Que voilà une belle et riche revue. Si vous ne la connaissiez pas (ce qui était notre cas avant de tourner les pages de ce quatrième numéro), sachez que son point d’ancrage, autant que d’encrage (entre encre et rage) est l’île d’Haïti, plus riche de poètes que bien d’autres coins du monde. Avec comme maître à bord James Noël – qui nous avait déjà offert il y a quelques mois une précieuse anthologie de la poésie haïtienne contemporaine – c’est à travers l’exploration tous azimuts du monde des îles que nous sommes emportés. Îles réelles ou imaginaires, politiques autant que poétiques, littéraires et fantasmées ou rêvées. Rêvées et révoltées, aussi. De tous pays, de toutes générations, leurs voix et leurs images nous plongent dans des mondes rapidement ignorés de nos habituelles cartes – géographiques, mentales ou de hasard.
Impossible d’énumérer toutes les escales proposées tant il y en a. Pour autant qu’il s’agisse d’escales. Peut-être autant de points inaccessibles sur les routes marines de tous les exils, là où les frontières se font si confuses que l’on s’y noie. Par milliers et dizaine de milliers parfois, entre les rives de l’indifférence et du fatalisme, du cynisme et de la charité impuissante (1). Ici, qu’importent les cartographies politiques, littéraires… qui lamentablement tracent leurs frontières entre les corps comme dans les têtes. Lamentablement mais hélas trop efficacement.