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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


La Carte postale, Anne Berest (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 26 Janvier 2022. , dans Grasset, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Roman

La Carte postale, Anne Berest, Grasset, août 2021, 512 pages, 24 €

Roman ? Récit autobiographique ? Ou alors essai, et bien plus recherche historique racontée par une documentariste de haut vol ? On se prend à penser aussi : archéologie d’une lignée, enquête. Mais quelle lignée que ces Rabinovitch, Juifs Ashkénazes d’Europe, quelle enquête sinueuse, longue et difficile, de l’après-première guerre mondiale à nos jours ; et quelle archéologue qu’Anne Brest, la descendante, se percevant si peu juive, tellement laïque et intégrée à son sol, mais – oui – juive avec majuscules, par le lien, l’histoire et finalement la culture au bout… On suit donc une démarche, à travers une histoire effarante, pour beaucoup d’entre nous, inouïe.

Le titre – passe partout, modeste – qu’elle a choisi, « la carte postale », est le fil rouge de la recherche, clignotant dans l’immense histoire racontée, tel un signal constant, mais sans éblouissement aucun ; une veilleuse, bien plus sûrement. Anne est celle qui raconte sa famille – première partie du livre, dont on sort sonnés – puis parle depuis son quotidien – seconde partie, enquête encore, d’une autre eau, non moins intéressante.

Le Yark, Bertrand Santini & Laurent Gapaillard (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 16 Décembre 2021. , dans Grasset, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Jeunesse

Le Yark, Bertrand Santini & Laurent Gapaillard, Grasset Jeunesse, octobre 2021, 80 pages, 17 €

 

Fabuleuse bestiole

La légende du Yark écrite par Bertrand Santini, illustrée par Laurent Gapaillard a déjà dix ans d’existence, et a été traduite en quinze langues. Ce nouvel album magique est doté d’une jaquette et agrémenté d’une planche tirée à part. Les titres typographiés en rouge basque tranchent sur le noir et blanc de l’ensemble. De suite, l’exergue de John Locke à propos de la malignité des enfants, nous met sur la piste du registre de l’épouvante et du merveilleux. Le texte de B. Santini rime joliment tout en présentant le terrifiant Yark tel un monstre « immense comme une lune noire », mais qui souffre parfois, même en commettant le pire ! À mi-chemin entre l’ogre du Petit Poucet, King Kong et la gigantesque créature extraterrestre Cthulhu, Yark en possède quelques caractéristiques, notamment le pouvoir d’évoluer dans la stratosphère et d’être toujours affamé.

Petits portraits de chats, Collectif, Grasset-Jeunesse (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 07 Décembre 2021. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse

Petits portraits de chats, Collectif, Grasset-Jeunesse, novembre 2021, 32 pages, 19,90 € Edition: Grasset

Le plus petit des félins est un chef-d’œuvre (Léonard de Vinci)

 

Une anthologie de patte-pelu

Le chat, animal relativement indépendant, a été chargé de connotations diverses, le plus souvent négatives, voire maléfiques, spécifiquement en Occident chrétien, ce qui lui a valu de subir bien des persécutions. Par contre, en ancienne Égypte, le petit félin fut adoré et les grands prêtres consacraient un culte important à Bastet, la déesse bienveillante du foyer et du chat domestique (bien qu’elle prenne parfois l’aspect guerrier et dangereux d’une lionne). Également, au Japon, le mistigri est divinisé, et l’on trouve une série de maneki neko, de chats porte-bonheur aux pattes articulées, devant et à l’intérieur des magasins. Dans la tradition musulmane, le chat est doué de chance, doté de sept vies et possède des qualités magiques. En Afrique, notre patte-pelu est porteur d’un don de clairvoyance. L’animal, fascinant, énigmatique, a été thématisé depuis des siècles, un sujet d’études en littérature et aux beaux-arts, de la Renaissance jusqu’au 19ème siècle.

Enfant de salaud, Sorj Chalandon (par Mélanie Talcott)

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mercredi, 06 Octobre 2021. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Enfant de salaud, août 2021, 336 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Sorj Chalandon Edition: Grasset


« Si tu doutes de tes pouvoirs, tu donnes du pouvoir à tes doutes, et si tu ne connais pas tes blessures, tu leur donnes ton pouvoir. Si quelqu’un me guérit et me retire mon mal, j’entends aussi qu’il me hisse au niveau de conscience que j’aurais atteint si j’avais moi-même résolu ce que ce mal devait m’apprendre. S’il me laisse dans le même état de conscience après m’avoir retiré mon mal, il me vole l’outil de ma croissance que peut être cette maladie » (Taisha Abelar, Le Passage des sorciers)

Il y a des blessures intimes qui ne cicatrisent jamais. On a beau les enfouir dans un oubli mémoriel, conscient ou non, leur dénier l’évidence de nous avoir construit et nourri en nous une faiblesse passive, voire destructrice, ou au contraire un formidable appétit de vivre, elles continuent de suppurer sans jamais que l’on puisse se défaire de leur attrait méphitique. On y revient sans cesse, poussé par le besoin de comprendre ce qui échappe justement à notre compréhension et nous semble pour cela inacceptable. Ces fantômes que nous avons aimés, avant peut-être de les mépriser, voire de les haïr, hantent nos cimetières intimes.

L’Homme qui peignait les âmes, Metin Arditi (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 04 Octobre 2021. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

L’Homme qui peignait les âmes, juin 2021, 292 pages, 20 € . Ecrivain(s): Metin Arditi Edition: Grasset

Il y a, on le sait, beaucoup à dire sur le rapport des religions aux images. La répugnance invincible de l’islam vis-à-vis de toute représentation figurée de Dieu – et même du corps humain – est trop connue pour qu’on insiste longuement, sauf à dire qu’elle renoue avec l’iconophobie du judaïsme ancien (un élément supplémentaire accréditant l’hypothèse selon laquelle le Coran aurait été composé par des rabbins hérétiques). L’attitude du christianisme est plus complexe, peut-être parce qu’il chercha de bonne heure à se démarquer du judaïsme. La représentation du Christ fut admise très tôt, encouragée par l’existence de reliques sur lesquelles son visage, voire son corps entier, se seraient posés. Comme toujours dans le christianisme, il y a une profonde logique interne et une vertigineuse contradiction : pourquoi se priverait-on de représenter un Dieu qui s’est incarné et avait vécu parmi les hommes ? Dans l’ensemble, le catholicisme est demeuré fidèle à cette tradition, malgré d’épisodiques poussées iconoclastes, même si celles-ci ne disaient pas leur nom (ainsi dans les décennies qui suivirent le second concile du Vatican, marquées par l’alignement sur le protestantisme). La Réforme, précisément, se montra nettement plus réservée (existe-t-il beaucoup de grands tableaux religieux protestants ?). Le christianisme orthodoxe a, pour sa part, pris le chemin inverse, à tel point que, lorsqu’on visite une de ses églises, on ne sait où poser le regard, en particulier quand on s’approche de l’iconostase, qui sépare l’espace profane et l’espace sacré.