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La Une Livres

Cuisine tatare et descendance, Alina Bronsky

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 06 Avril 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Langue allemande, Roman, Actes Sud

Cuisine tatare et descendance, trad. allemand par Isabelle Liber, mars 2012, 331 p., 23 € . Ecrivain(s): Alina Bronsky Edition: Actes Sud


Ce roman affirme un talent de conteuse dont on craint par avance de ne pas bien rendre compte. Trois points au préalable par souci de clarté. Un : les années quatre-vingt dans l’Union soviétique finissante, dans une ville située à vingt-sept heures de train de Moscou. Les personnages principaux sont tatars. Deux : Rosalinda Akmetovna a la cinquantaine au début du roman, lorsque naît sa petite-fille Aminat ; celle-ci, à la fin du récit, aura trente ans ; ce qui fait donc pour Rosalinda quelque quatre-vingts ans. Rosalinda, c’est elle le roman. C’est elle qui raconte, c’est elle l’axe autour duquel tout tourne. Trois : ces mots de Bertolt Brecht : « D’abord la bouffe, ensuite la morale ». Ç’aurait pu être une épigraphe pour Cuisine tatare et descendance.


« Peur ??? De moi ??? Qui pourrait bien avoir peur de moi ? Personne n’a à avoir peur. Je ne veux que le bien de tous. Mets ton assiette dans l’évier, espèce de tyran ! »

Ploutos, dieu du fric, Aristophane (Trad. Michel Host)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 03 Avril 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Bassin méditerranéen, Théâtre, Mille et une nuits

Ploutos, dieu du fric. Trad. grec ancien, notes et postface Michel Host. 142 p. 4 € . Ecrivain(s): Aristophane Edition: Mille et une nuits

Qu’on se le dise à son de trompes d’Athènes à Wall Street : ce petit opuscule est – pour parler comme les personnages d’Aristophane « revisités » par Michel Host – à se tordre de rire, à se péter les boyaux. Une petite heure d’une récréation hilare, pleine de bonne santé mentale et de rage joyeuse.

Ploutos, dieu du fric, se fait détourner de ses devoirs d’obéissance aveugle (il est aveugle !) envers Zeus et entame une manif anti Zeus digne des luttes contre les p’tits chefs des maos de naguère ! Carion et La Toussaille, esclave et maître (mieux vaut les placer dans cet ordre s’agissant de comédie) rencontre un pauvre hère aveugle et sale. Or ce SDF (faisons comme Michel Host – l’anachronisme structurel) n’est autre que Ploutos, Dieu de l’argent – enfin du fric. Les deux bonshommes entreprennent alors de convaincre le dieu de s’affranchir de son sort affreux : il est condamné par sa cécité – infligée par Zeus – à n’accorder ses largesses financières qu’aux salauds (qu’il ne peut repérer étant aveugle !).

Voilà donc notre Ploutos installé chez La Toussaille. Grâce à Asclépios (dieu de la médecine) il retrouve la vue et s’engage à ne donner désormais le fric qu’aux gens de bonne volonté, négligés par le sort. Ce qu’il fait.

Transsibérien, Dominique Fernandez

Ecrit par Lionel Bedin , le Mardi, 03 Avril 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, Grasset

Transsibérien. Photos de Ferrante Ferranti. 01/21012. 304 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Dominique Fernandez Edition: Grasset


C’est en mai 2010 qu’une vingtaine d’écrivains, journalistes et photographes, embarquent à bord du Transsibérien, pour un voyage culturel franco-russe. Transsibérien est le récit que rapporte Dominique Fernandez, l’un des écrivains invités, illustrés par les photographies de Ferrante Ferranti. (Les deux hommes ont déjà travaillé et écrit des livres ensemble.)


Les joies du voyage en Sibérie


Départ : Moscou. En quelques années la place Rouge a changé. Ce qui se remarque le plus n’est pas le Kremlin mais le fameux Goum, ce magasin du peuple, devenu aujourd’hui une galerie de « boutiques de luxe à la façade étincelante, cavernes d’Ali Baba inaccessibles à qui n’est pas un nouveau Russe. » L’auteur constate que les Russes sont passés « d’un despotisme sanglant à un capitalisme agressif. » Est-ce un progrès ? Pour qui ? Cette question se posera plusieurs fois tout au long du voyage.

Twisted Tree, Kent Meyers

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 30 Mars 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Roman, Gallmeister

Twisted Tree Traduit de l’américain par Laura Derajinski. 02/2012 – 322 pages, 23,80 € . Ecrivain(s): Kent Meyers Edition: Gallmeister


Un tueur rôde sur l’autoroute I-90, près de la petite ville de Twisted Tree, dans le Dakota du Sud. Ses proies : les jeunes filles anorexiques. Ce livre est-il encore une histoire de tueur en série ? Encore un tueur en série américain comme il en pullule dans nombre de romans, de séries, de films ? Petite originalité ici, l’action prend place dans le Dakota du Sud, c’est-à-dire au milieu des grands espaces, des paysages magnifiques, à perte de vue, des terres non colonisés par l’homme, où la nature a encore tous ses droits.

Mais Twisted Tree ne va pas du tout là où on l’attend. Ce livre n’est pas une enquête, avec police, indice, suspect, pour remonter la trace du meurtrier. Les amateurs de polar en seront sans doute pour leur frais. Non, ce livre n’est pas un livre sur un tueur en série.

Le premier chapitre met en scène le tueur. Il cède ensuite la place, et la parole, à un autre personnage. Et cet autre cédera la parole à quelqu’un d’autre. Et ainsi de suite. Au total, douze personnages se succéderont. Chaque intervenant est un habitant de cette petite communauté de Twisted Tree, et va être confronté de près ou de loin, ou pas du tout, ou très indirectement, aux meurtres de l’autoroute.

Seigneur ermite, L'intégrale des haïkus, Bashô

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 29 Mars 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Livres décortiqués, Poésie, La Table Ronde, Japon

Seigneur ermite, L’intégrale des haïkus, Edition bilingue par Makoto Kemmoku & Dominique Chipot. mars 2012, 480 p. 25 € . Ecrivain(s): Bashô Edition: La Table Ronde

 

Quel bel objet déjà ! Un écrin à la hauteur du contenu, la couverture est  d’un vert qui fait aussitôt penser au jade, ce même vert se retrouve à l’intérieur pour le texte en version japonaise. Ce livre, dédié aux victimes  et sinistrés du grand tremblement de terre du Tōhoku, région que Bashō a visité lors de ses voyages, s’ouvre sur une note concernant la traduction. Elle commence ainsi, ce qui résume bien le propos : Traduire c’est trahir, et expose les difficultés auxquelles ont été confrontés les traducteurs et donc leurs partis-pris.

Ensuite, une introduction aborde en un tour rapide mais instructif l’histoire de la poésie japonaise, suivie d’une biographie détaillée de Bashō, illustrée par quelques haïkus. Indispensable pour la compréhension de son œuvre. Nous entrons alors dans la chair même de l’ouvrage : l’intégrale des haïkus du maître en la matière, souvent précédés par des avant-propos de Bashō lui-même, classés par ordre chronologique.

Le premier est daté de 1663 :