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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Le mariage de plaisir, Tahar Ben Jelloun

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 30 Juin 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le mariage de plaisir, janvier 2016, 261 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Tahar Ben Jelloun Edition: Gallimard

 

Roman en forme de saga familiale sur trois générations, sur environ soixante-dix ans (des années 40 à nos jours, ce qui coïncide avec la vie de l’auteur, de sa naissance jusqu’au temps de l’écriture du récit), et sur trois lieux principaux (Fès, Dakar, Tanger) avec plusieurs parcours narratifs itinérants entre le Maroc et le Sénégal. C’est dire l’importance de la dimension spatio-temporelle de la narration.

Le récit, en tiroir, est attribué à un conteur, un hlaïqya, lui-même annoncé, dès la première phrase du livre, par la formule traditionnelle du conte.

« Il y avait une fois, dans la ville de Fès, un conteur qui ne ressemblait à personne. Il s’appelait Goha… »

La formule réapparaît, redondante, lorsque Goha entame le récit qui constitue le corps du roman :

« Il était donc une fois, dans la ville de Fès, un petit garçon prénommé Amir, né dans une famille de commerçants dont on disait qu’ils étaient descendants du prophète ».

Les oiseaux de Christophe Colomb, Adrien Goetz

, le Jeudi, 30 Juin 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les oiseaux de Christophe Colomb, mai 2016, 96 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): Adrien Goetz Edition: Gallimard

Rêveuse, seule et un peu perdue dans un jardin au bord de la Seine, parce qu’elle vient des Asturies, Alina, qui à treize ans offre « un mélange d’Alice au pays des merveilles et de Zazie dans le métro », s’intéresse à Christophe Colomb. Comme lui, elle découvre, pour son premier trimestre d’élève de troisième, ce Paris de chez sa tante. Heureusement, à deux pas, entre les arbres et les immeubles, à l’ombre de la tour Eiffel, tel « un navire voguant dans les buissons », se trouve le musée du Quai Branly. Dans ses flancs, les peuples du monde dialoguent. Ce qui ne devait être qu’une visite, pour préparer un exposé, devient un voyage initiatique. Mais sur ce schéma que livre peu ou prou la quatrième de couverture, je tairai ici le coup de théâtre qui clôt ce beau conte. Le lecteur au demeurant ne fait pas que découvrir un secret. Il traverse un monde, toute la saveur de l’ouvrage.

La tante d’Alina est architecte. À ce titre, elle « démolit avec rage […] Faire une jolie maquette pour berner le client, tu sais, c’est un métier ». Sur ce même registre, Alina s’entend dire que Colomb est « un menteur […] qui avait ramené des “indigènes” avec lui comme s’ils étaient des perroquets ». Elle va découvrir l’importance de la chambre de photographie, le « pavillon des Sessions que les conservateurs, qui n’en voulaient pas, avaient rebaptisé le “pavillons des concessions” » avec son atmosphère de centrale nucléaire, alors que le musée offre la paix d’une grande maison. La saveur est partout.

Tout a une fin, Drieu, Gérard Guégan (Critique 2)

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 20 Juin 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Tout a une fin, Drieu, mai 2016, 131 pages, 10 € . Ecrivain(s): Gérard Guégan Edition: Gallimard

 

« Rappelle-toi avant-hier. Rappelle-toi ta rencontre dans le parc Monceau avec ce journaliste de Je suis partout passé à la Résistance du jour où les chars de Leclerc ont franchi la porte d’Orléans.

Tu as pourtant cru que ça y était

Le regard qu’il ta jeté valait une salve ».

Tout à une fin, Drieu est un livre qui claque comme une salve d’arme automatique, une fable qui vous saisit comme un regard d’acier, et vous fige comme un uppercut. Ce pourrait être les derniers jours de l’auteur de Gilles, de Feu Follet, mais aussi d’Une femme à sa fenêtre, ces romans d’une génération et de quelques essais pamphlétaires dont il ne reste qu’un vague souvenir. Drieu face à son double, ce narrateur, qui ne lui pardonne rien, qui le suit comme son ombre, l’interpelle, le questionne, l’invite au souvenir, à ces zones d’ombres anciennes ou plus récentes, à la guerre comme à la collaboration. Mais Drieu est autre, plus complexe, sa palette de noirs s’invite lumineusement dans ce petit livre racé qui s’ouvre sur cet homme pressé que le destin va rattraper.

Tout a une fin, Drieu, Gérard Guégan

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 17 Juin 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Contes

Tout a une fin, Drieu, mai 2016, 131 pages, 10 € . Ecrivain(s): Gérard Guégan Edition: Gallimard

Ce n’est pas une biographie de Drieu la Rochelle que nous livre Gérard Guégan. Non, dans ce livre où apparaît sur la couverture le mot « fable » en-dessous du titre, c’est une apostrophe adressée à l’écrivain, dont les passages en italique peuvent refléter les différents états de conscience de Drieu, ou ceux du rédacteur de la fable, lui-même. L’ouvrage se focalise plus spécialement sur la période 1944-1945. Il débute au moment qui suit la première tentative de suicide de l’écrivain, survenue en août 1944, au luminal. L’ouvrage de Gérard Guégan tente d’éclairer l’attitude de Drieu, face au fascisme, au communisme, à la littérature, et il y parvient en confrontant l’écrivain avec des personnages issus de la Résistance, qui procèdent à son interrogatoire, avant sa mise à mort, que Drieu croit inévitable en raison des circonstances.

C’est le choix, entre fascisme et communisme, qui suscite les propos les plus significatifs, on sait que Drieu a longtemps hésité entre ces idéologies avant de basculer au mitan des années Trente, vers le fascisme : « C’est bien là la faiblesse des fascistes. Il leur faut constamment dialoguer avec d’imaginaires forces invisibles. (…) Tout autres sont les communistes de chez Staline qui dédaignent l’abstraction, qui honnissent le mysticisme. Avec eux, un innocent doit se déclarer coupable dans le seul but d’innocenter le tribunal qui va le rayer de l’histoire ».

Le plus et le moins, Erri De Luca

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 11 Juin 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits, Italie

Le plus et le moins, mai 2016, trad. italien Danièle Valin, 208 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Erri de Luca Edition: Gallimard

Chez De Luca, l’ancrage dans la réalité napolitaine ou ouvrière ou encore alpine est au cœur de nombre de ses ouvrages. Naples, comme Montedidio (honoré du Prix Médicis étranger 2002) ou Le jour avant le bonheur, l’ont montré avec brio et inventivité. L’alpiniste accompli a trouvé moyen d’illustrer l’univers de sa passion par le biais de la fable dans Le poids du papillon.

Depuis, des recueils de nouvelles ou de récits ont accompagné les soubresauts de la vie du Napolitain, finalement relaxé dans un sombre fait divers, d’où il est sorti grandi et prompt à affronter d’autres combats, plus intérieurs sans doute, comme le révèle le dernier opus, ensemble de 37 récits, suivis de trois poèmes, au titre singulier – qui en éclaire la portée, disons, hautement morale, Le plus et le moins.

Entre récits autobiographiques et autres histoires à portée symbolique, l’auteur napolitain, né en 1950, ayant longuement vécu au sceau des réalités parfois très sombres de son parcours, sent l’intense désir d’évoquer, en pages réalistes, nourries d’expériences diverses, ce que fut un certain passé. Passé lointain de l’enfance comme événements plus récents liés aux faits de mai 68, d’un passage douloureux dans la France de 1982. Sans oublier le passé tout proche, lorsque sa mère, ainsi, dut remplacer sa carte d’identité. Chez De Luca, l’intime, le noyau familial rejoint sans cesse les préoccupations communautaires et/ou collectives de la cité.