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Pays de l'Est

Kronos, Witold Gombrowicz

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 08 Décembre 2016. , dans Pays de l'Est, Les Livres, Livres décortiqués, Essais, La Une Livres, Stock

Kronos, septembre 2016, trad. polonais Malgorzata Smorag-Goldberg (Notes Rita Gombrowicz et la traductrice, Introduction Rita Gombrowicz, Préface Yann Moix), 380 pages, 24 € . Ecrivain(s): Witold Gombrowicz Edition: Stock

 

Le moi-écrivant dans le temps

« Je n’écris rien », W. Gombrowicz

« C’est la vie à l’œuvre », Yann Moix

 

Dieu sait si nous avons aimé, rendu à ses mystères et lumières, à ses apparents paradoxes, à ses provocations légitimées dans une pensée loin portée, l’œuvre romanesque (Ferdydurke, Trans-Atlantique, La Pornographie, Le Mariage, Cosmos) et théâtrale (Yvonne, princesse de Bourgogne) de l’écrivain Witold Gombrowicz, et combien les pages de son Journal, marquées par l’esprit toujours en éveil, soupçonneux des trucages et faux-semblants littéraires, chargées d’observations aiguës, d’analyses inattendues, nous ont retenu. Pour ces raisons, les pages rétro-introspectives qui nous sont données avec ce Kronos, qui ne diminuent en rien notre admiration, nous surprennent cependant. Qu’en retenir ? Qu’y cerner ?

Un fond de vérité, Zygmunt Miloszewski

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 01 Décembre 2016. , dans Pays de l'Est, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Mirobole éditions

Un fond de vérité (Ziarno prawdy, 2014), trad. polonais Kamil Barbarski, 475 pages, 22 € . Ecrivain(s): Zygmunt Miloszewski Edition: Mirobole éditions

 

Ce polar, le deuxième de l’auteur qui en a écrit et publié trois à ce jour, risque de vous poser, cher lecteur, une première difficulté : comment prononcer les noms des personnages, des lieux, de l’auteur… C’est que pour la majorité d’entre nous, le polonais c’est un peu une énigme phonétique. Même une fois que c’est traduit. L’autre difficulté, c’est de comprendre une société dont on connaît mal, peu ou pas du tout l’histoire, la culture, le fonctionnement… Une fois passés en revue nos souvenirs concernant la Shoah, le ghetto de Varsovie, puis les chantiers navals de Gdansk et la figure de Lech Walesa qui inspira en son temps le cinéaste Andrzej Wajda récemment disparu (L’Homme de marbre puis L’Homme de fer). N’oublions pas non plus la figure de Jean-Paul II (Karol Jozef Wojtyla). Pays catholique, oh combien. Doté aussi d’une histoire dont les juifs ont largement fait les frais, sur fond de folklore ashkénaze et d’antisémitisme « décomplexé ». Il y a aussi cette fameuse image du plombier polonais pour achever de faire écran entre nous et ce pays de buveurs de vodka au bison.

Métamorphoses d’un Mariage, Sándor Márai

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 30 Novembre 2016. , dans Pays de l'Est, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Roman, Le Livre de Poche

Métamorphoses d’un Mariage, trad. hongrois Zéno Bianu et Georges Kassai, 512 pages, 7,60 € . Ecrivain(s): Sandor Marai Edition: Le Livre de Poche

 

Parmi les auteurs phares de la Mitteleuropa, on cite volontiers Stefan Zweig, Arthur Schnitzler ou encore Joseph Roth ; depuis quelques années et un programme de traduction en français toujours en cours, on sait que l’on doit leur adjoindre le Hongrois Sándor Márai (1900-1989), entre autres pour les romans Les Braises, L’Etrangère ou encore le récemment publié par Albin Michel La Nuit du Bûcher. Chacun des romans lus de cet auteur est une fête de l’esprit, une plongée dans l’âme humaine digne des plus grands, qu’ils proviennent de l’ancien Empire austro-hongrois ou qu’ils soient américains (Henry James) ou français (Marcel Proust) ; s’il existe une chose telle qu’un prix Nobel de Littérature à titre posthume, voici un sérieux prétendant, et si la mauvaise foi guide cette assertion, qu’elle soit mise au compte de l’émerveillement littéraire. Quant au présent Métamorphoses d’un Mariage (Az igazi, Judit… és az utóhang, 1980, traduction en 2006), par son dispositif narratif imparable et sa capacité à embrasser le global, le sort de la Hongrie, au travers de l’intime, le sort d’un couple bourgeois, il ne fait que conforter cette opinion.

La Neige de Saint Pierre, Léo Perutz

Ecrit par Zoe Tisset , le Mardi, 08 Novembre 2016. , dans Pays de l'Est, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Roman, Zulma

La Neige de saint Pierre, octobre 2016, trad. allemand Jean-Claude Capèle, 240 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Leo Perutz Edition: Zulma

 

C’est un roman qui frôle le fantastique, un peu à la manière de Borges qui admirait beaucoup Perutz. Le ton est parfois très malicieux, ainsi lorsque George Friedrich Amberg, personnage principal, attend impatiemment une jeune femme. « …Eh oui ! Le temps chausse deux paires de chaussures différentes, poursuivit le fantôme. Avec l’une, il boite, avec l’autre, il fait des bonds. Et aujourd’hui, dans cette pièce, le temps a chaussé ses chaussures de boiteux, il ne veut pas passer ».

Un jeune médecin se réveille dans un lit d’hôpital, il se souvient d’évènements passés que personne n’accrédite. « (…) j’avais l’impression de ne plus être là, d’être couché dans un lit d’hôpital quelconque ; c’était une sensation très concrète, je sentais quelque chose d’humide et de chaud sur le front et dans la nuque, et j’essayais de m’en saisir, mais soudain, je ne parvins plus à bouger le bras et j’entendis les pas feutrés de l’infirmière. Il semble qu’à ce moment là, j’ai eu pour la première fois la vision de l’état dans lequel j’allais me trouver à la fin de toutes ces aventures ».

Aventures dans l’armée rouge, Jaroslav Hašek

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mardi, 01 Mars 2016. , dans Pays de l'Est, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La Baconnière

Aventures dans l’armée rouge, novembre 2015 (première traduction française en 1979 sous le titre Les formes du secret), trad. tchèque Héléna Fantl, Rudolph Bénès (Velitelem města Bugulmy, 1921), illustrations de Josef La . Ecrivain(s): Jaroslav Hašek Edition: La Baconnière

 

Jaroslav Hašek (1883-1923) pourrait bien faire partie de ces quelques écrivains qui ne sont souvent pour le public, que les auteurs d’un seul livre, en l’occurrence Le Brave Soldat Chveïk, largement traduit de par le monde, dont on connaît surtout le premier des trois volumes que finalisa leur auteur (sur les six qu’il avait prévus).

Pour apprécier pleinement l’humour férocement absurde et trop réaliste de Jaroslav Hašek, il n’est sans doute pas inutile de savoir que l’homme était connu pour un engagement anarchiste, mâtiné de revendications proprement tchèques et qui ne l’a pas empêché de fréquenter différentes armées, autrichienne puis soviétique, dans les temps troublés de la première guerre mondiale. Ce sont ces quelques mois passés au sein de l’Armée rouge en tant que « commissaire », entre 1918 et 1920, qui lui inspireront les pages de ces aventures. Il y apparaît bien en tant que lui-même (le passage par la langue russe transformant son nom en Gasek) et non sous la figure de Chveïk qu’il adoptera peu après.