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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


Longtemps, j’ai donné raison à Ginger Rogers, Frédéric Vitoux (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 03 Avril 2020. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits

Longtemps, j’ai donné raison à Ginger Rogers, Frédéric Vitoux, janvier 2020, 368 p., 22 euros Edition: Grasset

 

Le titre quelque peu intrigant est issu d’une phrase prononcée, à Central Park et à un inconnu riche et malheureux en ménage, par Ginger Rogers dans le film La Fille de la 5e Avenue (1939), où l’actrice interprète une employée de bureau réduite au chômage : « Peut-être que les gens riches sont juste des gens pauvres avec de l’argent ». Au cours des dix-sept chapitres de son « autobiographie parcellaire », l’académicien Frédéric Vitoux revient sur ses années de jeunesse, au bonheur des étés passés à la villa La Girelle, dans le domaine de La Nartelle, proche de Sainte-Maxime, à son père emprisonné après la guerre à la prison de Clairvaux, pour collaboration avec les forces allemandes, alors qu’il travaillait comme journaliste au Petit Parisien. Un livre écrit en 2000 par Vitoux, L’Ami de mon père, crève l’abcès et a valu à l’auteur nombre d’inimitiés et de sarcasmes.

L’Italie buissonnière, Dominique Fernandez (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 17 Mars 2020. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Voyages

L’Italie buissonnière, janvier 2020, 464 pages, 23 € . Ecrivain(s): Dominique Fernandez Edition: Grasset

 

Dominique Fernandez est sans doute le plus italien des écrivains français, tant par sa connaissance du pays, de sa langue, de ses œuvres d’art que de son Histoire, de ses écrivains et artistes, peintres, sculpteurs, et de ses cinéastes en particulier. Son Dictionnaire amoureux de l’Italie paru en 2008 chez Plon suffirait à le prouver s’il n’y avait chez ce passionné d’art et du partage du génie artistique transalpin, le puissant besoin de toujours aller plus loin dans la découverte, dans l’analyse et dans la volonté de redonner une dimension charnelle, sexuelle, sensuelle aux œuvres connues ou relativement méconnues (ces dernières faisant l’objet de cet essai) qu’un discours de doctes spécialistes a souvent traité de manière pour le moins hypocrite et compassée. L’exercice est d’autant plus réussi et distrayant que l’écrivain est doté d’un humour qui ne s’embarrasse pas de faux-fuyants, qui n’hésite pas à s’attaquer aux tabous de tous types et de toutes époques. La parole est libre, l’esprit est fin et jeune, la capacité à se jouer des interdits reste plus que jamais inaltérée.

Le Consentement, Vanessa Springora (par Mona)

Ecrit par Mona , le Jeudi, 12 Mars 2020. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Le Consentement, Vanessa Springora, janvier 2020, 206 pages, 18 € Edition: Grasset

Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait un livre.

Le « séduisant G », écrivain presque quinquagénaire, est addict (« une forme d’addiction incontrôlable ») aux moins de seize ans, et la jeune fille de 14 ans en mal d’amour a une « soif de junkie qui ne regarde pas à la qualité du produit ». L’histoire de Vanessa Springora peut commencer, « les conditions sont maintenant réunies ». Le début ressemble à une histoire romanesque à souhait : cour assidue, échanges épistolaires sous le signe des liaisons dangereuses, un amant prêt à attendre un an avant de jouir de sa « belle écolière » (« J’ai rencontré G à l’âge de treize ans. Nous sommes devenus amants quand j’en ai eu quatorze »), la présence d’un corbeau. Mais c’est le récit de l’emprise d’un pervers narcissique sur une gamine perdue (« la paumée ») qui nous est contée. Le prologue loue la visée édificatrice des contes de fées : « les contes pour enfants sont source de sagesse… Autant d’avertissements que toute jeune personne ferait bien de suivre à la lettre ». Si, jeune fille, elle a cru à un conte de fées, elle apprend bien vite à ses dépens que « cet homme n’était pas bon. Il était bien ce qu’on apprend à redouter dès l’enfance : un ogre… Le prince charmant a montré son vrai visage ». L’auteure en tire une conclusion générale pour tous les écrivains : « les écrivains sont des gens qui ne gagnent pas toujours à être connus. On aurait tort de croire qu’ils sont comme tout le monde. Ils sont bien pires. Ce sont des vampires ».

Morceaux cassés d’une chose, Oscar Coop-Phane (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 07 Février 2020. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Morceaux cassés d’une chose, Oscar Coop-Phane, janvier 2020, 160 pages, 16€50 Edition: Grasset

 

Rousseau en miettes

 

La vie tombe, se brise, tout s’écroule. Il reste alors les « morceaux cassés » d’un passé, d’une mémoire, d’une existence (cette courte « chose » – l’auteur a trente-deux ans) étalés sur le sol. On pourrait vouloir tout réparer, reconstruire à l’identique, reconstituer dans l’ordre le flot du vécu, lui donner un sens pour se donner un but. Oscar Coop-Phane contemple lui le désastre et pique dans cette « matière romanesque » qu’est la vie selon les bons vouloirs du vent des réminiscences et de là où il porte sa plume. Ainsi, dans ces Morceaux cassés d’une chose, pas de chronologie, les instants de vie semblent écrits comme ils resurgissent à la mémoire. Peu importe l’ordre, tant qu’on a l’ivresse.

Le trésor des humbles de Maurice Maeterlinck : une poésie de l’occulte. (par Sophie Galabru)

Ecrit par Sophie Galabru , le Lundi, 27 Janvier 2020. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Poésie

Le trésor des humbles, Maurice Maeterlinck Edition: Grasset

 

Prix Nobel de littérature 1911, Maeterlinck est notamment l’auteur du Trésor des humbles où il se fait poète de l’occulte. Paru en 1896, l’année de la mort de Verlaine, la prose poétique de Maeterlinck est encore d’un langage symboliste, tout en s’en dégageant déjà. Témoin des énigmes, Maeterlinck lie l’infini et le fini, la mort et le sens, les évènements et leur vérité, notre ignorance et le secret de nos lignes de vie. Poète d’un monde invisible, cet écrivain belge écrit avec une conviction spirituelle : « Nous vivons à côté de notre véritable vie et nous sentons que nos pensées les plus intimes et les plus profondes ne nous regardent pas, que nous sommes autre chose que nos pensées et nos rêves » (p. 47). Nous ne pouvons donc pas comprendre Maeterlinck si nous n'acceptons pas l'idée selon laquelle « c’est par distraction que nous vivons nous mêmes » (ibid). Certain que de nous détenons plus de vérités que nous l’imaginons, l'auteur s’essaye à décrypter la vie souterraine et aérienne de nos âmes ; celle que l'on vit en toute absence à soi.