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Japon

Poèmes, Natsume Sôseki

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 27 Novembre 2017. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Poèmes, éd. Le Bruit du Temps, 2016, trad. chinois Alain-Louis Colas, 400 pages, 28 € . Ecrivain(s): Natsume Sôseki

 

Sôseki, plus connu sans doute comme romancier (Je suis un chat ; La Porte ; etc.), se voit ici pour la première fois publié en français pour ses 207 poèmes, écrits sur une longue période, de l’adolescence à sa mort en 1916, à 49 ans.

L’édition trilingue, copieuse en poèmes, copieuse en commentaires (sous la plume de A. L. Colas), en chinois classique, japonais, français, révèle un talent sûr, qui maîtrise les formes brèves (quatrains, huitains, entre autres, parmi les plus nombreux) et donne à ce lent cheminement aux abords du monde, de la nature, à la quête du soi, une allure de journal, proche de celui d’un Bashô, par exemple.

Notations pures, effets de saisons, sensations d’être traversent ces textes empreints autant de justesse que de constats paysagers et intimes.

L’abeille, Hideki Noda

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 22 Mars 2017. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre, Espaces 34

L’abeille, 2016, trad. japonais Corinne Atlan, 64 pages, 13 € . Ecrivain(s): Hideki Noda Edition: Espaces 34

 

La vengeance de monsieur Ido

En France, nous ignorons tout ou presque du théâtre japonais contemporain : nous en restons, par goût sans doute de l’exotisme, à l’héritage du Nô et du Kabuki alors même que nous nous passionnons pour les mangas ou le cinéma nippon actuels. Sans doute serait-il nécessaire de traduire à plus large échelle des pièces récentes que des compagnies monteraient pour qu’enfin le théâtre japonais contemporain rencontre un public nombreux. Hideki Noda est un des très rares auteurs à être présent sur nos plateaux mais encore de façon modeste au regard de la vingtaine de textes qu’il a écrits.

L’abeille est inspirée d’une nouvelle de Yasutaka Tsutsui, romancier de SF, acteur connu dans son pays. La pièce date de 2006 et a été traduite en 2013.

Durarara !! (tome 1), Narita Ryohgo

Ecrit par Priscila Selva , le Vendredi, 10 Mars 2017. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Durarara !! (tome 1), éd. Ofelbe, octobre 2016, trad. du japonais Nicolas Gouraud, 276 pages, 12,99 € . Ecrivain(s): Ryohgo Narita

 

Légendes urbaines, gangs, gens étranges et une motarde sans tête qui revient sans cesse : voilà tout simplement ce qui fait le charme quotidien du quartier de Ikebukuro à Tokyo. Sous les apparences d’un roman au prime abord un poil décalé tant le genre est particulier, Durarara !! se révèle être en réalité à mesure des pages qui s’envolent une aventure hors norme dans un Tokyo tout aussi délirant que inquiétant.

Il faut constater la première force de ce roman : Durarara !! n’est pas un livre pour la jeunesse qui s’embarrasse de douceurs sirupeuses et de petites histoires plates qui respectent la bienséance, c’est un roman exigeant et dépaysant qui s’attache à proposer une aventure étrange qui ne ressemble en rien à ce que l’on peut lire habituellement. Certes le synopsis de base ne surprend guère – un jeune garçon banal en soif d’aventures qui pourraient pimenter son quotidien – pour un roman que nous devinons facilement être d’apprentissage (le light novel grandissant avec son public au fur et à mesure de la publication des tomes).

Cristallisation secrète, Yôko Ogawa

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 17 Juin 2016. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Cristallisation secrète (in Œuvres-II), (Hisoyaka na kessho, 1994), trad. japonais Rose-Marie Makino-Fayolle, 1376 pages, 29 € . Ecrivain(s): Yoko Ogawa Edition: Actes Sud

 

L’écriture de Yôko Ogawa offre une caractéristique assez rare, celle de transmettre ou faire mûrir une paix et une tranquillité chez le lecteur que l’on trouve rarement, même dans les plus grandes œuvres. Cela ne veut pas dire qu’elle ne sait pas en même temps nous questionner et, assez paradoxalement, nous « inquiéter ». C’est particulièrement le cas avec ce récit publié pour la première fois en 1994. Un récit qui est par ailleurs double : la narratrice qui est le personnage central écrivant elle aussi des romans, un roman en particulier dans le temps de ce récit.

Nous sommes sur une île où, l’une après l’autre, les choses disparaissent. Ensuite, elles sont, ou plutôt elles doivent être oubliées. La police secrète veille d’ailleurs à ce que les choses oubliées disparaissent bien et pourchassent par ailleurs ceux qui ne parviennent pas à oublier ou s’y refusent. Ce sont alors eux qui disparaissent. On retrouve là quelque chose qui peut rappeler les anticipations inquiétantes d’un George Orwell (1984) ou d’un Ray Bradbury (Farenheit 451), voire, sur un autre registre, de Michael Ende (L’histoire sans fin).

Le Démon de l’île solitaire, Edogawa Ranpo

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 09 Novembre 2015. , dans Japon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Wombat

Le Démon de l’île solitaire, mai 2015, trad. japonais par Miyako Slocombe, 320 pages, 23 € . Ecrivain(s): Edogawa Ranpo Edition: Wombat

 

Un vrai régal ce roman, vraiment surprenant, un polar frisson d’une grande classe, au style limpide et très agréable à lire, qui parut d’abord en feuilleton dans les années 1929-1930 et qui n’a pas pris une ride, grâce peut-être aussi à une excellente traduction. On se laisse en tout cas très facilement happé par un suspense en tension permanente, avec un plaisir d’enfant, chaque énigme résolue ouvrant la porte à de nouveaux mystères. Minoura, le narrateur, est entraîné malgré lui dans cette histoire rocambolesque qui fera de lui un détective autodidacte, en tombant follement amoureux de celle qui sera la première victime d’un tueur énigmatique et ceci dans une chambre close, rappelant Le mystère de la chambre jaune.

Enquête, aventure, chasse au trésor et épouvante, le démon de l’île solitaire est un subtil mélange d’ambiances noires et romantiques, qui rappellent effectivement tout à la fois Conan Doyle, l’île du Docteur Moreau et Edgard Poe, le tout à la sauce japonaise. C’est tout à fait volontaire de la part de l’auteur, de son vrai nom Tarô Hirai, dont le pseudonyme fait référence justement à Edgard Poe. L’auteur aborde ici des sujets sensibles centrés sur le corps, comme la monstruosité, l’handicap physique, le rejet et l’homosexualité.