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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


L’Ecole du Mystère, Philippe Sollers

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 06 Février 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

L’Ecole du Mystère, janvier 2015, 160 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Philippe Sollers Edition: Gallimard

« Le Saint-Esprit souffle où il veut, à travers tous les instruments et toutes les syllabes. C’est une Pentecôte immédiate, avec langues de feu et improvisations sans effort. Mystère de la foi, mystère de la musique, mystère du silence. “Vous entendez mon silence ?” dit la voix ».

L’art du roman est souvent une question de souffle, de vent céleste qui fait flamber les phrases et les pages, comme dans le Dào qui irrigue depuis longtemps les romans de Philippe Sollers. L’écrivain souffle où il veut, sans se soucier des vents contraires, de la morale sociale crispée et des jalousies françaises. Pour s’en convaincre, il suffit d’ouvrir L’Ecole du Mystère, et constater une fois de plus qu’il s’agit là d’une langue de feu – la langue française est une Pentecôte – qui embrase et embrasse le Temps – Le mot « temps » prend ici une majuscule, le Temps, retrouvé, avant d’être définitivement perdu – et ce n’est pas un hasard si Philippe Sollers invite à sa table d’écriture Zhuangzi, Proust, et Heidegger, trois langues et trois pensées de feu. La littérature est toujours une question de souffle, de rythme et de phantasiaque la lumière soit et lumière fut –, le mystère du roman est là, et les preuves ne manquent pas chez l’Européen des bords de Garonne et des jardins de Bordeaux : d’Une curieuse solitude, à Drame, en passant par Paradis I et II, Les folies françaises, ou encore Picasso le héros, L’étoile des amants et Médium.

Un an après, Anne Wiazemsky

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 02 Février 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits

Un an après, décembre 2014, 201 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Anne Wiazemsky Edition: Gallimard

 

On la reconnaît en photo noir et blanc sur le bandeau du livre ; Anne, comédienne de ces années-là, le regard fixé sur… son compagnon d’alors, Jean-Luc Godard, ou la manif du jour puisqu’en Mai 68 est situé ce récit, mi-autobiographie, mi-documentaire, qu’elle a voulu nommer – bel élan d’honnêteté – roman. Comme si – elle a raison – tout retour sur sa mémoire quand il y a dedans un Godard en Mai, ne pouvait complètement se revendiquer de l’Histoire.

Voyage baignant dans la fumée acre des lacrymo, des cigarettes aussi – ce qu’on fumait, alors ! De Paris à la Méditerranée des bobos de ce temps, en passant par le tournage des films, et en particulier des films italiens… c’est bien d’un voyage, dont il s’agit, dans le Paris intello, étudiant, politique, de ces extrêmes qui ont façonné l’époque, mais aussi – tout le précieux du livre – à l’intérieur, chez les Godard ou leurs amis, dans le secret également des cœurs interrogés et d’un couple qui se fendille. Beau voyage, sans pathos, ni déco inutile, qui se laisse peu à peu apprivoiser, livrant « leur 68 » de détail en atmosphère juste, ce 68 qui fatalement est un peu le nôtre à nous, leurs contemporains, et ne demande que peu d’efforts aux jeunes d’aujourd’hui, pour devenir le leur, puisqu’il s’agit de Godard.

A distance suivi d’Annonciation, et Moments. Traversées du temps, Henri Michaux

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 23 Janvier 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

A distance suivi d’Annonciation, et Moments. Traversées du temps, Poésie/ Gallimard, 2014 . Ecrivain(s): Henri Michaux Edition: Gallimard

 

« Un moment qui traverse la route. Un moment qui n’insiste pas.

Un moment plutôt errant.

Un moment lendemain de grands moments »

(Lieux, moments, traversées du temps)

« Le chemin enchanté des regards

refait le corps admirable, et l’être semblable.

Mais l’automne, mon ami, est mon souci

l’automne, si tu comprends

Douce est l’origine de ailes… »

(Annonciation)

Peau de femme, Philippe Comar

Ecrit par Sophie Galabru , le Jeudi, 22 Janvier 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Peau de femme, janvier 2015, 240 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Philippe Comar Edition: Gallimard

 

Une jeune femme dissèque minutieusement tout son corps, sous tous ses angles, plis, recoins et orifices, à travers ses humeurs et ses hormones, ses hivers et ses printemps. Anatomie du corps perçu jusqu’aux tréfonds du corps vécu, le livre nous offre une décomposition de l’intérieur par l’extérieur, conduisant jusqu’au bout l’ambivalence délicate d’avoir un corps tout en étant son corps. Comme un animal en pleine mue, une femme se vit selon sa chair, se raconte selon ses histoires de peau, et expulse ses amours par tous les pores. Il lui faut par là se retrouver et se perdre selon ses plus vives sensations qui sont autant de points nébuleux de ses souvenirs charnels.

S’ouvrant par ce qu’il serait convenu d’appeler une phénoménologie du corps, le livre séduit donc d’abord par une écriture venue d’ailleurs que de l’esprit. Affirmant la pluralité des corps selon une division ultime entre l’extérieur et l’intérieur, la multiplicité des corps se déploie selon le rythme et les impressions d’une femme encore assez jeune pour se découvrir et assez mûre pour se connaître un peu. Le corps-objet ou le corps-machine, le corps malade, le corps des orifices, le corps amoureux, le corps des souvenirs, le corps du quotidien, le corps imaginé, le corps d’une cantatrice, le corps-professeur, bref

Chéri-Chéri, Philippe Djian

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 17 Janvier 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Chéri-Chéri, septembre 2014, 194 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Philippe Djian Edition: Gallimard

 

Comme souvent avec Djian ; un livre, non, des livres, et, ici, beaucoup. Roman intimiste, de société, suspense coloré policier, Huis clos… on peut encore y voir un récit d’atmosphère. Tout ça dans un seul livre ! S’il faut choisir, on peut aller vers le Huis clos d’atmosphère… mais d’autres lecteurs le prendront sans doute par un autre bout, ce Djian d’hiver. Un bon, encore un.

« Le bloc se fissurait. Ce qui me semblait inimaginable hier encore se réalisait sous mes yeux à présent. Les murs de leur citadelle se lézardaient, ils n’étaient plus les trois seuls doigts de la même main – dont je m’étais toujours senti exclu – le vent avait tourné, le ressentiment s’installait entre eux, attisé par mes soins quand j’en avais l’occasion – baiser Véronica participait d’un long travail de sape que j’avais entrepris presque inconsciemment et qui en constituait à ce jour le point d’orgue. C’était une sensation bizarre de craindre l’orage et de le souhaiter en même temps ».

L’écriture d’une minutie classique, le regard extérieur – globalement extérieur, mais vu de très près – sur un étrange bestiaire, dont au fur et à mesure on s’approprie la fraternité humaine… Philippe Djian aux manettes…