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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Comment vivre sans lui ?, Franz Bartelt

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 16 Décembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles

Comment vivre sans lui ?, octobre 2016, 272 pages, 18 € . Ecrivain(s): Franz Bartelt Edition: Gallimard

 

Dans ce nouveau recueil de treize nouvelles, Franz Bartelt poursuit son travail de sape d’une époque dont il scrute avec toujours autant d’humour noir les innombrables failles. Son inspiration puise dans les travers humains dont il pousse les conséquences à l’extrême. Ses personnages enfermés dans leur logique obsessionnelle deviennent ridicules, pathétiques, mais aussi métaphoriques d’une quête dont ils sont in fine les principales victimes. Ainsi en est-il, dans la nouvelle Le bel été, de cet homme qui passe son existence à retrouver un fils soi-disant disparu alors que le sens de sa vie se résume à la recherche de l’enfant heureux qu’il a été un bref instant dans sa jeunesse, ou encore dans la nouvelle éponyme Comment vivre sans lui ? qui décline les absurdités du star system.

Autre thème : imaginez, c’est l’objet de la nouvelle Le bon chien, que vous ayez recueilli un berger allemand abandonné qui ne réagit à aucun des noms que vous vous êtes ingénié à lui donner et qui brusquement, alors que vous regardez un documentaire télévisé sur la seconde guerre mondiale, manifeste une jubilation spectaculaire en entendant un soldat du Reich prononcer « Heil Hitler ! ». Dès lors, il n’obéit à vos ordres qu’à cette unique apostrophe. Maintenant emmenez le chien avec vous dans la rue et assumez les conséquences.

Judas, Amos Oz

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Mardi, 13 Décembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Roman, Israël

Judas, août 2016, trad. hébreu Sylvie Cohen, 352 pages, 21 € . Ecrivain(s): Amos Oz Edition: Gallimard

« Les rêves ne mentent pas…

Le monde est vide.

Les dernières lueurs du soir caressent le sommet des collines.

Cette lumière n’est rien différente de celle que nous avons vue hier et avant-hier.

De même que la brise venue de la mer est exactement semblable à celle qui soufflait la veille au soir.

Le monde entier est vide…

Et il faut toujours laisser les morts ensevelir leurs morts »

 

Le Judas d’Amos Oz est comme rempli d’une nostalgie profonde, entre la frontière des soirs, liberté trempée jusqu’à l’os par la pluie et des no man’s land, reflets du couchant, envoûtant comme un parfum au sommet des collines arides.

Règne animal, Jean-Baptiste Del Amo

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 09 Décembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Règne animal, août 2016, 432 pages, 21 € . Ecrivain(s): Jean-Baptiste Del Amo Edition: Gallimard

 

On pourrait résumer Règne animal en disant que ce roman révèle l’humanité des animaux en exposant la bestialité des hommes qui les ont forcés à vivre avec eux, pour les servir, les nourrir, les faire vivre et les enrichir au fur et à mesure qu’eux-mêmes sont engraissés, transformés. C’est aussi l’histoire d’une famille rurale qui vit à la marge d’un petit village du Sud-ouest de la France, nommé Puylarroque. Une histoire qui couvre un siècle, naturaliste à l’extrême, tout à la fois lyrique et organique, la chair, le sang et tous les fluides possibles que peuvent laisser échapper les corps, animaux comme humains, la merde et la décomposition, étant comme omniprésents.

L’histoire commence au début du siècle dernier, chez des petits paysans, avec un lopin de terre, quelques animaux, une porcherie, un père qui meurt lentement d’une grave maladie tout en continuant à travailler, une survie des plus rudimentaires, la mère que cette rudesse extrême, le dénuement, la frustration, a rendu mauvaise, dure et sèche comme un cal, et une petite fille en qui persiste un peu de rêve.

Œuvres complètes 1. Premiers écrits. Règles pour la direction de l’esprit, René Descartes

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Lundi, 05 Décembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Œuvres complètes 1. octobre 2016, sous la direction de Jean-Marie Beyssade et Denis Kambouchner, 760 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): René Descartes Edition: Gallimard

 

Une publication « complète » à plusieurs titres

Ce tome 1 propose les premiers travaux du philosophe dont on ait gardé la trace, ceux antérieurs à 1629, avant que Descartes n’atteigne les 33 ans. Il retrace l’histoire passionnante de la postérité des écrits cartésiens, histoire parfois rocambolesque.

Descartes consigne ses premières réflexions sur un « petit registre en parchemin » conservé sa vie durant. Recensé dans l’inventaire de Stockholm où il meurt en 1650, ce document est rapatrié à Paris avec d’autres papiers pour restitution à son frère. Mais le bateau transportant la malle les contenant coule dans la Seine ; la malle est repêchée, les précieux feuillets qu’elle contient séchés avant que Leibniz, admirateur tout autant que critique de Descartes, ne copie de larges extraits du registre aujourd’hui perdu, tout comme les copies du philosophe allemand après qu’elles ont été copiées et ainsi de suite.

Désordre du jour, Henri Droguet

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 30 Novembre 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Désordre du jour, novembre 2016, 168 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Henri Droguet Edition: Gallimard

 

 

Henri Droguet poursuit sa route en franc-tireur. Dans la poésie francophone du temps, il reste solitaire car inclassable (et vice versa). Plus son œuvre avance, plus elle devient profonde et vivace. Poète « classique » – c’est-à-dire travaillant de l’intérieur de l’histoire de la poésie – il crée dans une tension permanente entre tradition et révolution, et se dresse contre la vulgarité contemporaine de la fabrication et de l’usage des mots. Pour lui, la vie véritable n’est pas dans un ailleurs. Elle est dans notre banalité ordinaire, un peu dérisoire, un peu magique également, comme le sont les beaux moments de lumière sur la mer. Et ce, même si comme le rappelle le liminaire du livre emprunté à Karl Kraus, « plus on regarde de près les mots, plus ils vous regardent de loin » (Karl Kraus). Reste cependant à tirer des bords. Qu’importe si « canardent » un vent désordonné ou le fracas des mouvements urbains.