecrivain(s): Claude Donnay Edition: Le Coudrier

 

Sommes-nous, avec Claude, dans « le bourdonnement de la lumière entre les chardons », dans un processus d’éternel retour ou d’éternelle continuité ? Ce recueil, en tout cas, nous rappelle brillamment ce très court laps de temps qui fait notre éblouissement puisqu’« il n’est question/ Que de passer/ Du doigt au sable/ Du sable à la vague ».

Devant le doute, certes « le ciel rougit de notre immobilité »… mais il flamboie car « au-delà du choix/ Le chemin pose/ Son évidence ».

Tributaire du corps, l’âme serait-elle en sursis quand « le monde survit/ Le temps/ D’un battement de cils » ?

C’est que le bourdonnement se fait intense au moment où on s’y attend le moins, sorte de résistance globale à vouloir prendre un certain élan quand « la vie coule à pic ».

Les ronces, Cécile Coulon (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 26 Juin 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Le Castor Astral

Les ronces, mars 2018, 166 pages, 15 € . Ecrivain(s): Cécile Coulon Edition: Le Castor Astral

 

« Ce moment est une porte

que je n’ai pas osé franchir, par peur de l’entendre,

dans mon dos

se refermer » (p.99)

 

Ce premier recueil de poésie de la romancière Cécile Coulon (28 ans) a partout le ton, la fraternelle franchise, le rythme, l’énigmatique évidence de ce passage. On l’a admiré (dernier Prix Apollinaire), on s’en est moqué (Juan Asensio, essayiste et chroniqueur vif et cultivé, mais plutôt acerbe, parle par exemple d’une « volaille que des aveugles volontaires confondent avec un condor des Andes »). Je veux bien alors n’y rien voir, puisque moi, simplement, j’admire. Je suis par exemple sensible à une parole comme :

Les poussières de C., Marion Guilloux (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 26 Juin 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Théâtre, Espaces 34

Les poussières de C., avril 2019, 42 pages, 12 € . Ecrivain(s): Marion Guilloux Edition: Espaces 34

 

Un été russe

Les Européens de l’ouest, que nous sommes, ont bien du mal à faire de l’immense Russie un territoire imaginaire : elle nous dépasse. Nous nous contentons à quelques exceptions près de l’appréhender à travers une série de clichés, de caricatures. Et souvent nous l’ignorons, à la différence de l’Amérique qui a nourri tant de fois notre littérature, notre cinéma, etc.

Marion Guilloux, dans sa très courte pièce composée d’un prologue, d’un épilogue et de 15 « moments », pourtant se transporte dans la Russie de 2015, celle de la région de Moscou et de ses tristes banlieues grises et des nuits blanches. Nous suivons la trajectoire de deux filles : la narratrice, d’une part, qui dit « je », construit ainsi dans le langage dramatique un monologue central, narratrice dont nous ignorons le nom, et d’autre part son amie installée dans la capitale russe, dont une seule lettre, C, constitue son identité anonyme et secrète, déjà en voie de disparition.

Tolérance, liberté de conscience, laïcité, Quelle place pour l’athéisme ?, Louise Ferté, Lucie Rey (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 26 Juin 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Classiques Garnier

Tolérance, liberté de conscience, laïcité, Quelle place pour l’athéisme ?, Louise Ferté, Lucie Rey, avril 2018, 252 pages, 34 € Edition: Classiques Garnier

 

Grand historien de la philosophie, Étienne Gilson définissait ainsi l’athéisme : « doctrine qui, après mûre réflexion, conclut comme une certitude rationnelle que rien qui réponde au mot “dieu” nexiste en réalité » (cité p.9). La phrase mérite d’être examinée de près. « Après mûre réflexion » exclut la négation de Dieu sous le coup du désespoir ou de la colère. « Certitude rationnelle » va dans le même sens : il ne s’agit pas de proclamer l’inexistence de Dieu après une catastrophe collective (comme le séisme de Lisbonne) ou un deuil privé. « Rien qui réponde au mot “dieu” » correspond au nœud du problème. Que convient-il de mettre sous ce vocable ? Le créateur d’un univers infini, fait de milliards de galaxies contenant chacune des milliards d’étoiles ? L’entité qui accompagne le destin individuel de tous les êtres humains ayant jamais vécu (et qui veille sur eux) ? L’intelligence qui sait tout de tout et de tous à chaque seconde ? Le mot « Dieu » recoupe-t-il la même chose dans le judaïsme que dans l’islam ou chez les Aztèques ?