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Roman

Huysmans, Romans et nouvelles en la Pléiade (1) - Marthe, histoire d’une fille, Joris-Karl Huysmans (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 15 Novembre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

Marthe, histoire d’une fille, septembre 2019, 1856 pages, 66 € jusqu’au 31 mars 2020 . Ecrivain(s): Joris-Karl Huysmans Edition: La Pléiade Gallimard

 

Toute œuvre littéraire commence par… un premier livre publié. Certains écrivains peuvent faire des débuts tonitruants alors que, pour d’autres, un premier livre n’est qu’un coup d’essai, mais qui peut aussi poser les fondations de l’œuvre à venir. Aujourd’hui, Joris-Karl Huysmans fait son entrée dans la prestigieuse Collection de la Pléiade. Cette édition permet d’apprécier la trajectoire de l’auteur. Son premier roman, Marthe, histoire d’une fille, date de 1876. Huysmans est alors âgé de 28 ans. En postface, il précise qu’il a terminé son ouvrage précisément à ce moment-là, soit juste avant un roman de Goncourt consacré également à la prostitution. Qu’on ne l’accuse donc pas d’avoir copié !

Marthe est un court roman, quasiment une novella, menée à un rythme assez soutenu, où l’auteur enchaîne les séquences. Comme son titre l’indique, c’est l’histoire d’une fille. L’histoire ou plutôt à son chemin de croix, car rien ne va bien se passer pour Marthe. Quand s’ouvre le roman, elle vit ce que l’on pourra considérer, rétrospectivement, comme un moment de plénitude. Elle travaille alors dans un cabaret, le théâtre de Bobino, en tant que chanteuse. Les spectateurs raffolent de son numéro, car sa beauté les subjugue.

Un père sans enfant, Denis Rossano (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Vendredi, 15 Novembre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Allary Editions

Un père sans enfant, Denis Rossano, août 2019, 368 pages, 20,90 € Edition: Allary Editions

 

Un père sans enfant – Derrière cet oxymore se cache la biographie romancée de Douglas Sirk. Ce dernier, de son nom de naissance Hans Detlef Sierck, est né en 1897 à Hambourg. Après avoir passé son enfance au Danemark, d’où sa famille est originaire, Sierck va entreprendre des études artistiques en Allemagne puis y devenir metteur en scène de théâtre et de cinéma, avant de rejoindre les USA où il sera connu comme réalisateur de mélodrames et de thrillers sous le nom de Douglas Sirk. Il s’éteindra à Lugano, en Suisse, en janvier 1987.

Pour les besoins de son roman, Rossano invente le personnage de Denis étudiant en cinéma. Ce dernier dont la mère est allemande éprouve une grande fascination pour l’œuvre mélodramatique de D. Sirk. Sur les conseils de son professeur, il lit le livre de Jon Hallyday, Sirk on Sirk, et décide de faire son mémoire de maîtrise sur le cinéma germanique populaire sous le IIIe Reich. Il va se rendre à Lugano au cours des années 1981 à 1987 pour rencontrer Sirk et tâcher d’en apprendre plus sur cette image du cinéma mondial, et tenter de cerner le personnage, son entourage et ses ambiguïtés.

Ode au corps tant de fois caressé, Christophe Fourvel (par Sylvie Zobda)

Ecrit par Sylvie Zobda , le Jeudi, 14 Novembre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Ode au corps tant de fois caressé, Médiapop Editions, octobre 2019, 30 pages, 7 € . Ecrivain(s): Christophe Fourvel

 

Le ton est donné dès le titre, le nouveau roman de Christophe Fourvel évoque poésie et expression des sentiments. Tout commence par un air de violon et de piano qui annonce la douceur de l’instant, la voix de Peter Hammill qui se pose sur les gouttelettes en suspension de la salle de bain. Une femme est nue sous l’eau délicieusement tiède. Tous les signes de sensualité et d’abandon sont présents. Un homme regarde sa femme qui se douche. Il se confesse, entame un monologue, une ode à celle qui partage sa vie. La chanson Automn se glisse entre les lignes du roman. Le temps passe et l’automne du narrateur arrive comme un novembre brumeux, installant une nouvelle saison, celle du déclin de la vie après un été brûlant. Que reste-t-il de sa fouge et de son désir ? Pourquoi garde-t-il les mains dans les poches, sans bouger ? Que reste-t-il de son amour ?

Loin d’un Ronsard qui presse sa Cassandre de cueillir la rose avant que la vieillesse ternisse sa beauté, le narrateur s’emploie à la déconstruction d’un mythe.

La panthère des neiges, Sylvain Tesson (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 14 Novembre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

La panthère des neiges, octobre 2019, 176 pages, 18 € Edition: Gallimard

 

Avec La panthère des neiges, Sylvain Tesson nous embarque dans une aventure d’un genre nouveau. L’auteur, qui est connu pour être constamment en mouvement d’une expédition à l’autre, découvre cette fois la patience et l’art de l’affût pour guetter l’apparition de la faune sauvage. Cette approche est un réel apprentissage pour celui qui considérait jusqu’alors l’immobilité comme « une répétition générale de la mort ». L’initiation débute dans une forêt des Vosges où son ami Vincent Munier, photographe animalier, lui fait découvrir l’observation des blaireaux.

Munier lui propose ensuite de le suivre sur les plateaux du Tibet pour aller à la rencontre de la panthère des neiges qui se réfugie dans les zones de hautes altitudes pour échapper aux braconniers. Commence alors une merveilleuse immersion dans des paysages décrits avec beaucoup de poésie : « La panthère des neiges vit dans le cristal ».

Le tunnel, Avraham B. Yehoshua (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 12 Novembre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset, Israël

Le tunnel, février 2019, trad. hébreu Jean-Luc Allouche, 431 pages, 22,90 € . Ecrivain(s): Avraham B Yehoshua Edition: Grasset

 

Un tunnel n’est pas qu’un passage, c’est aussi un contournement. Cela peut être aussi une restriction de la vision, du sens, une réserve. Dans ce roman, il devient l’allégorie d’une échappée dont la fin, le bout justement, échappe : on en sait l’entrée, jamais la sortie. C’est d’abord un projet que Zvi Louria, ingénieur des Ponts et Chaussées en retraite, fait tout pour mener à bien, porteur lui-même de son propre petit tunnel, cette petite tache sombre qui s’agrandit, creuse son cerveau et sa mémoire, embrouille les données, crée des raccourcis.

Le roman s’ouvre sur la visite de l’ingénieur chez le neurologue à la suite d’une « petite » confusion : Zvi s’apprêtait à ramener chez lui, en lieu et place de son petit-fils, un autre enfant de la garderie. Tout est histoire de distraction : détourner une route, détourner son attention, ou plus exactement la porter ailleurs. Dans ce pays, les relations humaines sont à double tranchant. Ben-Zvi, un ancien président d’Israël dont le portrait trône dans l’ex-bureau de Zvi, en témoigne :