Identification

Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


Un bon fils, Pascal Bruckner

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 12 Mai 2014. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Un bon fils, février 2014, 250 pages, 18 € . Ecrivain(s): Pascal Bruckner Edition: Grasset

 

« On appartient au monde qu’on a fait, pas à celui d’où on vient ».

Depuis quelque temps – il en fallait, du temps ! – les publications prolifèrent, ainsi que les témoignages-coups de poing, sur ces enfants de collaborateurs déclarés ; ceux qui se sont « mangé » le père facho, le traîneur des rues de Sigmaringen, l’antisémite bien marqué à la Céline – le talent en moins, souvent. On a lu Marie Chaix et ses Lauriers du lac de constance, plus récemment ce Gérard Garouste sorti de ses chefs d’œuvre tourmentés pour décliner dans L’intranquille son insupportable paternel, qui le traitera d’« enjuivé ».

Ils ont eu la totale, les gamins, et plus tard, les adultes issus de là : ces pères ; la violence conjugale, le plus souvent, à la hauteur d’une haine des autres jamais assouvie ; le prosélytisme féroce en guise d’instruction civique, et ces Juifs emportés jusqu’au bout de leur vie ; boucs-émissaires dont le noir, comme on dirait de la lumière stellaire, brilla au-delà même de leur propre mort… Il est des enfers dont on sort, ô combien plus difficilement que le grandir de tout un chacun – disent tous ces échappés, Pascal Bruckner en remarquable porte-drapeau :

Dans la vie noire et blanche de Robert Mapplethorpe, Judith Benhamou-Huet

Ecrit par Arnaud Genon , le Mercredi, 07 Mai 2014. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits

Dans la vie noire et blanche de Robert Mapplethorpe, mars 2014, 216 pages, 17 € . Ecrivain(s): Judith Benhamou-Huet Edition: Grasset

 

Sur les traces de Robert Mapplethorpe

Ceux qui le connaissent gardent de Robert Mapplethorpe plusieurs images. Tout d’abord, celle du photographe de génie qui marqua la scène artistique new-yorkaise dans les années 70 et 80. Ensuite celle du provocateur, avec ses photos homo érotique ou même plus crues, « scandaleuses », taxées par beaucoup de pornographiques et révélatrices d’un « art dévergondé » selon l’Amérique puritaine. Enfin, celle d’un homme malade, ravagé par le sida – dont il meurt le 9 mars 1989 – qui figea lui-même son visage de mourant dans une photo devenue célèbre : « Ombre livide dans un halo noir. Au premier plan une main solide tient une canne dont le pommeau est une tête de mort sculptée dans le bois ».

Dans ce récit biographique, Judith Benhamou-Huet souhaite explorer les différentes facettes du photographe et a interrogé, pour y parvenir, une quarantaine de personnes parmi lesquels Pierre Bergé, Bob Calacello, Bettina Rheims ou Michael Stout.

Vivre à présent, Nadine Gordimer

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 07 Mars 2014. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman

Vivre à présent, traduit de l’Anglais (Af. Sud) par David Fauquemberg, octobre 2013, 478 p. 22 € . Ecrivain(s): Nadine Gordimer Edition: Grasset

 

Être sud-africain post apartheid


Steve et Jabulie forment un couple mixte dans l’Afrique du Sud post Apartheid. Anciens activistes anti-Apartheid, ils mènent à présent une vie heureuse dans une banlieue sans histoire. Grâce au Black Empowerment, Jabulie accède à des postes à responsabilités tandis que Steve revêt la toge des professeurs d’université. Tous deux jouissent d’une vie de la classe moyenne plus dans un pays en mutation.

« Jabu, dans ses relations avec les camarades ex-combattants et sa carrière professionnelle, à la fois prestigieuse et selon toutes probabilités, prospère, dans un avenir plus ou moins proche, sans cesser d’être consacrée à la justice contre le passé et à celle du présent, a été la première à incarner quelque chose comme une réalisation de la politique du Black Empowerment, la promotion économique des noirs, même si cela ne touche que la classe vivant dans la Banlieue ».

Ma vie et autres trahisons, Roland Jaccard

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 22 Novembre 2013. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Ma vie et autres trahisons, janvier 2013, 195 pages, 16 € . Ecrivain(s): Roland Jaccard Edition: Grasset

 

Roland Jaccard donne prise dans Ma vie et autres trahisons à cette « [j]ubilation du mal-penser » qu’il évoque dans Sexe et sarcasmes (Presses universitaires de France, collection Perspectives critiques, 2009). Ce mal-penser dont il tète le sein avec délectation.

Il fait montre, à chaque page, du plus constant cynisme, et s’en défend de cette manière : « Nous ne disposons que d’une arme pour nous tirer d’embarras : le cynisme. Provisoirement, tout au moins ».

Protection, en somme. Carapace. Qui dissimule mal les traits d’un « romantique », comme le prouve ce passage : « Plus rien n’importait maintenant que la douceur complice de nos étreintes. […] [J]’éprouvais un tel bonheur à avoir une fois encore, et peut-être pour la dernière fois, perçu à travers les vibrations de son corps l’offrande de son âme […] ».

Mais le cynisme est aussi une façon de présenter la vérité telle qu’elle est, sans fard. Et cette mise à nu du réel, de ses chairs, cette lacération de ses jupons n’interdit pas une certaine délicatesse, qui se fait montre jusque dans le style de Jaccard. Car, comme le confiait Hervé Guibert sur le plateau d’Apostrophes, face à Bernard Pivot, « [i]l y a des effets de délicatesse dans la vérité, si cruelle soit-elle ».

La belle, Mathieu Terence

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 15 Novembre 2013. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La belle, février 2013, 105 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Mathieu Terence Edition: Grasset

 

Mathieu Terence s’attache, dans le beau récit La belle (qui entretient de secrètes et plus apparentes liaisons avec son Petit éloge de la joie), à rendre compte de la façon dont il a cherché à « élucider la vie par les mots ».

Sans jamais distraire la vie, dans sa beauté, de son cours. De son élan. Musical élan.

En somme, écrire non pour seulement épouser les frémissements de la vie, mais pour, en en épousant les détails (jusque dans l’impalpable), et les inflexions sonores (jusque dans l’inaudible), parvenir à les vivre, à les vivre tels qu’ils sont, dans leur force, leur évidence. Leur mystère, aussi.

« La vie prodigue à chaque instant le miracle qui la prodigue ».

D’où les voyages, incessants, sur le dos desquels l’homme et la femme doivent se hisser – c’est la « leçon » de Terence –, pour pouvoir voir sans ciller l’horizon qu’ils portent en eux. Et dont ils ne prennent jamais soin avec suffisamment d’ardeur et de douceur mêlées.