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La Styx Croisières Cie (III) Mars 2019 par Michel Host

Ecrit par Michel Host le 17.04.19 dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

La Styx Croisières Cie (III) Mars 2019 par Michel Host

 

« Père Ubu : Eh bien, mes amis, je suis d’avis d’empoisonner simplement le roi en lui fourrant de l’arsenic dans son déjeuner. Quand il voudra le brouter il tombera mort, et ainsi je serai roi.

Tous : Fi, le sagouin !

Père Ubu : Eh quoi, cela ne vous plaît pas ? Alors, que Bordure donne son avis.

Capitaine Bordure : Moi, je suis d’avis de lui ficher un grand coup d’épée qui le fendra de la tête à la ceinture.

Tous : Oui ! voilà qui est noble et vaillant ».

Alfred Jarry, Ubu Roi, Acte II, Sc. VII

 

Jules de Montalenvers de Phrysac, noté dans le Livre de mes Mémoires

Lµ-1. On voit le sérieux et la réflexion qu’exige la préparation d’un complot. Il s’agit d’anéantir la dynastie des Venceslas en éliminant aussi ses trois fils : Boleslas, Ladislas et Bougrelas. On ne prend pas les choses à la légère. Père Ubu, guère imbu de son pouvoir, prend l’avis du capitaine Bordure, lequel avis présente une solution plus chirurgicale, radicale et infaillible que celle du poison. On est en droit de penser que l’assassinat de Jules César et celui du duc de Guise furent le fait d’un nombre excessif de participants et que celui de Polonius, perpétré par le seul Hamlet, ne fut connu que grâce à l’intervention imaginaire d’un dramaturge et chroniqueur de génie. Plût au ciel que toutes les conspirations fussent inspirées et accomplies selon la tradition du Père Ubu.

µ-2Sans dieu et sans oiseaux ?

Le fait d’avoir un modeste jardin en Bourgogne a engendré mon intérêt pour les oiseaux, ceux qui justement peuplent les jardins, ceux qui venus des bois plus lointains peuplent l’altitude de leurs chants, de leurs appels – notamment les buses, qui chassent en couples et se parlent là-haut des affaires d’en bas –, ceux qui encore, chouettes, hiboux… rasent les pelouses au crépuscule traversant les rideaux d’arbres dans un vol muet, les passereaux enfin, hirondelles voyageuses, hoche-queues, rouges-queues et mésanges si familiers, moineaux friquets, pinsons des arbres toujours haut perchés, sittelles, verdiers, pies, merles et pics à tête rouge frappant les troncs de leur bec. Ils sont là à toute heure, se succédant dans un ordre immuable, remplissant l’espace de leurs chœurs ou du bruit de leurs disputes. Ils pourraient offrir une représentation d’espaces célestes, voire divins, dont nous n’avons pas seulement l’idée. Une tragédie se produit en ce début de troisième millénaire : l’usage massif des insecticides et pesticides par les agriculteurs fait disparaître les insectes, nourriture des oiseaux, lesquels, par voie de conséquence, disparaissent à leur tour. Les jardins deviennent lieux d’un oppressant silence, le silence de la mort. Lors de mes séjours bourguignons, de plus en plus rares, je ne vais plus au jardin, y éprouvant davantage de déplaisir que de plaisir, une déception infinie. Ce silence a commencé de m’achever.

Dieu ne me manque pas. D’ailleurs il n’existe pas, n’a jamais existé, et nous ne nous en portons pas plus mal. Parmi les humains, il n’a provoqué que d’absurdes catastrophes : entendre les uns crier « Gott mit uns ! », et les autres « Dieu nous aide ! Montjoie ! Saint-Denis ! ». C’est à mourir de tristesse ! Le seul miracle est de voir un oiseau égaré passer sur notre tête. Parfois des moineaux qui se chicanent. C’est à peu près tout. Les Jardins ne chantent plus. J’ai su, vers mes douze ans, que Dieu n’existe pas. Certaines expériences naïves sur les hosties m’avaient ancré dans ma certitude non moins naïve. Elle s’affirma lorsque, à la fin de la 2de guerre mondiale, on comprit qu’à Dachau, Bergen-Belsen, Auschwitz, Treblinka et dans vingt autres paradis nazis, plus de 6 millions de juifs avaient prié, imploré Dieu de leur porter secours. S’il n’était ailleurs, occupé à se distraire ou à dormir, où était-il, lui qui, selon la fable, écartait et retenait les flots de la Mer Rouge, lançait serpents et pluies de sauterelles sur l’Égypte… ? Ce devait être des jeux très prenants. Les juifs moururent dans d’indicibles angoisses et d’abominables supplices. Il ne les entendit pas, ou ne les écouta pas. Les hommes ne présentaient plus aucun intérêt à ses yeux. Pourquoi en avoir pitié ? Ou alors, il était mort de vieillesse, mort pour toujours et de toujours. Ce fut mon ultime certitude, renforcée par les visions abominables des documents d’époque.

Après les oiseaux, le tour viendra des hommes, lesquels d’ailleurs, pour la majorité d’entre eux, se fichent des oiseaux, se moquent de Dieu comme d’eux-mêmes. Tristes jardins !

 

Lµ-3Aphorisme

« L’empathie aussi est une forme de pouvoir, la plus sournoise, peut-être », Jean-Claude Bologne, L’âme du corbeau blanc (2019).

µ-4Gilets Jaunes

XVIe affrontement entre cette troupe de citoyens soulevés contre l’injustice, le mépris et l’État français. Ce fut ce samedi 2/3/2019. Les faits : participation, environ 40.000 G.J. à travers le pays. Ce sont les chiffres officiels, on peut donc les augmenter sans crainte de se tromper de 5000 à 10.000 unités. Une certaine lassitude de toutes parts, certes ! Le nombre des sympathisants reste proche néanmoins des 50 à 55%. Dégâts et violences limités. Les membres de l’Exécutif ne cessent d’imputer aux G.J. la totalité des vices et tares du moment : outre démolisseurs du petit commerce et de vitrines, briseurs du mobilier urbain, ils ont désormais gagné les titres d’antisémites et de casseurs de radars autoroutiers, responsables donc de la montée des accidents de la route durant ce début d’année. Les médias relaient fidèlement ces « nouvelles », mais sans y insister.

Néron II mène sa campagne électorale aux frais du contribuable à travers des « grands débats » successifs. On ne sait de quelle souris accouchera cet éléphant. L’attente est générale. Mais qu’attendre d’un débat clos depuis le premier jour : « Nous ne changerons pas de cap ! » ? Le président, ses porte-voix, les députés affiliés l’ont clamé dès novembre 2018. Les premières « mesures » devraient être annoncées vers la fin mars. Ya veremos.

µ-5Anecdotes et historiettes destinées à l’oubli, avec quelques débris rapportés par les flux marins

§-1Mur des cons

On se souvient (tiens donc !) de ce mur photographique des locaux du Syndicat socialiste de la magistrature. Y figuraient les visages de personnes classées « à droite » ! Comment des magistrats peuvent-ils, en tant que magistrats réunis en syndicat, impartiaux, républicains, se revendiquer d’une appartenance politique (leur « mur des cons » le démontre) dans le cadre de la justice. Mme Françoise Martres, poursuivie – en justice précisément ! – avoue : « Nous menions un combat politique » (Le M. 6/12/18). Parmi ces « cons » (notons l’injure faite ici par le seul vocabulaire utilisé au sexe féminin) figurait les pères de deux jeunes filles assassinées en 1991 et 2007. Ce qu’on aime chez les socialistes, c’est leur profonde bêtise alliée à un discernement limité, au mépris de qui n’est pas eux-mêmes et à une constante mauvaise foi : « Mme Martres : “Ce panneau était de l’ordre de l’exutoire… la mise en cause des juges était récurrente…”. Depuis les « chats fourrés » au moins, n’étaient-ils jamais mis en cause ?

§-2Afrique de l’Est

Le nombre des mutilations génitales des fillettes aurait reculé de 73,6% à 25,4% (Le M, 8/XI/18). On s’en réjouira, mais qui, en ce bas monde, prête encore attention à de telles nouvelles ?

§-3Affaires algériennes

Les étudiants algériens défilent et protestent contre la mafia-bouteflikienne, nomenklatura issue du FLN qui a mis le pays en coupe réglée sans leur offrir le moindre espoir de vivre au pays. Le président Bouteflika a annoncé qu’il briguait son 5e mandat, ou on l’a annoncé pour lui, car il est réduit à l’état de légume depuis 6 ans. La meilleure plaisanterie de la rue : « On ne sait même pas s’il sait qu’il va se représenter… ». Le lendemain, le président encore dans l’exercice de son 4è mandat annonce par « lettre » à ses concitoyens qu’il n’en briguera pas de 5è, qu’il démissionnera et qu’auront lieu les élections présidentielles. Aucune date, aucun délai. Nul ne sait combien de temps durera alors ce 4è mandat prolongé. La plaisanterie du jour : « M. Le président, ce n’est pas un match de football, on ne joue pas les prolongations ». En outre, on ne sait pas s’il sait encore écrire. Bref, l’Algérie décolonisée depuis près de 60 ans, terre dotée de toutes les richesses naturelles, est plongée dans le marasme et la corruption des élites.

 

Lµ-6Des Lettres à Lou aux Lettres de Lou à Guillaume

Dans Le M. des Livres du 9/XI/2010, Pierre Michon, qu’il faut saluer et remercier, fait l’éloge de ces lettres d’amour incandescentes et récemment publiées adressées par Lou à l’artilleur Guillaume Apollinaire. Elle a 33 ans et est une descendante de l’amiral de Coligny. Son nom : Geneviève Marguerite Marie-Louise de Coligny-Châtillon. C’est un poète qui écrit, et cela est beau. Il ne philosophe pas autour du pot : « Elle est très belle, l’œil de feu, le sourire entier. Elle a 33 ans, l’âge de l’amour et de l’usage efficace du corps. […] C’est une splendeur, une élégante, une lettrée. La liaison est immédiate, fulgurante, le désir et le plaisir en phase totale, les fantasmes emboîtés, l’assouvissement inouï… […] Ils dansent comme un couple de dieux sur les ravages de la guerre… […]

O guerre

Multiplication de l’amour.

Mais soyons clairs, ce qui nous intéresse ce sont leurs ébats.

[…] La fouetter est son objet constant. Et la prendre de toutes les manières. L’objet de Lou est d’être fouettée et prise. […] Elle veut, elle le dit, “jouir à mourir sous la schlague […] Lou est morte dans les années 1960 ». Qui peut mieux dire que l’écrivain, le poète ?

µ-7Misogynie ordinaire quoique académique

« En 1998, le sociologue Pierre Bourdieu publie La Domination masculine. Il omet toutefois d’y citer Masculin-Féminin, l’ouvrage de l’anthropologue Françoise Héritier, sa collègue au Collège de France, paru deux ans auparavant ». Rappelé par Nathalie Heinich (Le M. des Idées, 10/XI/18) avec d’autres exemples de cette mesquinerie anti-féminine qui fait des plus grands, parfois de moins grands qui s’estiment plus qu’ils ne sont, de misérables petits bonshommes, inélégants et faux jusqu’à la moelle de leur os.

µ-8. Les pauvres sont insupportables : 30.000 ans qu’ils refusent cette évidence que les riches ont besoin d’eux pour se sentir riches et qu’ils exercent donc l’éminente fonction de faire-valoir (*).

Que les pauvres ambitionnent la richesse est bien naturel, mais ce qui attriste souvent c’est qu’ils souhaitent atteindre à l’extrême fortune afin d’être en mesure de mépriser à leur tour.

(*) Jean-Jacques Rousseau l’avait pensé et écrit : « Si l’on voit une poignée de puissants et de riches être au faîte des grandeurs et de la fortune, tandis que la foule rampe dans l’obscurité et dans la misère, c’est que les premiers n’estiment les choses dont ils jouissent qu’autant que les autres en sont privés, et que, sans changer d’état, ils cesseraient d’être heureux si le peuple cessait d’être misérable » (Discours sur l’origine de l’inégalité).

 

Lµ-9. Écriture « inclusive » ? Je ne me soucie pas plus de dire ou d’écrire l’auteure… que l’autrice… Ce dernier terme serait ancien mais tombé en désuétude, selon Mme Aurore Évain (Le M, 8/XII/2018). Je n’écrirai pas non plus l’écrivaine, qui sonne mal à mon oreille, quand l’habitude, pourtant, y a laissé s’établir l’écrivain. De même qu’y restent, merveilleuses « l’actrice… l’impératrice… l’institutrice… ». Dans les langues c’est principalement l’usage qui fait la loi et non l’inverse. Si je suis gêné, je précise : « la romancière, la poétesse, la nouvelliste, la dramaturge… etc. ». Émile Littré a sans doute voulu signifier tout cela en apportant ces exemples : « La nature, auteur de toute chose ». « Une femme fut l’auteur de l’entreprise ». J’ai cherché « autrice » chez Littré… et n’y ai trouvé que « autruche », me rendant compte alors qu’autrice suffit à ridiculiser les femmes. Partant du latin « auctrix/=autrice », Mme Évain cite le mot, affirmant qu’il a été en usage dans notre langue du moyen-âge à la Renaissance, sans nous proposer un seul exemple littéraire. J’aime trop les femmes pour les enfermer dans une novlangue purement idéologique et pour en faire les nouvelles précieuses ridicules, tout en n’ignorant pas que certaines d’entre elles ne souhaitent que cela.

 

µ-10Gilets Jaunes. Les faits

Le 9/03/19, XVIIe samedi de manifestations à travers le pays. Participation : chiffres du ministère de l’intérieur, menteurs par conséquent : 28.600. Compter au moins 10.000 à 15.000 manifestants supplémentaires. Violences et déprédations : en très grande diminution. Manifestants, ministres et forces de l’ordre sont en attente, semble-t-il, de ce que devrait produire le « grand débat ». Seule promesse audible de Néron II : les chasseurs seront autorisés à tuer davantage de loups !

 

µ-11. Ce matin très tôt, sur « Radio-Courtoisie » (je rappelle que j’écoute tous les avis, toutes les opinions et cela toutes les nuits), est reçu l’écrivain-voyageur Guillaume de Dieuleveult, pour son dernier livre, Un paquebot pour Oran. On parle de son voyage en Algérie et notamment de ses visites à Mers-El-Kébir, Oran et Alger. Il est merveilleux, rafraîchissant, à la suite de tous ces professeurs, chercheurs et spécialistes, bavards et infaillibles, sachant tout de tout, d’entendre un homme qui, simplement, à une question peut encore répondre : « Je ne sais pas ».

Le 12/III/2019

 

µ-12Nous marchons sur la tête

Il y a peu, quelque part dans nos banlieues parisiennes, deux jeunes scootéristes roulent sans casque, à grande vitesse sur un engin volé et dépourvu de plaque d’immatriculation. Des policiers, comme c’est leur devoir, les prennent en chasse. Les scootéristes accélèrent, tentent de doubler un autobus sur sa droite ; celui-ci, prenant sans doute un virage, renverse les deux délinquants sans les avoir vus. Ils meurent. Les policiers sont illico accusés de meurtre. Trois jours plus tard, la population du lieu organise une marche blanche à la mémoire des deux voleurs. Les deux délinquants sortent en quelque sorte innocentés par la symbolique du blanc. Les véritables coupables, les meurtriers sont bien les policiers. D’ailleurs, la police des polices les fera comparaître et la justice civile fera de même. On les innocentera, c’est évident, mais ils auront fait figure de suspects. La raison et le monde à l’envers !

µ-13Tragédie

Un « Boeing » dernier modèle, rempli de voyageurs, s’écrase dans les déserts éthiopiens. C’est le second en moins de 6 mois : un défaut de conception de l’appareil. La radio France-Info nous apprend que neuf Français ont trouvé la mort dans l’accident, puis met vingt-quatre heures à rendre compte des autres 150 et quelques victimes d’autres nationalités. On en a honte. Mais la vraie tragédie n’est pas là, elle est dans les grands centres boursiers de la planète où les actions de l’avionneur Boeing ont baissé de 9%.

µ-14Les « c……s »

Je me garde de termes insultants lorsque je parle d’une femme ou des femmes. Pourtant, je les appellerais volontiers « c……es » ces femmes aux cerveaux de poulets qui emmenèrent leurs enfants en Syrie, qui là-bas en firent d’autres qui ont aujourd’hui cinq ans tout au plus, n’ont vécu leurs premières années que dans les atrocités du djihad, le vacarme des bombes, la faim, le froid des nuits, la terreur et la mort, et qui plus est environnés de fantômes noirs enniqabés. Les photos du camp-refuge du camp d’Al-Hol (Syrie), signées de Laurence Geai (Le M. 15/III/2019), en portent témoignage, singulièrement l’image d’une fillette déjà sous le voile, dont la main se tend vers la photographe comme celle d’une personne qui se noie, dont le visage, les yeux disent la terreur et ce malheur incompréhensible d’avoir été jetée dans un monde cruel et sans amour. J’oubliais : le seul « amour » exprimé dans le Coran est celui dû au Prophète et à Allah, sa fiction. Mon conseil immuable : lisons le Coran. Sachons ce qui nous attend.

µ-15XVIIIe samedi (16/3/19) des Gilets Jaunes

Participation : 50.000 ou plus. Hors des chiffres officiels. Ils avaient annoncé à travers les « réseaux sociaux » (si influents aujourd’hui) qu’ils viendraient nombreux à Paris pour célébrer la fin du Grand Débat, lequel aura peut-être un écho dans un mois. En même temps, entre l’Opéra et la place de la République défilaient des milliers de collégiens, lycéens, étudiants qui, dans l’esprit de la jeune suédoise initiatrice du mouvement, incitaient la génération de leurs parents à traiter enfin sérieusement des causes et conséquences du réchauffement climatique. Un bon nombre de G.J. se joignirent à ce cortège paisible, chantant et dansant. Quelques-uns furent, aux Champs-Elysées, bientôt surpassés par un nombre très supérieur de « casseurs anarchisants » dont les principaux méfaits consistèrent à incendier une banque située en rez-de-chaussée d’immeuble obligeant les pompiers à sauver de justesse une mère et ses enfants ; incendie de plusieurs commerces dont un kiosque à journaux, saccage du restaurant-brasserie Le Fouquet’s, bris d’une cinquantaine ou plus de vitrines de commerces de luxe et pillage de ces commerces, attaques en bandes de plusieurs cars et voitures de police, lynchage d’un policier isolé sauvé de justesse par ses collègues… Informé de ce qu’il ne pouvait ignorer, le président Macron rentra de son séjour aux sports d’hiver pour rejoindre le ministère de l’Intérieur. M. Castaner, capitaine de ce ministère, loin de présenter sa démission, condamne les casseurs, n’accablant pas trop les G.J. pour cette fois. Il traite les casseurs d’assassins, et il a raison, car l’incendie de la banque menaça la vie des habitants de l’immeuble concerné, sans compter celle des sauveteurs. La France navigue à vue, entre les écueils de la révolte légitime et les récifs des pillards et charognards venus d’autres horizons.

µ-16Massacre de Christchurch (Nouvelle-Zélande)

Un citoyen australien, un fou furieux d’extrême droite pénètre dans deux mosquées de la ville néo-zélandaise : il décharge ses armes sur tout ce qui bouge, tuant 50 personnes, en blessant autant, dont des vieillards, des femmes et des enfants. C’est l’œuvre de l’intolérable intolérance. On n’a pas à agir par le meurtre d’innocents ; il suffit des fanatiques de l’islamisme pour réaliser ces merveilles au nom d’Allah sur toute la planète. Pourquoi les imiter ? Pourquoi s’abaisser jusqu’à leur niveau ?

Par ailleurs les radios et stations de télévision s’étendent à juste titre sur cet impardonnable massacre. On observe seulement que lorsque des chrétiens coptes égyptiens sont mitraillés sur le parvis de leurs églises, lorsque les chrétiens iraquiens sont invités à choisir entre l’exil, la conversion ou encore, selon la jolie formule algérienne d’antan, entre la valise et le cercueil, radios et télévisions n’en tirent qu’une brève communication. Ce ne sont, dans ce cas, qu’anecdotes et faits divers.

µ-17Les faits

Ce samedi 23/III, XXe confrontation en G.J. et représentants de l’ordre dit républicain. Manifestants : un peu plus de 40.000 selon le ministère. Beaucoup plus selon les intéressés. Le mouvement de fond ne faiblit pas. Le dispositif policier avait été modifié, notamment par l’introduction de militaires non loin des point sensibles : ministères, Assemblée nationale. Interdiction de manifester dans certains lieux, entre autres les Champs-Élysées. Peu de destructions et de pillages en raison de la présence raréfiée des black-blocs et autres casseurs. Ces troupes noires, je crois, auront attendu soit par crainte du nouveau dispositif, soit pour l’étudier et se préparer à d’autres types d’actions. Le soutien et la sympathie des populations aux G.J, à 40%, reste d’un niveau élevé. De tous les côtés, on attend les fruits du Grand Débat, lesquels, selon la promesse néronienne, devraient avoir mûri pour la mi-avril. Un vent frais secoue les branches dénudées des arbres parisiens.

M. Castaner plastronne devant les caméras. Il est fier d’un succès qui ne peut être dû à sa notoire incompétence. Il a uniquement fait sauter le fusible : le précédent préfet de Paris qui n’avait fait qu’appliquer ses directives. Il l’a remplacé par celui de Bordeaux. L’exécutif tout entier masque son mépris pour le peuple des G.J. dont il croit être en mesure de décourager les troupes et de réduire la colère. Ya veremos.

 

Lµ-18. L’ami et écrivain Dominique Noguez vient de décéder. Nous nous étions rencontrés à diverses reprises. C’était un homme souriant et rempli d’un humour enveloppé de sérieux apparent, quelque chose entre l’anglais et le pyrénéen. Il était né en Normandie et n’époussetait pas à tout instant son bouclier de normalien. Sa voix était douce, souriante en quelque sorte. J’ai eu la chance de commenter quelques-uns de ses livres. On lui a fait une fort belle chronique nécrologique dans les pages du Monde, où pourtant n’apparaissent pas ses exceptionnelles vertus de fidélité et d’aide à ses amis, surtout dans les épreuves les plus difficiles. Ainsi le soutien admirable et constant que, jusqu’au dernier instant, il apporta à son maître et ami, le philosophe de l’esthétique Mikel Dufrenne.

 

µ-19Déclarations / Citations

– « Ils (les oiseaux) ont l’ouïe si fine, la vue si perçante et si parfaite (…) ces facultés leur permettent de jouir tout le jour de spectacles immenses, sans cesse changeants (…) On peut en déduire que c’est chez les oiseaux que l’imagination atteint son plus haut degré de vivacité et de puissance », Giacomo Leopardi (1798-1837).

« Ce que les populations d’oiseaux indiquent utilement, c’est la santé de nos valeurs éthiques », Jonathan Franzen, article L’Altérité radicale des oiseaux, paru en mars 2018 dans Le Guardian.

– « La polygamie ? Elle existait et Muhammad (Mahomet) ne l’a pas interdite. Nous sommes là face à un mur anthropologique. Mais comment peut-on décider de plaquer nos modes de vie actuels sur des rites datant de 1400 ans ? C’est de la folie. Le pire de cette horreur absolue concerne les esclaves sexuelles. Au VIIe siècle, elles étaient là pour assouvir les pulsions des hommes qui n’avaient ni les moyens financiers ni un rang social assez élevé pour demander en mariage une femme de la tribu. / Le Coran l’autorisait : il ne pouvait en être autrement à cette époque… », Ismaël Saidi. / « Les hommes qui ont tiré sur les journalistes de Charlie étaient des criminels. Ils avaient un lourd passé de délinquants. Ils devaient tuer au nom d’une cause pour se faire passer pour des héros », Ismaël Saidi, auteur de Mais au fait, qui était vraiment Mahomet ? (Le M. des Idées, le 8/X/2018.

« Marquée par le côté claustral de l’existence, le chagrin de ma mère, je vis l’école comme un enchantement. Mon amour de l’école est moins lié à l’enseignement, assez convenu, qu’à la fraternité de la cour de récréation. Je me sens enfin un individu comme un autre ! Voilà pour l’abstraction libératrice ».

[…] « Pendant des années, l’enseignement de la littérature a été d’une grande austérité : je l’ai vérifié avec mes petites filles, qui préparaient le baccalauréat comme si c’était une licence de lettres, en repérant les figures de style, les anacoluthes, les oxymores. Je suis convaincue que pour faire aimer la littérature comme l’histoire, il faut commencer par raconter. Après quoi on peut réfléchir », entretien donné par l’historienne Mona Ozouf, au M. du 23/III.

Brefs commentaires

Enfant de la guerre, il fallut, « pour coups et blessures » donnés et reçus, me retirer de l’école de garçons, à Béthune (Pas-de-Calais) d’où, une ou deux fois, l’on me ramena sous le bruit des bombes. Dans la cour de récréation, c’était aussi la guerre. Je servais de punching-ball à mes congénères ou je m’exerçais sur eux à l’art de la boxe. On ne faisait de quartier à personne. Je n’ai souvenir que d’une mêlée furieuse et hurlante. Je me serais mieux accommodé de « l’école de filles » de Mona Ozouf (M.H.).

Pour l’enseignement de la littérature tel que donné à Paris dans les année 1980, à travers l’expérience de ma fille au lycée Henri IV : aussi bien à la préparation du baccalauréat qu’à celle des « concours », elle se lassa promptement des stériles repérages des anacoluthes et autres zeugmas en guise de vraie lecture, puis lors de la fureur linguistico-structuraliste, du décompte des adjectifs épithètes et attributs dans les phrases de Châteaubriand ou de Flaubert, se substituant à la simple explication littéraire. Avant d’y retrouver goût et plaisir, ma fille détesta longtemps la littérature qu’elle ne pouvait que confondre avec la mécanique (M.H.).

 

Michel Host

 


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A propos du rédacteur

Michel Host

 

(photo Martine Simon)


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Rédacteur. Président d'honneur du magazine.


Michel Host, agrégé d’espagnol, professeur heureux dans une autre vie, poète, nouvelliste, romancier et traducteur à ses heures.

Enfance difficile, voire complexe, mais n’en a fait ni tout un plat littéraire, ni n’a encore assassiné personne.

Aime les dames, la vitesse, le rugby, les araignées, les chats. A fondé l’Ordre du Mistigri, présidé la revue La Sœur de l’Ange.

Derniers ouvrages parus :

La Ville aux hommes, Poèmes, Éd. Encres vives, 2015

Les Jardins d’Atalante, Poème, Éd. Rhubarbe, 2014

Figuration de l’Amante, Poème, Éd. de l’Atlantique, 2010

L’êtrécrivain (préface, Jean Claude Bologne), Méditations et vagabondages sur la condition de l’écrivain, Éd. Rhubarbe, 2020

L’Arbre et le Béton (avec Margo Ohayon), Dialogue, éd. Rhubarbe, 2016

Une vraie jeune fille (nouvelles), Éd. Weyrich, 2015

Mémoires du Serpent (roman), Éd. Hermann, 2010

Une vraie jeune fille (nouvelles), Éd. Weyrich, 2015

Carnets d’un fou. La Styx Croisières Cie, Chroniques mensuelles (années 2000-2020)

Publication numérique, Les Editions de Londres & La Cause Littéraire

 

Traductions :

Luis de Góngora, La Femme chez Góngora, petite anthologie bilingue, Éd. Alcyone, 2018

Aristophane, Lysistrata ou la grève du sexe (2e éd. 2010),

Aristophane, Ploutos (éd. Les Mille & Une nuits)

Trente poèmes d’amour de la tradition mozarabe andalouse (XIIe & XIIIe siècles), 1ère traduction en français, à L’Escampette (2010)

Jorge Manrique, Stances pour le mort de son père (bilingue) Éd. De l’Atlantique (2011)

Federico García Lorca, Romances gitanes (Romancero gitano), Éd. Alcyone, bilingue, 2e éd. 2016

Luis de Góngora, Les 167 Sonnets authentifiés, bilingue, Éd. B. Dumerchez, 2002

Luis de Góngora, La Fable de Polyphème et Galatée, Éditions de l’Escampette, 2005