« The first duty is to be as artificial as possible. What the second duty is, no one has yet discovered », ou encore : « Being natural is simply a pose, and the most irritating pose I know ». Wilde se voue au dandysme, qui l’amène (en grande pompe, mais aussi dans la ferveur du retrait) à faire se confondre le temps de sa vie et celui, comme indéfiniment prolongé, du sacre de l’artifice. Par la grâce de cet artifice (Huysmans l’a compris avec À rebours), l’être authentique peut composer son apparence au point de faire de lui-même l’analogon d’une œuvre d’art.
Mais cette apologie de l’artifice est surtout pour Wilde, peut-on penser, manifestation d’une pudeur. Ce faisant, l’auteur du Sphinx sans secret tait prudemment son obsession pour l’idiosyncrasie. Ouvrons-nous. Faisons-la affleurer. Belle cépée. Rilke fera sienne cette obsession, usant de ses armes propres : la poésie. Mais lorsque l’ouverture a surgi en nous, nous inscrivant en elle, ce n’est pas le jour qui survient. Le constat – fait par Wilde, fait par Rilke, fait par Pierre-Albert Jourdan – est alors le suivant : « Toutes choses […], si tu les travailles, ouvrent leur cœur de nuit absolue ».