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Biographie

Vagabonde, Fumiko Hayashi (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 25 Novembre 2022. , dans Biographie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Japon

Vagabonde, Fumiko Hayashi, éditions Vendémiaire, septembre 2022, trad. japonais, René de Ceccatty, 192 pages, 20 €

 

Fumiko Hayashi fut dans les années trente une romancière à succès. Née en 1903, elle mourut en 1951. Son parcours, presque invraisemblable, la conduisit à travers le Japon, dans des périples qui lui donnèrent matière poétique et romanesque. Quel destin, que ces aventures existentielles, sentimentales d’une écrivaine, issue d’un pauvre milieu, obstinée à devenir ce qu’elle fut, une romancière et une diariste exceptionnelle.

Le texte, que nous découvrons, appartient à la veine à la fois du récit de vie et de la chronique des jours. Tout y prend place : la quête du travail, de l’argent ; les relations avec ses parents ; celles avec ses partenaires (amants, mari). C’est relaté avec réalisme et poésie. Le récit se voit ainsi truffé de poèmes et de références.

La Forteresse, Autobiographie 1953-1973, Richard Millet (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 21 Novembre 2022. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

La Forteresse, Autobiographie 1953-1973, Richard Millet, éditions Les Provinciales, août 2022, 300 pages, 24 € . Ecrivain(s): Richard Millet

L’œuvre de Richard Millet contient plusieurs ouvrages que l’on doit qualifier d’autobiographiques dans la mesure où, ne serait-ce qu’aux yeux de l’auteur lui-même, cet adjectif est celui qui convient (Un Balcon à Beyrouth, Brumes de Cimmérie, L’Orient désert, etc.), sans oublier trois volumes de Journal, courant de 1971 à 2003. L’apparition d’une autobiographie proprement dite ne surprend guère et ne correspond pas à une nouveauté absolue : elle met en ordre une matière éparse ailleurs, longuement décantée, y compris dans les essais. « Écrire sur soi, c’est se faire l’alchimiste de l’insignifiant, autant que du perdu : muer l’or en déchet, parce que la vérité que je cherche sur moi ne brille pas forcément, ou que sa lumière est encore de la nuit » (p.36).

La Forteresse fut achevée dans l’ambiance suspendue et dystopique (il fallait s’autosigner un document administratif pour promener son chien, tandis que les hélicoptères des forces de l’ordre traquaient d’éventuels contrevenants) du « premier confinement » (mars-mai 2020), rendue encore plus pesante pour Richard Millet par la maladie et la mort de sa seconde femme (la Covid n’y était pour rien).

Par petites touches, Philippe Cassard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 14 Novembre 2022. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Mercure de France

Par petites touches, Philippe Cassard, Mercure de France, Traits et Portraits, septembre 2022, 200 pages, 19 € Edition: Mercure de France

 

« La connaissance intime qu’avait Merlet des cantates, des Passions et des œuvres d’orgue du Cantor, rendait au Bach qu’il nous enseignait, à travers les préludes et fugues du Clavier bien tempéré, les toccatas et les suites, sa jubilation au contrepoint, son rebond aux rythmes de danses et son expression intensément vocale aux fugues lentes et aux sarabandes ».

C’est donc Par petites touches que Philippe Cassard déroule sa vie d’apprentissage de la musique et du piano, sa vie de rencontres et d’études auprès de grands serviteurs de la transmission musicale. Il faudrait, non pour illustrer, mais pour éclairer comme le fait un vitrail, joindre à cette recension des enregistrements de pièces musicales sous les doigts de pianistes qui n’ont cessé et ne cessent peut-être de l’accompagner. Nous pourrions ainsi proposer : Jardin sous la pluie de Claude Debussy par Philippe Cassard, Miroirs de Maurice Ravel par Vlado Perlemuter, et Barcarolle op. 60. de Frédéric Chopin par Nikita Magaloff.

Fils unique, Stéphane Audeguy (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 10 Novembre 2022. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Fils unique, Stéphane Audeguy, 322 pages, 8,40 € Edition: Folio (Gallimard)


Jean-Jacques Rousseau mentionne en quelques lignes dans Les Confessions l’existence d’un frère aîné contraint, suite à quelques écarts de conduite et surtout à une altercation ayant provoqué mort d’homme, de quitter la demeure familiale et Genève pour échapper à la police. Il semble que notre Jean-Jacques national n’ait ensuite plus jamais eu ou plus jamais cherché à avoir de nouvelles de son frère. L’auteur s’est emparé de cette révélation pour faire écrire l’histoire de François Rousseau, né en 1705, par lui-même à la première personne, comme en une sorte de « Confessions » parallèles.

L’adolescence de François se déroule à Genève. Le jeune Rousseau, qualifié de « polisson » par Jean-Jacques, son cadet de dix ans, effectue un séjour en maison de correction à l’âge de treize ans et s’initie ensuite au métier d’horloger, tout en bénéficiant, selon l’auteur, de la tutelle équivoque et de la férule pédago-philosophique d’un certain marquis de Saint-Fons, grâce à la protection, aux relations et à l’assistance de qui, après l’homicide involontaire, le fugitif vivra quelques années tranquilles en France.

Elsa Schiaparelli, Ève-Marie Lobriaut (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 26 Octobre 2022. , dans Biographie, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Elsa Schiaparelli, Ève-Marie Lobriaut, Éd. Les Petites Moustaches, juin 2022, Ill. Madame Dessine, 132 pages, 18,50 €

La collection « Les Petites Histoires de la mode », initiée par les Éditions Les Petites Moustaches, revient sur l’enfance d’un grand créateur ou d’une grande créatrice de mode. Si chaque ouvrage s’appuie évidemment sur une documentation assez large, l’écrivain sollicité utilise assez librement son imagination pour dépeindre, à travers des scènes clé, le caractère, la colère, la tristesse, ayant prévalu au personnage qui deviendra beaucoup plus tard un incontournable du milieu de la mode.

Ainsi en est-il du livre consacré à Elsa Schiaparelli, dont l’exubérance n’a pas manqué d’attirer l’œil de grands artistes. L’auteure Ève-Marie Lobriaut a choisi de se fixer en grande partie sur le printemps 1900, alors qu’Elsa Schiaparelli a dix ans et qu’elle vit à Rome, au Palais Corsini. La petite fille est un véritable feu follet qui multiplie les bêtises, regorge d’idées farfelues qu’elle met à exécution, s’entête à dominer les garçons et y parvient, élabore des mensonges sans vergogne où, à force de réinventer sa vie, elle finit par croire elle-même à ses histoires… Mais l’enfant souffre, notamment du fait de sa laideur dont elle est persuadée. Sa grande sœur Beatrice semble être son exact opposé, en attitude comme en attraits physiques.