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Ébauche d’un Tristan, Jean-Claude Pecker (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) le 20.08.20 dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Ébauche d’un Tristan, Jean-Claude Pecker, Z4 Éditions, mars 2020, 262 pages, 18 €

Ébauche d’un Tristan, Jean-Claude Pecker (par Murielle Compère-Demarcy)


Ce nouveau livre de l’astrophysicien-poète Jean-Claude Pecker donne l’occasion de nous replonger dans « l’un des plus fascinants mythes de la littérature médiévale » au dire de l’auteur : le mythe de Tristan, ce preux chevalier breton au service du roi Mark de Cornouailles, tombé sous le charme d’Yseult la blonde. J.-C. Pecker souligne d’entrée « l’étrange parenté entre l’histoire de Tristan et la (s)ienne » et prévient : « Si les vers qui suivent semblent parfois n’avoir aucun rapport avec l’histoire de Tristan, que l’on sache bien que c’est à mon histoire qu’ils se réfèrent. À mes histoires plutôt… ». Autobiographies donc, déroulées dans le Poème d’une mythologie personnelle – ainsi se présente ce nouvel opus de Jean-Claude Pecker publié par les éditions Z4 de Daniel ZIV.

Ébauchée en Bretagne (cf. « Sur la falaise de Penmarc’h… »), cette histoire d’une vie construite/écrite en « mille images d’une », embarque le lecteur sur les flots d’un univers « qui tangue » comme la mer, « plein d’hommes et de femmes (…) qui ne vont nulle part » mais vont, errants dans la « multitude infinie », hommes-Ulysse au voyage sur le cheminement de leurs vies faites de « transmutations », de « plaisir d’amour », de printemps toujours à naître, hommes-poussières d’étoiles jetés dans l’univers infini, l’infini noir et le tohu-bohu des amours passagères.

Livré au « sable cruel du temps », le poète amoureux va et vient sans s’être jamais reposé sur la laisse, sauf, à l’heure/à bord de cette « liberté (qui lui) vient avec les ans », navigateur « sur une barque aux voiles noires/sur une barque aux voiles blanches » écumant l’abîme du temps « dans la prison des souvenirs » dont il ouvre les portes pour laisser s’écouler sur la page des larmes, sa tristesse, une « amère allégresse », « la tête ailleurs », ballotté/reposé comme un galet modelé par la mer

Au coin des mers

au coin des rues au coin des lois

une surprise au coin de moi

que ton regard bleu éperdu

la mer où je me suis perdu

au pied d’un flamboyant palais

la mer qui me roule galet

Composé de cinq chapitres – chapitres d’une vie –, Ébauche d’un Tristan tente d’écrire/d’inscrire le livre d’une vie voyageuse multipliée/déviée/mise sur orbite par l’amour, vie mobilisée en vérité et au fond par un seul amour pour une femme telle Yseult séparée et reliée à Tristan à la vie, à la mort : « j’ai connu mille femmes,  je n’ai aimé qu’une femme,/et je ne l’ai jamais reconnue… » écrit J.-C.

Pecker-Tristan, dans un aveu lyrique émouvant et lucide.

Faisant « le tour de (s)es amours », le trouvère/troubadour – chantre de l’Univers-Femme et des mystères de l’Infini qui nous immerge, nous porte, parfois nous abîme – se confie, après le silence assourdissant des orages, sur ces pages bruissantes d’amour « (…) splendeurs gonflantes de vents/qui passent laissant leur odeur », lui le poète

accroché aux touffes d’amour

que laisse la vie qui se heurte

aux branches de mes souvenirs

touffes d’espoir touffes de sang

Dans « le soir fou » ou « l’enfer » des amours cruelles comme elles le sont lorsqu’il leur arrive d’être malheureuses, ou dans le plaisir rouge « des mains qui se sont trouvées /et des doigts qui se sont parlé », dans « les émois purs des douces attentes », le poète-trouvère/troubadour-astrophysicien, mille rêveurs en un, cherche, puise, manie « l’étrange épée d’or fin » des mots et de la quête existentielle, jusqu’à redevenir l’« enfant réinventant l’amour »… Ici, « à tous les amants », J.-C. Pecker « adresse » comme Tristan « son salut : aux rêveurs, aux enamourés (…) à tous ceux qui liront (le Poème de) cette histoire : cette Ébauche accomplie d’un Tristan


Murielle Compère-Demarcy


https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Claude_Pecker

 


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A propos du rédacteur

MCDEM (Murielle Compère-Demarcy)


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Murielle Compère-Demarcy - publiant aussi sous le nom de MCDem. - est une poétesse, nouvelliste et auteure de chroniques littéraires et d'articles critiques.

Poésie

Atout-cœur, éditions Flammes vives, 2009

Eau-vive des falaises éditions Encres vives, collection Encres Blanches, 2014

Je marche..., poème marché/compté à lire à voix haute, dédié à Jacques Darras, éditions Encres vives, collection encres Blanches, 2014

Coupure d'électricité, éditions du Port d'Attache, 2015

La Falaise effritée du Dire, éditions du Petit Véhicule, Cahier d'art et de littérature, Chiendants, n°78, 2015

Trash fragilité, illustrations de Didier Mélique, éditions Le Citron gare, 2015

Un cri dans le ciel, éditions La Porte, 2015

Je tu mon alterégoïste, couverture de Didier Mélique, préface d'Alain Marc, 2016

Signaux d'existence suivi de La Petite Fille et la Pluie, éditions du Petit Véhicule, 2016

Le Poème en marche, suivi de Le Poème en résistance, éditions du Port d'Attache, 2016

Dans la course, hors circuit, éd. du Tarmac, 2017

Poème-Passeport pour l'Exil, co-écrit avec le photographe-poète Khaled Youssef, éd. Corps Puce, coll. Parole en liberté, 2017

Réédition Dans la course, hors circuit, éd. Tarmac, 2018

... dans la danse de Hurle-Lyre & de Hurlevent..., éd. Encres Vives, coll. Encres Blanches, n°718, 2018

L'Oiseau invisible du Temps, éd. Henry, coll. La Main aux poètes, 2018

Alchimiste du soleil pulvérisé, Z4 Éditions, 2019

Fenêtre ouverte sur la poésie de Luc Vidal, éditions du Petit Véhicule, coll. L'Or du Temps, 2019

Dans les landes de Hurle-Lyre, Z4 Éditions, 2019

L'écorce rouge suivi de Prière pour Notre-Dame de Paris & Hurlement, préface de Jacques Darras, Z4 Editions, coll. Les 4 saisons, 2020

Voyage Grand-Tournesol, avec Khaled Youssef et la participation de Basia Miller, Z4 Éditions, Préface de Chiara de Luca, 2020 [262 p.]

Werner Lambersy, Editions les Vanneaux, 2020

Confinés dans le noir, Éditions du Port d'Attache, illustr. de couverture Jacques Cauda ; 2021

Le soleil n'est pas terminé, Editions Douro, avec photographies de Laurent Boisselier. Préface de Jean-Louis Rambour. Notes sur la poésie de MCDem. de Jean-Yves Guigot. Illustr. de couverture Laurent Boisselier, 2021

L'ange du mascaret Murielle Compère-Demarcy (avec prologue de Laurent Boisselier) aux éditions Henry coll. grand format ; 2022.