Voilà ce que c’est : lire un livre d’un auteur qu’on connaît, de ci, de là, mais pas à fond ; on voit le nom, et la gueule, plus que l’œuvre ; une traînée lumineuse, de néon médiatique. On en attend un peu tout, sans savoir au juste quoi…
Mais, pourtant, Vengeances en 2011, et évidemment, 37°2 le matin de 85 !! des trouées qu’on n’est pas prêt d’oublier ; de grands coups de bleu électrique dans la pile de livres…
Alors, on entre en lecture à petites bouchées silencieuses ; on hume – ça ne peut qu’être là derrière ! Ce parfum un peu synthétique (fraise Tagada, en meilleur) ; ces couleurs criardes à la californienne, ce climat de thriller américain transféré, mine de rien, sur un sable atlantique bien de chez nous… on renifle, et, oh !! ça ne vient pas, c’est comme éventé ! Philippe ! Il est passé où, votre univers ?
Et bien, non, ce Oh… (on aura remarqué que ce n’est pas : oh !!!) ne fait pas partie du troupeau familier des bouquins du bonhomme. Il s’est comme échappé, ailleurs. Du coup, on lit çà et là, quelques bémols navrés : bien tiède, ce Djian, bien mollasson, bien plus cuit – mitonné, même, parfois un peu rance, que le cru auquel il nous habituait… du sexe, certes, mais… de cette tristesse existentielle et bourgeoise dont il a souvent fait son ragoût, mais… du sang – un peu – une violence, au bout, plus française qu’américaine… du Chabrol, peut-être, plus que le film noir d’outre atlantique.