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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


Une idée de l’enfer, Philippe Vilain

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 01 Juillet 2015. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Une idée de l’enfer, avril 2015, 162 pages, 16 € . Ecrivain(s): Philippe Vilain Edition: Grasset

 

Une enquête de 2013 de l’Autorité de régulation des jeux en ligne définit le joueur type comme un homme de 36 ans en moyenne, niveau Bac+2, vivant en concubinage, n’ayant pas d’enfant et étant locataire de son logement. Par ailleurs, il dispose, dans 64% des cas, d’un niveau de revenu net mensuel supérieur à 1500 euros et compris entre 1500 euros et 2000 euros dans 22% des cas. Etude à laquelle se réfère Philippe Vilain dans son dernier roman, Une idée de l’enfer, pour camper son héros, Paul Ferrand.

Un homme dévoré par la passion du jeu ou plutôt, pour être plus précis, du pari en ligne sur des événements sportifs. Une véritable addiction qui le conduit à mettre sa vie de couple en péril. Paul Ferrand a un bon job d’informaticien, une compagne amoureuse et pleine de qualités, mais il s’ennuie. La réalité de sa vie petite bourgeoise, le confort sentimental que Sara lui procure ne lui apportent pas la dose d’adrénaline, l’excitation des sens, le besoin viscéral d’incertitude ou a contrario d’omnipotence, que sa nature réclame pour se sentir « exister ».

De la légèreté, Gilles Lipovetsky

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 20 Avril 2015. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

De la légèreté, janvier 2015, 364 pages, 19 € . Ecrivain(s): Gilles Lipovetsky Edition: Grasset

 

Gilles Lipovetsky nous a habitués, depuis L’Ère du vide en 1983, à des analyses plutôt séduisantes à différents titres, analyses pour lesquelles il porte la double casquette de philosophe et de sociologue. Lire Lipovetsky, c’est d’abord faire l’expérience d’une lecture singulière, qui peut offrir de l’emphase servie par une rhétorique tout aussi importante que l’argument. Le plaisir de la lecture est donc tout aussi présent que la précision de l’argument, et quand le tout se met au service d’études des différents aspects du quotidien, on ne peut que saluer la démonstration.

De la légèreté propose une immersion dans un monde animé, selon le philosophe, par une frénésie de vivre tous les aspects de notre quotidien sur le mode de la légèreté. Après L’Ère du vide, L’empire de l’éphémère ou plus récemment L’Occident mondialisé, ce sont des comportements que le « léger, le fluide et le mobile » caractérisent dorénavant que l’auteur analyse. Et le premier paradoxe soulevé est bien le monde matériel dans lequel nous vivons, qui en raison d’une omniprésence matérielle pouvait laisser supposer une imposante lourdeur.

Et tu n’es pas revenu, Marceline Loridan-Ivens

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 24 Mars 2015. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Histoire

Et tu n’es pas revenu, février 2015, co-écrit avec Judith Perrignon, 112 p. 12,90 € . Ecrivain(s): Marceline Loridan-Ivens Edition: Grasset

 

Alors à Drancy, tu savais bien, que rien ne m’échappait de vos airs graves à vous les hommes, rassemblés dans la cour, unis par un murmure, un même pressentiment que les trains s’en allaient vers le grand Est et ces contrées que vous aviez fuies. Je te disais, « Nous travaillerons là-bas, et nous nous retrouverons le dimanche ». Tu m’avais répondu : « Toi tu reviendras peut-être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrai pas ».

Shloïme, Salomon Rozenberg n’est pas revenu d’Auschwitz, sa fille Marceline a échappé à la destruction des juifs d’Europe. Son petit livre est une apostrophe au père perdu et détruit. Adresse au père qui est resté là-bas – il y avait entre nous des champs, des blocs, des miradors, des barbelés, des crématoires, et par-dessus tout, l’insoutenable incertitude de ce que devenait l’autre –, au père qui hante ses jours et ses nuits, au père qu’elle n’a jamais oublié et qu’elle n’oubliera jamais. Et tu n’es pas revenu est le récit d’un deuil impossible, impensable, le récit d’une colère qui ne s’est jamais éteinte, d’un séjour au centre de l’innommable, mais qu’il convient de nommer avec précision comme l’a fait en son temps Claude Lanzmann dans Shoah.

Big daddy, Chahdortt Djavann

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 13 Mars 2015. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Big daddy, février 2015, 288 pages, 18 € . Ecrivain(s): Chahdortt Djavann Edition: Grasset

 

« Lorsque Big daddy m’a demandé ce que je voulais faire dans la vie, avec mon air le plus déterminé, je lui ai répondu : “Je veux entrer dans l’histoire”. Il a éclaté de rire et a posé la main sur ma tête : “C’est bien mon petit, c’est bien. Tu es digne d’être mon fils”. Je n’en croyais pas mes oreilles. “Ça te dit d’être mon fils, hein, ça te dit ?” – Oui, monsieur ai-je osé articuler ».

Ainsi débute Big daddy, le dernier roman de l’écrivain d’origine iranienne Chahdortt Djavann qui alterne romans, par exemple La Muette (Flammarion, 2008), pamphlets comme Bas les voiles ! (Gallimard, 2003), et essais, Ne négociez pas avec le régime iranien (Flammarion, 2009).

L’action se déroule aux États-Unis, dans l’Amérique profonde. Rody, un gamin latino-américain de treize ans, est condamné à perpétuité sans possibilité de liberté conditionnelle pour un triple assassinat. Son avocate commise d’office, Nikki Hamilton, va nouer avec lui une relation privilégiée qui va durer une dizaine d’années.

Kif, Laurent Chalumeau

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 06 Décembre 2014. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Kif, octobre 2014, 457 pages, 22 € . Ecrivain(s): Laurent Chalumeau Edition: Grasset

 

Certains parleront, après avoir lu ce roman, de langue littéraire évoluée, ou pour le moins évolutive. D’autres y verront d’intolérables, de scandaleuses atteintes à la « belle » langue française.

Kif n’échappera ni à l’une ni à l’autre de ces critiques.

Mais le lecteur qui ouvre un livre avec l’espoir d’y vivre quelques heures de pur plaisir aimera l’audace linguistique de l’auteur et la contextualisation réaliste que le langage utilisé procure à l’histoire.

L’histoire, c’est celle de petits malfaiteurs dont la nullité opératoire n’a d’égale que leur absence de scrupules et la médiocrité de leurs ambitions délictuelles. On croit revoir Les Pieds Nickelés. On a des réminiscences de San Antonio. On est dans le registre de la cinématographie du genre « Faut pas prendre les oiseaux du bon Dieu pour des canards sauvages ». Bref, on se marre.