Ours, baleine et nous, Cécile Elma Roger, Marjorie Béal (par Yasmina Mahdi)

Les déchets industriels polluent notre environnement, les océans et les forêts avec pour résultat : l’espace des animaux rétréci, y compris celui des espèces les plus sauvages, les plus rares et les plus éloignées du genre humain. Ici, il est question de la survie de deux grands mammifères des régions froides. « Mais justement, le Monde est grand ! Il y a donc de la place pour tout le monde », assurent les autrices… L’aventure d’Ours va commencer. Perché sur un minuscule glaçon (un reste de banquise), l’ours polaire rencontre le cétacé. Tout comme le prophète Jonas, il plonge dans le ventre de Madame baleine, comme pour revenir à l’enveloppe protectrice maternelle, et également comme dans le film de Comencini où Pinocchio jeté à la mer, est avalé par une baleine.

Le fond émeraude mat, la rotondité des formes simples, les lignes fluides des contours sont rehaussés par des couleurs chantantes, rose tendre, jaune vif, orange ou rouge, en opposition à la gamme froide des bleus, des verts et du blanc. Les aplats jouent avec la géométrie libre et des gribouillis évocateurs. Les jeunes lectrices et lecteurs pourront identifier le travail sur les onomatopées, la diversité de la taille de la police de caractère qui servent graphiquement le propos de l’ouvrage. Dans cet univers sans gravitation, tout est de guingois, illustré par une perspective et des angles de vue fantaisistes.

Le méli-mélo de personnages suggère la vitesse, la surpopulation et un certain chaos, légèrement cauchemardesque. Cécile Elma Roger et Marjorie Béal ont utilisé la palette graphique et les techniques plastiques traditionnelles pour cette fable qui questionne la place de chacun d’entre nous, animaux et êtres humains.

À partir de 6 ans.

Yasmina Mahdi