Identification

Récits

Aloha (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 30 Mai 2023. , dans Récits, Ecriture, La Une CED

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Je suis à peu près sûre que vous ne savez pas situer sur une carte, Kalapana, Pahoa, Big Island. Quand même ! Hawaii. Ça y est, vous y êtes ! Appelée aussi Le Nombril du Monde. Kalapana, c’est assurément le bout du monde. J’y suis allée pour écrire. Et au bout de deux jours, j’ai cherché s’il n’y avait pas un cimetière d’écrivains Français. Epitaphe : ils n’y ont pas survécu.

À l’isolement.

Davantage qu’aux coulées de lave du volcan qui, depuis trente-cinq ans, assure à Kalapana, à peu près tous les quatre à huit ans (petite prédilection à creuser pour les chiffres pairs) un spectacle pyrotechnique des plus réussis. Résultat : il faut tout reconstruire.

Testosterone Therapy (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mercredi, 23 Novembre 2022. , dans Récits, Ecriture, La Une CED

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! allez, avouez-le ! vous vous êtes inscrite sur un site pour rencontrer l’homme de votre vie, en tout cas pour combler une part de votre vie. Vous habitez Mayami, vous avez téléchargé l’appli Bumble, vous avez confié vos données bancaires, vous ne savez pas trop à qui, vous avez accepté que vos données confidentielles ne le soient plus. Vous avez complété avec application toutes les lignes de votre profil, vous êtes géniale, bien sûr. Vous avez téléchargé vos plus belles photos, juste quelques années de décalage, ça va aller, vous n’êtes pas trop décatie, les hommes prétendent même que vous êtes plutôt bien conservée et ça vous fait bondir.

Eux en revanche, ils ont morflé. Les années, l’andropause, la presbytie, la calvitie, les divorces, les gosses en garde alternée, les licenciements, le business, le sport en dents de scie, se réinventer toujours et c’est loin d’être affriolant. Quant aux autres, ils sont beaucoup plus jeunes, beaucoup trop jeunes et jouer les mamans, ce n’est plus de votre âge.

La robe panthère (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 18 Novembre 2022. , dans Récits, Ecriture, La Une CED

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Marcella a une boutique de vêtements située sur Lincoln Road, à Miami Beach, et pas seulement une boutique. Deux étages dont un consacré aux hommes qui veulent porter des robes dos nu, également un espace dédié aux Arts. Ici, vous n’achèterez pas un vêtement, vous le rencontrerez. Ici, vous écouterez un auteur, une coupe de champagne à la main, en portant un habit qui vous définira bien davantage que tous ceux qui prétendent vous connaître. Marcella est élancée, elle est généreuse, elle est fantasque. Elle est sensible, voire un peu trop, à la lumière et aux inconnus. Elle est fragile comme toutes ces femmes qui collectionnent les adjectifs. Elle fut hippie, elle fut riche, elle fut sacrée Miss Colombie. Des cheveux blonds à la Jayne Mansfield qui, paraît-il était chauve sous sa perruque, interminables à l’instar de sa carrière de mannequin. Marcella fut une des plus belles femmes au monde. Modèle dès l’âge de dix ans en Colombie, il faut dire que ses parents l’étaient, des dieux tombés du Pic Cristobal Colon.

Don’t shoot in the air (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 25 Octobre 2022. , dans Récits, Ecriture, La Une CED

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Si le chien est le meilleur ami de l’homme, l’homme n’est pas le meilleur ami du chien, à Mayami. L’enfer est pavé de bonnes intentions c’est bien connu, enfer ou paradis, à vous d’en juger. Ici, le pavé est rare, le pavé est propre, le maître est discipliné, il ramasse derrière vous. Vous, c’est le chien mais attention, choisissez bien votre famille. Car plus elle est fortunée, plus vous allez en baver !

Premièrement, il vous faudra accepter les colorations violette, rose, jaune ou bleue, façon Art Déco surtout si vous avez le poil court, fin et frisé. Pour le reste, vous devriez apprécier à peu près tous les plaisirs de l’existence, canine… quoique. Il va de soi que si vous êtes un berger allemand ou un husky, bref un gros chien à poil long, vous allez souffrir. L’imaginaire génétique n’a ici pas de limites, idem côté accessoires. Laisses à paillettes avec mention walk with style, collier étrangleur, harnais façon Disco pour paramétrer vos itinéraires.

Ombres de l’Inde – Histoire incertaine (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 18 Septembre 2020. , dans Récits, Ecriture, La Une CED

 

En relisant les Carnets du grand chemin. – Il m’arrive de m’interroger sur ce que pouvait être l’Inde avant la période coloniale et même avant les brutales razzias islamiques. Quels étaient ses paysages, les rapports de ses habitants à leur terre, à leur village, à leurs champs, à leurs forêts ? A quoi ressemblaient les cités dont nous visitons les ruines, comme Vijayanagar (Hampi aujourd’hui) dans le Karnataka, rasée au seizième siècle par les conquérants musulmans, sa population massacrée ou forcée à la conversion, ses temples, ses palais, ses bibliothèques, ses salons de musique détruits et sa rivière rougie de sang humain ? Selon quelles normes fonctionnaient-elles ? Qu’étaient l’espace, le temps surtout ? Qu’y avait-il dans la conscience d’un garçon de vingt ou vingt-cinq ans, guère différent dans son apparence, je le suppose, de ceux que j’ai aimés ? Comment s’éveillaient ses désirs et, s’il convoitait ses pareils, comment cette attirance était-elle par lui et par ses camarades ressentie ? Qui croisait-on sur les routes ? Quels étaient leurs dangers, leurs surprises, leurs bonheurs ? Où se portaient spontanément les yeux ? Comment s’habillait-on, s’accommodait-on de son corps ?