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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Sur les chemins noirs, Sylvain Tesson

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 25 Novembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Voyages

Sur les chemins noirs, octobre 2016, 144 pages, 15 € Edition: Gallimard

 

A la lueur des « chemins noirs »

Sylvain Tesson nous avait habitués jusqu’ici aux grands dépaysements, aux échappées au cœur des Steppes (Carnets de Steppes, Glénat, 2002), aux voyages solitaires Dans les forêts de Sibérie (Gallimard, 2011). Dans Berezina (Guérin, 2015), il relatait le voyage qu’il fit en side-car avec des amis, sur les traces de la Grande Armée, de Moscou aux Invalides pour commémorer de manière singulière le bicentenaire de la retraite de Russie. Mais voilà, en mai 2014, l’écrivain baroudeur perd sa mère puis, trois mois plus tard, il chute lourdement alors qu’il escalade la façade de la maison d’un ami, à Chamonix. Ses côtes, ses vertèbres et son crâne sont brisés. « Revenu à la vie », puis de longues semaines « corseté dans un lit », il décide alors de traverser la France à pied, du sud-est du pays au nord du Cotentin. Mais pas n’importe comment : en empruntant ces « chemins noirs » – petites lignes que l’on distingue péniblement sur les cartes IGN au 25000e – « réseau de chemins campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vides ».

La passion des écrivains, Rencontres & portraits, Josyane Savigneau

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Lundi, 14 Novembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

La passion des écrivains, Rencontres & portraits, octobre 2016, 264 pages, 21 € . Ecrivain(s): Josyane Savigneau Edition: Gallimard

Josyane Savigneau, dont on a lu dans les années 1990 et 2000 tant et tant de critiques littéraires dans Le Monde des Livres, publie ici une sélection de ses portraits d’écrivains parus dans ce journal, dont elle fut l’une des plumes. De fait, il s’agit plutôt d’une promenade amicale et empreinte d’admiration auprès d’écrivains et d’éditeurs, d’une femme de théâtre et d’un marchand d’art également, côtoyés, admirés ou chéris, tous respectés à un titre ou à un autre, du moins au moment où les articles ont été écrits, car Josyane Savigneau rappelle de temps à autre que « la vie n’est pas morale ».

Parmi ce florilège de personnalités littéraires, on trouve Patricia Highsmith, William Styron, Françoise Giroud, Salman Rushdie, Toni Morrison, Guy Schoeller, Jean d’Ormesson, Edmonde Charles-Roux, Jérôme Lindon, Claude Durand, Pierre Bergé, Françoise Sagan, Doris Lessing, Simone de Beauvoir, Régine Deforges, Joyce Carol Oates – des auteurs français ou anglophones, beaucoup d’auteures féministes, des éditeurs qui ont compté dans le paysage éditorial français. Les rencontres et portraits interviennent souvent à la fin de la vie des auteurs, ce qui rend les textes d’autant plus riches, plus essentiels.

Gestuaire, Sylvie Kandé

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 04 Novembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, La rentrée littéraire

Gestuaire, octobre 2016, 112 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Sylvie Kandé Edition: Gallimard

 

A l’inverse de son long poème en prose Lagon, Lagunes (Gallimard, 2000), très marqué par le lyrisme à la Césaire, Gestuaire se dégage de toute pesanteur culturelle. Une charge d’inconnu est exposée à l’arrachement – qui se dessine à travers l’incantation, le soliloque poétique qui affirme et nie à la fois. On en retient le souffle coupé qui pourtant garde la force d’expirer l’énigme là où la nuit tente de tout recouvrir.

L’écriture illustre d’ailleurs cette lutte, comme s’il s’agissait là d’un geste désespéré accolé à sa résistance dans ce qui tient du mouvement qui déplace insensiblement des terres vierges vers le paradoxal désert occidental du présent. Sylvie Kandé fait éclater les masques du « je » pour qu’il s’affirme à l’aune d’un passé et de ses peaux dont elle arrache la fixité, l’opacité de leur règne énigmatique.

Le dedans se fraye une issue – sans propension autobiographique si ce n’est de manière allusive – à travers les fissures d’une litanie qui de reprises en reprises s’incruste dans la chair et rebondit sur la peau en de longues vibrations de lumière, comme si le dedans laissait monter la trace et l’ajour d’une existence prisonnière et l’éclat diffracté de son immense évasion qui d’une certaine façon n’a jamais pu se faire.

En Mouchant la Chandelle, Qu You & Li Zhen

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 03 Novembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Nouvelles

En Mouchant la Chandelle, trad. chinois Jacques Dars (révision Tchang Foujouei), 240 p. 8,00 € . Ecrivain(s): Qu You & Li Zhen Edition: Gallimard

 

Le lecteur est un voyageur en fauteuil, et voici que lui est à nouveau offerte l’opportunité de voyager en Chine, au début des Ming (XIVe-XVe siècles) grâce aux vingt et une nouvelles réunies en un mince volume, En Mouchant la Chandelle (référence à l’heure tardive à laquelle on les lit, s’occupe de choses frivoles ou vit d’étranges aventures) par Jacques Dars, qui est aussi leur traducteur, avec la bienveillante révision de Tchang Foujouei. Ces nouvelles sont en fait extraites de deux recueils plus vastes signés Qu You (Jiandeng Xinhua, « Nouvelles Histoires en Mouchant la Chandelle », les quatorze premières) et Li Zhen (Jiandeng Yuhua, « Suites aux Histoires en Mouchant la Chandelle », les sept dernières) ; on peut de bon droit supposer que l’anthologiste a effectué un choix destiné à proposer au lecteur francophone la crème de ces deux recueils.

Ces nouvelles rencontrèrent à l’époque de leur publication un tel succès en Chine qu’elles furent bannies… pour ne pas distraire les étudiants ! Elles furent ensuite traduites célébrées, dès le XVIe siècle, tant en Corée qu’au Japon, deux pays où elles eurent une influence et un impact aussi grands que dans leur pays d’origine. Et l’une d’entre elles, dans sa version japonaise, parvint en Europe sous la plume de l’Anglais Lafcadio Hearn (1850-1904), pour être ensuite traduite en allemand par l’auteur du Golem, Gustav Meyrink.

La beauté du monde La littérature et les arts, Jean Starobinski (2nde critique)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 29 Octobre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Arts

La beauté du monde La littérature et les arts, édition de Martin Rueff, juin 2016, 1344 pages, 30 € . Ecrivain(s): Jean Starobinski Edition: Gallimard

 

Une centaine d’études, où brille une « exigence de clarté et de partage », composées sur plus de soixante ans et ayant trait aux arts. La littérature, d’abord : Baudelaire, Bonnefoy, Celan, Char, Jaccottet, Jouve, Kafka, Mallarmé, Valéry… Mais aussi les arts de l’œil : Balthus, Füssli, Goya, Michaux, Ostovani, Sima, Van Gogh… Mais aussi les arts de l’oreille : Mahler, Monteverdi, Mozart…

Si ces études se trouvent rassemblées sous le titre La beauté du monde, c’est parce que « la littérature et les arts répondent à la beauté du monde et le critique, premier lecteur, spectateur et auditeur, célèbre la réponse de ceux-là pour chanter celle-ci » (Martin Rueff).

Répondre… Ainsi que le constate Marsile Ficin dans son commentaire sur le Banquet de Platon (V, 2), « le mot grec kallos signifie en latin beauté. La beauté est donc cette grâce elle-même de la vertu, de la figure ou de la voix qui appelle et attire l’âme vers elle – ad se vocat et rapit ».