Pic, Jack Kerouac
Pic, mai 2017, trad. anglais (USA) Christophe Mercier, 144 pages, 5,90 €
Ecrivain(s): Jack Kerouac Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon
Ce dernier et bref roman de l’auteur célébré de la Beat Generation, publié la première fois en anglais en 1971, trouve ici, grâce à la traduction de Christophe Mercier, une nouvelle chance de se faire connaître. Le titre, certes, est loin de l’importance de Sur la route, Le rouleau original, ou de Big Sur. On retrouve néanmoins sous la plume de Kerouac quelques obsessions musicales ou thématiques (la route, la ferveur pour les déclassés, l’ambiance de villes nocturnes…).
L’histoire de ces deux frères, Slim, le grand, amateur de jazz et musicien lui-même, et Pic(torial Review Jackson), entre Caroline du nord qu’ils quittent après la mort de Grand P’pa et un passage éclair chez Tante Gastonia et New-York, prend très vite l’allure et le rythme d’un road movie, que la langue d’un enfant d’une dizaine d’années relate avec ses déformations, ses raccourcis. Pic s’émerveille de ce grand frère prêt à lui faire découvrir la très grande ville, New-York, sa petite amie Sheila.
Les aventures tournent vite à la mésaventure : le manque d’argent, de boulot stable, et l’on reprend la route dans l’autre sens, vers l’Ouest, la Californie, cette fois.
Kerouac décrit bien cette errance fondamentale, cette fratrie reconstituée sur fond de deuil, cette Amérique injuste pour les Noirs et les marginaux. Sans doute n’a-t-il pas eu le temps de parfaire un projet qui ressemble beaucoup à d’autres titres, quand 1969, après la maladie, la boisson, la fatigue, la déprime, voit partir un écrivain doué de 47 ans seulement, rongé littéralement.
Alors, on se prend à imaginer ce qu’eût été cet ultime opus si le dernier parcours de Jack n’avait été aussi cruel.
Pic reste une manière d’entrer dans cet univers personnel où brillent Avant la route, La route, Vanité de Duluoz… romans et récits retranscrits du réel selon la fameuse méthode de l’auteur, écrivant sous caféine au kilomètre… du papier et de la fiction.
Philippe Leuckx
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