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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


Le peintre abandonné, Dominique Fernandez (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 13 Mai 2019. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le peintre abandonné, février 2019, 256 pages, 19 € . Ecrivain(s): Dominique Fernandez Edition: Grasset

 

Centième livre de l’académicien français depuis ses débuts littéraires en 1958, ce roman tout entier axé sur le peintre Picasso s’ajoute à une nombreuse liste de récits, d’essais, d’études et de romans. Spécialiste de la littérature italienne qu’il a moult fois traduite (Pavese, Pasolini, Penna, etc.), du baroque, de la Sicile (qu’il considère comme la part la plus authentique de l’Italie), Dominique Fernandez, en ce vingt-cinquième roman, s’insinue dans la vie intime du grand peintre né à Malaga et qui, après dix années de bonheur sans ombre, se voit quitté par Françoise Gilot, jeune peintre, mère de deux enfants. Le peintre, macho dans l’âme, qui déclarait « On ne quitte pas Picasso », se trouve là trahi, amoindri. Il n’est plus que l’ombre dérisoire de lui-même, et s’il trouve refuge auprès d’amis à Perpignan, il a bien du mal à trouver les moyens de faire l’impasse sur ce qui lui arrive. Il est là, entouré de son fils Paulo (autrefois appelé Pablo), fils d’Olga la Russe, de ses hôtes Paul et Aimée, de l’oncle Alphonse, inénarrable biographe du Cubiste, l’amie d’Aimée, Totote ; et l’abandonné, quand il ne fustige pas ses contemporains artistes (Matisse, Derain, ceux de Collioure), jette toute la peinture italienne à la casse, s’amuse à vitrioler les meilleures réputations, à inventer des histoires de l’art à chaque monument visité avec ses amis.

Marie-Claire, Marguerite Audoux (par Nathalie de Courson)

Ecrit par Nathalie de Courson , le Mercredi, 17 Avril 2019. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Marie-Claire, 190 pages, 8 € . Ecrivain(s): Marguerite Audoux Edition: Grasset

 

La carrière littéraire de Marguerite Audoux tient de la légende : cette couturière de Montparnasse, pauvre et mal voyante, fut découverte au début du siècle dernier par Charles-Louis Philippe et ses amis de la NRF. Son roman Marie-Claire, publié aux éditions Fasquelle avec une préface d’Octave Mirbeau, obtint le prix Femina en 1910.

Mais que sait-on de ce roman ? « Une enfance de bergère orpheline, en Sologne, au début de la IIIème République… », dit en 2005 la quatrième de couverture de l’édition Grasset. « Un roman social », dit en 2019 l’éditeur jeunesse Talents hauts, qui prend l’originale initiative de l’intégrer à sa collection Les Plumées, pour offrir aux adolescents les chefs-d’œuvre de « la littérature du matrimoine ».

Marie-Claire est un roman autobiographique, un roman d’apprentissage, un roman social « de la vie des pauvres », disait Charles-Louis Philippe, un roman « du matrimoine », mais il est plus que tout cela : il possède une justesse de ton qui lui confère, de la première à la dernière page, une qualité littéraire exceptionnelle.

Émerveillements, Sandrine Kao (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 09 Avril 2019. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse, Albums

Émerveillements, mars 2019, 40 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Sandrine Kao Edition: Grasset

 

 

L’album jeunesse composé par Sandrine Kao, d’origine taïwanaise, née en 1984, illustratrice et auteure de plusieurs romans et ouvrages d’art, s’offre à nous orné d’une couverture veloutée, au titre en lettres en surimpression, en relief. Sa réalisation est conçue de façon géométrique – un rappel d’idéogrammes avec quelques signes autour d’un sommet, probablement celui du Mont Fuji, dans des cases en forme d’écrans. Les couleurs et nuances pastel sont quelquefois mangées par le noir sidéral, la couleur d’encre. L’ère du minuscule alterne avec des indices infimes et pourtant visibles : le blanc de la neige, le rose des pétales de fleurs de cerisier et de pêcher et le vert du printemps. En dehors des éléments végétaux et de la vastitude du ciel, il y a la germination de la graine, l’éclosion délicate de quelques fleurs ou fruits.

La nuit se lève, Elisabeth Quin (par Marianne Braux)

Ecrit par Marianne Braux , le Vendredi, 22 Mars 2019. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

La nuit se lève, Elisabeth Quin, Grasset, janvier 2019, 144 pages, 15 € . Ecrivain(s): Elisabeth Quin Edition: Grasset

 

La nuit se lève sur le monde d’Elisabeth Quin. Atteinte d’un glaucome depuis plusieurs années, la journaliste et écrivaine raconte dans cet émouvant récit au titre évocateur ses peurs, son parcours du combattant avec les médecins et ses espoirs, le tout parsemé de citations issus d’ouvrages touchant à la cécité, de textes d’auteurs et de mythes antiques. Le résultat est poignant. L’écrivaine ne semble pas avoir cherché à faire un beau livre ; la langue est directe et personnelle, proche du journal intime, comme l’est le rythme qui fait entendre son souffle, à la fois inquiet et déterminé, paragraphe après paragraphe. Y est tenue la promesse que l’auteure s’était faite : écrire en se mettant à nu.

Présent et futur irriguent principalement le récit. Peu de souvenirs d’enfances, peu d’images dans lesquelles Quin chercherait à donner rétrospectivement un sens à son existence à l’aune de la maladie. La nuit se lève n’est pas la confession nostalgique d’une personne accrochée au passé. Beaucoup de descriptions en revanche, et de questions, à propos du quotidien qu’il lui faut d’ores et déjà réinventer et qu’elle ne peut s’empêcher d’anticiper, lorsqu’il deviendra vraiment difficile : comment prendre une douche ? Pourra-t-elle encore nager ? Comment une aveugle s’envisage-t-elle jour après jour, sans reflet ? Aura-t-elle encore du désir pour l’homme qu’elle aime et qu’elle ne pourra plus voir ?

L’enfant d’Ingolstadt, Dernier Royaume, Tome X, Pascal Quignard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 02 Novembre 2018. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Histoire

L’enfant d’Ingolstadt, Dernier Royaume, Tome X, septembre 2018, 288 pages, 20 € . Ecrivain(s): Pascal Quignard Edition: Grasset

 

« C’est ainsi qu’il faut débuter les chapitres dans les histoires qu’on note : très vite. Comme d’un jet. Comme la première des lettres. Comme un taureau qui fonce.

Avançant le pied gauche dans le jour et le monde, pied droit scellé pour toujours dans la porte d’Eden ».

L’enfant d’Ingolstadt est la nouvelle suite d’une odyssée savante, goûteuse, troublante, inspirée, le nouvel opus d’une encyclopédie unique, et vibrante comme une pièce musicale de Marin Marais. Il y a seize ans, Pascal Quignard, nous offrait le premier acte de cette fresque littéraire, musicale, et historique, à la langue inspirée : Je ne cherche que les pensées qui tremblent.

Aujourd’hui, tel un augure, il découpe à l’aide de sa plume sacrée, un rectangle dans ce Royaume où se mêlent la Grèce, la Chine, des musiciens, des peintres, les rêves, et le faux et son attrait : Comme l’eau écrase le plongeur qui a gagné le fond de l’océan, le silence écrase l’homme tandis qu’il est en train de regarder ce qui le sidère.