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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Ponce Pilate, Roger Caillois

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 16 Septembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Histoire

Ponce Pilate, Roger Caillois, novembre 2015, 128 pages, 6,90 € . Ecrivain(s): Roger Caillois Edition: Gallimard

 

Roger Caillois (1913-1978) fut surréaliste, puis, une vingtaine d’années plus tard, membre de l’OuLiPo, à l’image d’un certain Raymond Queneau, par exemple. Il fut aussi éditeur de littérature sud-américaine, de retour d’exil en 1945, et permit à ce titre au public francophone de se frotter à l’œuvre protéiforme et réjouissante pour l’esprit d’un Jorge Luis Borges. Avec pareil curriculum vitae, nul ne s’étonnera qu’il ait écrit lui-même des œuvres joueues, au premier rang desquelles le présent récit, Ponce Pilate (1961), dont la dimension ludique vient de ce qu’il appartient à un genre qui, pour sérieux et sérieusement traité qu’il soit, n’en relève pas moins d’un enfantin « et si… » ludique : l’uchronie. Calqué sur le mot « utopie », ce mot désigne des récits où l’on rejoue l’Histoire, où on la réécrit à partir d’un point nodal. Ainsi parmi les plus célèbres, on en compte deux au moins imaginant l’Histoire si l’Allemagne nazie, et l’Axe en général, l’avait emporté : Le Maître du Haut Château, de Philip K. Dick, et Fatherland, de Robert Harris ; Norman Spinrad, pour sa part, imagine un Hitler émigré vers les Etats-Unis et devenu auteur de science-fiction aux thématiques douteuses, dans Rêve de Fer.

Nos lieux communs, Chloé Thomas

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 08 Septembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Nos lieux communs, août 2016, 173 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Chloé Thomas Edition: Gallimard

La croyance à la révolution est-elle risible et naturellement hors de propos ? Chloé Thomas, dans son premier roman, s’attache à radiographier l’histoire de Bernard et Marie, étudiants dans les années soixante-dix, partis rejoindre les ouvriers en usine. Leur fils, Pierre, élevé solitairement par Bernard que sa compagne a quitté, tente avec l’aide de Jeanne, son amie, de reconstituer l’itinéraire de ce couple, mal placé dans l’histoire, arrivant toujours après les grandes batailles déjà livrées par d’autres générations ou perdues d’avance. Il faut constater que l’auteur n’éprouve guère d’empathie à l’égard des engagements politiques et convictions de ses personnages. Ils sont dépeints comme des êtres inauthentiques, dont les choix tombent, forcément, à plat :

« Au moins, avec le temps, avaient-ils donc appris, les autres, à ne pas s’émouvoir de la beauté supposée du geste ouvrier, des grandes mains puissantes et couturées. Leur propos n’est plus esthétique. Peut-être est-ce cela, la recherche du beau et ce goût du lyrique, qui les avait perdus, eux. C’était pourtant de leur âge ».

On attend tout au long du récit un soupçon de sympathie, de tendresse, pour ce couple d’adolescents en retard d’une époque, en recherche d’une révolution introuvable. Il ne vient jamais, et c’est un véritable réquisitoire qui s’abat sur eux :

Crue, Philippe Forest

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 02 Septembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Crue, août 2016, 272 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Philippe Forest Edition: Gallimard

 

« Quoi qu’on perde, on a le sentiment étrange d’avoir tout perdu avec l’être ou l’objet qui disparaît »

D’un roman à l’autre, Philippe Forest écrit le deuil. Chaque livre est une page qui tente de reconstruire une présence, celle du petit être parti trop tôt, quatre ans, sa fille, oui, et chaque page ne comblera jamais le manque.

« Ce fut comme une épidémie » nous dit l’incipit de Crue, le dernier roman de Philippe Forest. Ce fut comme une épidémie, un rapport et non un roman, une sorte de récit baroque, qu’il a voulu cette fois pour énoncer un mal qui se répand parmi les hommes, conséquent à la disparition des êtres, pour lequel ils n’auront jamais aucun médicament, un véritable fléau, « fatal à certains ». Pas pour tous. Un fléau qui nous engloutit tous, et que sans doute personne sauf lui n’en voit rien…

Il y eut pourtant tant de signes…

Il n’est pas un hasard si un jour il prend conscience qu’il a choisi cette ville, ce quartier, une cité fantôme, parce qu’au fond, si on y réfléchit c’est toujours chez des morts que l’on vit, des gens qui disparaissent et qui laissent leur place à d’autres…

Et j’ai su que ce trésor était pour moi, Jean-Marie Laclavetine

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 02 Septembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Et j’ai su que ce trésor était pour moi, janvier 2016, 288 pages, 19 € . Ecrivain(s): Jean-Marie Laclavetine Edition: Gallimard

 

« Le jour où l’un de nous arrive sans une histoire à raconter, l’autre est tenu de le quitter sur-le-champ, sans explication, sans regret, sans retour. D’accord ? »

 

Et j’ai su que ce trésor était pour moi, paru cette année chez Gallimard, est un roman sur le sentiment amoureux qui se raconte des histoires comme pour alimenter à chaque instant le feu d’un amour clandestin, contrarié par les mensonges, les silences, d’un amour physique dévorant l’autre, comme une évidence, mais aussi d’un amour sur et par la littérature.

Comme si la fiction avait ouvert les grilles des cages, du mur de l’enceinte pour mieux émerger, « ivres de mots, sans les draps qui étaient le camp de base », de belles histoires. L’histoire d’une rencontre dans les plis de la guérison, dans le lit de la vie. Certes, vivant en amoureux de passage, il y en eût des étoiles filantes, les « vrais décevants », les magnifiques, les transparents suffocant dans la vaste mer de l’oubli, qui certains soirs dans son cortège d’ombres « donne la nausée avec ses balancements incessants, son écume noire, ses phosphorescences glauques ».

L’art et la formule, Jean-Yves Pouilloux

Ecrit par Frédéric Aribit , le Jeudi, 01 Septembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

L’art et la formule, juin 2016, 196 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jean-Yves Pouilloux Edition: Gallimard

 

Paru dans la collection L’Infini dirigée par Philippe Sollers, le nouvel essai de Jean-Yves Pouilloux rassemble une douzaine d’études consacrées à des œuvres pour le moins disparates. De Montaigne à Michon, de Proust à Hollan, Queneau, Paulhan, Bouvier, Jourdan… écrivains et peintres s’y côtoient, et entretiennent un passionnant dialogue qui fait fi des moyens d’expression, des genres et des siècles.

Mais loin d’être fortuite, cette accointance révèle en réalité, chevillée au corps, une conviction de l’essayiste. C’est que ces œuvres, par-delà leur hétérogénéité, sont mues par une préoccupation analogue : celle d’ouvrir à la pleine perception du monde dans l’instant du présent vécu. Ambitieux projet auquel il arrive que l’art ne renonce pas, pour peu que l’artiste sache s’abandonner à la sollicitation sensuelle qui lui livre accès à l’immédiateté de l’être dans la pleine richesse de la mémoire et de l’expérience : « l’instantané, contrairement au sentiment, à l’idée que nous nous en formons facilement, contient en réalité toute l’épaisseur du temps ; il enclot au moins en puissance tout son déploiement » (p.34).