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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


Le Goût de l’ombre, Georges-Olivier Châteaureynaud

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 31 Mai 2016. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles

Le Goût de l’ombre, février 2016, 192 pages, 16 € . Ecrivain(s): Georges-Olivier Châteaureynaud Edition: Grasset

 

Rares sont les bons auteurs de nouvelles publiés en France, en raison d’une timidité éditoriale envers le genre. Georges-Olivier Châteaureynaud fait exception à la règle, dans une veine que ne renieraient pas les écrivains anglo-saxons (Poe ou James) ni les conteurs latino-américains (Quiroga ou Borges) ni, encore et surtout, les nouvellistes français du XIXe siècle comme Théophile Gautier ou Balzac.

Georges-Olivier Châteaureynaud s’est imposé comme l’un des auteurs contemporains de nouvelles fantastiques les plus féconds. Le goût de l’ombre, recueil de sept nouvelles écrites entre 1993 et 2015, dont la rédaction de certaines s’étend sur plus de dix ans, dans sa maison de Palaiseau-Lozère, font état de la richesse et de la variété de l’imaginaire de l’auteur.

La plupart des nouvelles prennent place dans un contexte réaliste – villes de province où le temps s’écoule paresseusement –, un contexte souvent sombre et un peu terne : modeste entreprise de pompes funèbres, boutique d’antiquités poussiéreuse, restaurant de quartier… Et puis cela décroche : un homme récemment décédé continue à vivre, une momie se met à parler, un chien effrayant se dresse sur la route du narrateur, un homme se sent attiré par la taxidermie humaine des égyptologues.

Le Voyage de Shakespeare, Léon Daudet

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 06 Mai 2016. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le Voyage de Shakespeare, mars 2016, 360 pages, 0 € . Ecrivain(s): Léon Daudet Edition: Grasset

 

Et maintenant, aux querelles ! comme disait Céline. Oui, Léon Daudet (1867-1942) est un infâme antisémite, antidreyfusard de la première heure ; oui aussi, il fut un polémiste rabique pour L’Action Française ; oui encore, il fut admiratif du fascisme italien – mais consterné par la victoire allemande de 1940, lui le patriote antigermanique. Oui à tout cela, et donc oui à une réputation sulfureuse qui pourrait donner envie à certains de le vouer aux gémonies littéraires et à d’autres de le lire pour goûter un bien pauvre vertige. A ceci près que ce serait négliger un véritable talent littéraire, certes plus souvent qu’à son tour mis au service de causes déplorables, mais bel et bien existant – ce n’est pas pour rien que Marcel Proust lui dédie Le Côté de Guermantes.

La preuve avec Le Voyage de Shakespeare (1896), roman éblouissant que réédite en douce Grasset, qui en offre le fac-similé de sa première édition, chez Charpentier et Fasquelle, à l’achat de deux « Cahiers Rouges ». Cette réédition est la bienvenue pour les curieux littéraires, puisque ce roman n’existe plus qu’en bouquinerie, au mieux dans la collection Folio – mais caviardé. Pourquoi ce caviardage ? Parce qu’en plein milieu du récit, Shakespeare pénètre dans le ghetto juif d’Amsterdam et que Daudet se déchaîne sur quelques pages répugnantes dont voici un bref extrait pour faire comprendre :

Mon dîner chez les cannibales et autres chroniques sur le monde d’aujourd’hui. Journal philosophique, Ruwen Ogien

Ecrit par Arnaud Genon , le Samedi, 16 Avril 2016. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Mon dîner chez les cannibales et autres chroniques sur le monde d’aujourd’hui. Journal philosophique, mars 2016, 320 pages, 19 € . Ecrivain(s): Ruwen Ogien Edition: Grasset

 

L’éthique minimale de Ruwen Ogien


Les philosophes sont de plus en plus sollicités – dans la presse, sur les plateaux de télévision, à la radio – pour commenter le monde, le donner à penser, parfois à comprendre. Parmi eux, se distingue Ruwen Ogien qui échappe aux « tendances catastrophistes qui sont devenues dominantes au sein de la philosophie académique et non académique ». Pour autant, il ne succombe en aucun cas aux autres maux des esprits d’aujourd’hui : « l’optimisme béat ». Son journal philosophique, en fait, un recueil d’articles publiés dans divers médias, se penche sur les questions d’actualité qui ont été au cœur des récents débats publics : droits de l’Homme, religion, liberté d’offenser, grossesse pour autrui ou homophobie sont, entre autres nombreux sujets éthiques et politiques, ici abordés.

La figurante, Avraham B. Yehoshua

Ecrit par Anne Morin , le Samedi, 26 Mars 2016. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman

La figurante, février 2016, trad. hébreu Jean-Luc Allouche, 399 pages, 22 € . Ecrivain(s): Avraham B Yehoshua Edition: Grasset

 

Le retour, un retour à l’enfance, une incursion qui paraît anodine, dans le passé… revenir en arrière, c’est aussi pour Noga affronter ses démons : démons familiers – ? – de sa mère, de son frère, de son père mort, de son ex-mari, et fantômes de ce – ceux – qu’elle n’a pas su résoudre.

C’est aussi se mesurer à l’engloutissement d’un monde, d’un pays, d’une ville, grignotés de l’intérieur par les religieux qui colonisent peu à peu, quartier par quartier, la Jérusalem de son enfance et de sa jeunesse.

« – En effet, il donnait sur un magnifique paysage, et avait plusieurs fenêtres. Mais je n’ai aucun doute qu’entre-temps, à cause de la fécondité des habitants et des nouvelles constructions, ce paysage ne doit plus exister. Oui, c’était un appartement très agréable dans un quartier qui, depuis, a changé et est devenu plus noir que le noir, mais, en fait, c’est pareil chez nous… » (p.357).

Le mariage de Pavel, Jean-Pierre Milovanoff

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 12 Mars 2016. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le mariage de Pavel, octobre 2015, 202 pages, 17 € . Ecrivain(s): Jean-Pierre Milovanoff Edition: Grasset

 

Le mariage de Pavel est un roman sur l’exil : ses motivations d’origine, ses conséquences attendues ou imprévues, ses conditions de survenance, ses traces sur les vies des individus un jour ou l’autre concernés par cet acte. Pavel, personnage principal, est un russe blanc ; il a fui à l’âge de quinze ans sa famille et son pays pour échapper à une mort quasi-certaine, lui le jeune bourgeois issu d’une école militaire tsariste et à ce titre « ennemi de classe ». Après avoir traversé l’Ukraine dévastée par la guerre civile, il parvient à Sébastopol, gagne Constantinople et parvient enfin en France, où il devient ingénieur dans les Cévennes. Il y rencontre deux sœurs, Rénata, institutrice, et Odine, danseuse chorégraphe. Il épouse Renata. Un soir d’été, il décrit à son fils Jean-Pierre ce qu’il a ressenti, vraiment, depuis son départ de Russie. Et c’est toute une série d’impressions, de réflexions, de constats que nous livre Pavel, pour arriver à un état des lieux de l’exil presque complet. Ainsi, il examine les conditions de décision, les circonstances qui déclenchent ce choix :

« On doit faire vite quand on vit sous la menace. Il n’y a pas de place pour les tergiversations. Ni pour les regrets. On s’exile par nécessité, souvent dans l’urgence, quelquefois avec enthousiasme ».