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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


La vie magnifique de Frank Dragon, Stéphane Arfi (2ème critique)

Ecrit par Mélanie Talcott , le Jeudi, 30 Mars 2017. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La vie magnifique de Frank Dragon, janvier 2017, 272 pages, 19 € . Ecrivain(s): Stéphane Arfi Edition: Grasset

 

« Pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre ». Ainsi pourrait se résumer le premier roman de Stéphane Arfi, La vie magnifique de Frank Dragon. Une vie ordinaire, parce que celle d’un enfant juif, pris dans la tourmente de la seconde guerre mondiale, des rafles et des dénonciations. Une vie extraordinaire parce que immergée dans l’imagination lyrique et visionnaire du jeune Frank Dragon.

Il possède la rare clairvoyance qu’ont dès leur plus jeune âge certains enfants de transcender la réalité du monde, comme si celui où ils vivaient n’était que la copie dévoyée d’un autre, invisible, lumineux et bienveillant. Dans l’univers plein de fureur et de bruit et très labile de ce gamin de cinq ans, cloîtré dans sa mutité, on ne respire pas, on ne renifle pas, on « narine les odeurs malicieuses » ou « chiffonnées » et les sentiments. Le temps s’y compte en « année de jours », les camions sont « joyeux » dans la « maison des tout à fait fous » où vivent trois dragons – Tateh, Ona, et leur fils, Frank – aux griffes « profondes » ou « furieuses », aux doigts souvent « fourbus » et avec « des ailes de vent dans le dos ».

La vie magnifique de Frank Dragon, Stéphane Arfi

, le Mardi, 28 Mars 2017. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La vie magnifique de Frank Dragon, janvier 2017, 272 pages, . Ecrivain(s): Stéphane Arfi Edition: Grasset

 

 

Ce premier roman de Stéphane Arfi détonne par son ambition : raconter à nouveau ce qui l’a déjà été mille fois, parfois jusqu’au trop-plein mémoriel, la France de Vichy, la Libération et le début des années 50 avec une population éreintée qui ne se remet pas d’avoir voulu Pétain quelques mois plus tôt… Oui, le Vel d’Hiv, Drancy, Auschwitz, Oradour, tout cela a été dit, et très bien. Les Juifs cachés par des voisins, des amis, des inconnus, des Justes, tout cela a été documenté, filmé très souvent et tout aussi bien. Alors comment dire à nouveau cette histoire ? Comment reposer des mots sur ces sommets de l’horreur qui nous semblent si lointains mais ne cessent de nous hanter ? Et surtout, pourquoi dire à nouveau cette Histoire ? D’abord, comment raconter ce passé qui ne semble toujours pas vouloir passer ?

Vie de ma voisine, Geneviève Brisac

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 08 Mars 2017. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Roman

Vie de ma voisine, janvier 2017, 180 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Geneviève Brisac Edition: Grasset

 

Toute notre vie, nous mettons nos pieds dans ceux de l’Histoire mais, sur le moment, nous ne le réalisons pas. Le jour où nous ouvrons le dernier livre de Geneviève Brisac, Vie de ma voisine, nous sommes saisis par un air de printemps. Une cour, un cerisier, un déménagement (c’est toujours un moment d’inquiétude). Mais qui va être le plus transporté ? la narratrice qui avoue « Je peine à m’enraciner », ou le lecteur qui ne s’attend pas à un tel arrachement à son quotidien, englué qu’il est dans ses habitudes ? Car l’auteur, qui se fait narratrice, va nous obliger, nous aussi, à déménager. En effet, comme dans La Ronde d’Arthur Schnitzler, de relais en relais, de main en main, de cœur en cœur, de nom en nom, nous partons en voyage. La narratrice va nous emporter, à notre corps défendant, dans le temps et dans l’espace pour un sacré périple. A travers l’histoire d’une famille, nous allons retrouver un siècle d’histoire avec ses bonheurs et ses souffrances, ses joies et ses tragédies.

L’Impossible Exil. Stefan Zweig et la Fin du Monde, George Prochnik

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 28 Octobre 2016. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Biographie

L’Impossible Exil. Stefan Zweig et la Fin du Monde, septembre 2016, trad. anglais (USA) Cécile Dutheil de la Rochère, 448 pages, 23 € . Ecrivain(s): George Prochnik Edition: Grasset

Sous-titré Stefan Zweig et la Fin du Monde, L’Impossible Exil tient à la fois de l’essai, d’une mise en scène de l’auteur et de la biographie : George Prochnik, professeur de littérature anglaise et américaine à la Hebrew University of Jerusalem, entremêle au fil des pages des considérations sur l’exil, son expérience propre (ainsi que celle de sa famille, son père ayant fui le régime nazi à son arrivée en Autriche) et narration de la vie de Stefan Zweig (1881-1942). En quelque quatre cents pages, Prochnik tente de pénétrer l’esprit de l’auteur du Monde d’Hier, cette élégie à un monde culturellement riche et cosmopolite que Zweig vit disparaître à l’avènement du régime nazi, durant ses années d’exil, à partir de 1934. Prochnik suit les traces de l’exilé, entre Vienne, les Etats-Unis, le Brésil et le Comté de Westchester, visitant des maisons, rencontrant des témoins ; il le suit aussi au travers de sa correspondance avec ses amis européens et américains ; il le suit de même en citant ou en paraphrasant abondamment Le Monde d’Hier, l’œuvre testamentaire de Zweig, définitivement un des plus beaux livres du vingtième siècle ; il le suit enfin tel un détective privé, allant jusqu’à tâcher de retirer du sens de son suicide, de la mise en scène de celui-ci, photos à l’appui.

Les larmes, Pascal Quignard (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 06 Octobre 2016. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Histoire

Les Larmes, septembre 2016, 215 p. 19 € . Ecrivain(s): Pascal Quignard Edition: Grasset

 

Le « roman » annoncé est à entendre au sens le plus ancien, une succession de contes ayant pour fil rouge deux personnages, deux frères, dont les prénoms sont étroitement enlacés en une anagramme : Nithard et Hartnid. Pascal Quignard, dont on sait la fascination pour les temps anciens – « Dernier Royaume » est une formidable suite de réflexions à la manière des Essais de Montaigne et se nourrit sans cesse de l’Antiquité – nous livre en cet opus un brillant collier de récits, contes, anecdotes, faits, qui nous plonge dans le Moyen Âge des Carolingiens.

La continuité avec « Dernier Royaume » est évidente. Quignard poursuit sa quête du sens de la vie des hommes et des femmes à travers ses narrations. Il construit un univers onirique et philosophique, dont chaque élément illustre une donnée éternelle de l’humanité. Tout ce livre en est tissé.

« La princesse Berehta répondit au comte d’Angilbert devenu père abbé de l’abbaye de Saint-Riquier :