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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


Une histoire de la naissance, René Frydman (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 24 Septembre 2021. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres

Une histoire de la naissance, René Frydman, Grasset, en coédition avec France Culture, juin 2021, 280 pages, 20 € Edition: Grasset

 

Identifier le projet d’abord, ce que l’auteur a voulu restituer ensuite. Et se garder de mettre un je immédiat, du je, d’émettre un avis. Écrire à propos de la naissance, c’est faire naître la naissance, non point le départ mais ce qui nous est commun à tous. Ce qui nous distingue. Nos rites, nos mythes, nos superstitions, nos coutumes. Nos usages fondateurs. Notre devenir. Entrer dans le naos de l’intime. Un livre donc n’y suffira pas, aussi précis et organisé soit-il, lequel prolonge et reprend La Naissance, Histoire, cultures et pratiques d’aujourd’hui, que René Frydman a écrit avec Myriam Szejer en 2010, publié chez Albin Michel.

Il faudrait au moins un musée. Soit. Un musée de la naissance.

L’amour des choses invisibles, Zied Bakir (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 06 Septembre 2021. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

L’amour des choses invisibles, Zied Bakir, juin 2021, 180 pages, 17,50 € Edition: Grasset

 

Dans son autofiction, L’amour des choses invisibles, Zied Bakir agrémente son récit de nombreuses références littéraires, à commencer par Le Langage des Oiseaux.

Le Langage des Oiseaux, de Sheikh ‘Attâr Neyshâbouri, poète mystique iranien des XIIe et XIIIe siècles, est un récit symbolique qui met en scène la marche du pèlerin à la recherche de Dieu sous la forme d’un voyage d’oiseaux tentant d’atteindre le plus vénéré, Simorgh, leur souverain. Et ‘Attâr de prévenir son lecteur que « La marche de chaque individu sera relative à l’excellence qu’il aura pu acquérir et chacun ne s’approchera du but qu’en raison de sa disposition », et de préciser, dans ce passage que Zied Bakir a lu, dûment surligné : « L’amour des choses invisibles c’est l’amour sans souillure. Si ce n’est pas cet amour qui occupe ton esprit, le repentir te saisira bientôt ». Or y a-t-il une chose plus invisible que l’inspiration pour un écrivain presque novice comme il le confie dans l’une de ses interviews ? (1).

Le Cerf-volant, Laetitia Colombani (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 27 Août 2021. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le Cerf-volant, Laetitia Colombani, juin 2021, 208 pages, 18,50 € Edition: Grasset

 

L’Inde, les personnages féminins, la misère, forment le tableau sombre du nouvel opus de Laetitia Colombani, que La Tresse a largement fait connaître. On retrouve ici, dans cette histoire dramatique, les communs dénominateurs du livre La Tresse. Une Française Léna, venue en Inde, pour apurer un chagrin, tombe réellement amoureuse de ce pays d’accueil. Par un concours de circonstance, une petite fille de la sous-caste des Intouchables bouleverse sa vie. On est plongé, avec ce livre, dans l’Inde injuste des castes, dans la misère noire des exclus, des lois discriminatoires qui font que les plus pauvres n’ont guère droit à l’éducation et à la culture.

Léna, professeur autrefois en France, va tout faire pour offrir aux plus miséreux un brin d’éducation et d’apprentissage, et ce, au grand dam des parents, des autorités. La petite fille au cerf-volant, Latifa, Léna, Preeti, la cheffe d’une « Red Brigade » d’autodéfense, sont les personnages principaux de cette histoire prenante, directement axée sur la société indienne d’aujourd’hui, privilégiant les castes hautes.

Tes ombres sur les talons, Carole Zalberg (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 12 Mai 2021. , dans Grasset, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

L’œuvre de Carole Zalberg est riche et variée. Dans sa trajectoire littéraire, deux thèmes récurrents parcourent son chemin : celui qui la concerne directement elle, sa famille et ses exils et son intérêt constant pour les « invisibles », « les gens de peu ». Elle jette sur eux un regard empreint de tendresse et une considération persistante. En fait, les deux champs se recoupent. Ils sont les sujets essentiels de sa quête d’écrivain. Cette femme tente sans cesse de s’interroger sur des itinéraires souvent complexes, parfois très violents, parfois plus lumineux mais toujours tortueux. Elle préfère les chemins de traverse déchirés, plutôt que les existences qui suivent les autoroutes trop lisses à son sens pour mériter qu’elle leur consacre son intérêt et son énergie. Chacun de ses nombreux lecteurs suit sa trajectoire, avec constance, et une curiosité jamais émoussée.

Lorsque nous démarrons la lecture de son dernier roman, Tes ombres sur les talons, publié cette année, nous sommes impatients de deviner où l’auteur va, cette fois, nous entraîner. Une fois encore, elle nous conduit sur les routes de l’exil, jalonnées de tragédies funestes. Le roman commence par un prologue. Une femme fuit son pays en guerre. Elle tient son bébé serré contre sa poitrine. Elle est rejetée de tous les lieux d’accueil. L’enfant n’en survivra pas. « Mehdi n’a pas assez vécu pour savoir qu’il meurt. Son dernier souffle, échoué au seuil de sa bouche, n’est que cela, trop court, épaissi de froid, ravalé par l’enfant que sa mère berce encore ». La tonalité du livre est amorcée.

L’ami arménien, Andreï Makine (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 26 Février 2021. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

L’ami arménien, janvier 2021, 214 pages, 18 € . Ecrivain(s): Andreï Makine Edition: Grasset

 

Dans ce récit, le lecteur qui s’attacherait de trop près au titre sera rapidement surpris, mais ce de façon très positive, car il n’y est pas question que de l’amitié, loin de là. Le narrateur se trouve dans un orphelinat de Sibérie, aux conditions d’éducation et d’hébergement très dures, marquées par l’arbitraire, la cruauté et la violence gratuite des condisciples de l’établissement. A quelle époque se situent ces événements ? Probablement dans les années cinquante-soixante, ces années où le soviétisme fait encore illusion avant son écroulement du début des années 90.

Il y a une amitié entre le narrateur et Vardan, un garçon du même âge, en butte à la violence d’autres adolescents soucieux de profiter de ses faiblesses et d’un état d’infériorité. Vardan éprouve de la compassion à la vision d’une prostituée et c’est l’occasion pour lui de resituer la signification de la souffrance, et sa réelle place : « Or, ce que disait Vardan allait bien au-delà de ce jeu d’antithèse sociales. Le malheur et la déchéance d’un être rendaient inacceptable toute la fourmilière humaine. Oui, tout entière ! ».