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Danses du destin, Michel Vittoz (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil le 29.10.19 dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Danses du destin, Michel Vittoz, Quidam, Coll. Les Âmes Noires, octobre 2019, 241 pages, 19 €

Danses du destin, Michel Vittoz (par Jean-François Mézil)

 

J’avoue ne pas être grand clerc en romans noirs et policiers, et je n’avais encore rien lu de Michel Vittoz. J’ai choisi avant tout ce livre par intérêt pour l’éditeur, Quidam, dont j’ai apprécié plusieurs parutions.

Si l’on veut résumer l’histoire en un mot, on dira que c’est un parricide. La victime est Jacob Lowenstein qui « avait fait des tas de trucs pendant la guerre ». Le coupable, Nathan. Mort violente avec intention de la donner, mais sans savoir que c’était son père, dirait l’homme de justice qui, en son temps, avait ouvert le procès d’Œdipe.

Un thème qui paraît hanter Michel Vittoz, homme de théâtre et donc porté vers la tragédie, puisqu’il avait déjà écrit, il y a près de trente ans, Œdipe à Paname. L’envie de ressusciter leurs personnages tente parfois les écrivains.

En marge de l’histoire, l’auteur égrène quelques réflexions. Ainsi, le roman est vu comme l’art de manipuler le lecteur : « Un bon roman manipule en douceur son lecteur. L’auteur le conduit où il veut et, si la trame est bien construite, le lecteur se laisse mener comme un enfant et, en plus, il adore ça ».

C’est rondement mené, avec des trouvailles qui donnent de l’entrain au propos. Un montage qu’on dira cinématographique et dont les scènes sont de courts chapitres. Avec, en filigrane, le ressort de la tragédie et l’empreinte de l’Ananké.

Ici et là, une montée de rythme maintient l’adhésion du lecteur : « Il avait su réveiller [la haine] chez Lowenstein et maintenant, elle était là, flamboyante, et c’était elle maintenant qui s’était emparée de lui. Il n’était plus manipulé que par sa propre haine ».

Quelques pointes d’humour égayent les chapitres :

« Un poisson des profondeurs, toxique et terriblement inquiétant, familier de ces eaux troubles où le pouvoir, la pègre et l’argent se distribuent leurs cartes comme dans un club de bridge ».

« Il avait l’air tout étonné de regarder le plafond à travers un pic à glace ».

Un humour parfois grinçant : « Pendant la guerre d’Algérie, on le surnommait “la Fourchette”, non pas à cause de sa passion pour la gastronomie, mais en raison de sa “spécialité” : arracher les yeux des prisonniers avec une fourchette ».

De réelles qualités d’écriture. Un sens du coup de théâtre.

Bref, un moment de lecture agréable.

 

Jean-François Mézil

 

Michel Vittoz est l’auteur des romans Œdipe à Paname (10/18 Christian Bourgois Éditeur 1990. Point de Mire 2002). La Conversation des morts (en 7 volumes) : L’Institut Giuliani (tome 1, Buchet Chastel), Grand Prix du Roman de la Société des Gens de Lettres 2002 (source : éditions Quidam).

 

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A propos du rédacteur

Jean-François Mézil

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Jean-François Mézil est né à Cannes. Il vit et écrit à Lautrec. Il a publié, à ce jour, trois romans.