Dans un jour ou deux, Tony Vigorito
Dans un jour ou deux, 360 p, 23,50 €
Ecrivain(s): Tony Vigorito Edition: GallmeisterQuel drôle de livre que ce Un jour ou deux !
Tout commence par un graffiti. Blip, professeur de sociologie en passe de perdre son emploi, et meilleur ami du narrateur du livre, Fountain, devient soudainement un adepte du graffiti. Sous un pont, il écrit à la peinture blanche les mots « OH OH ». Le graffiti a un effet inattendu, provoque réactions et interrogations.
« Le graffiti de Blip offrait aux gens quelque chose à partager, si bizarre fût-elle, et un esprit de corps littéralement inédit se pose sur la ville comme un enivrant nuage de gaieté ».
Puis quelqu’un écrit une réponse : « Quand ».
Et Blip d’inscrire ensuite : « Dans un jour ou deux ».
Mais que va-t-il se passer dans un jour ou deux ? Blip a une intuition. Un complot mondial est en route. Un complot mondial ??? Mais quand un champignon est pour lui une sonde extraterrestre, on peut penser qu’il souffre d’une légère paranoïa.
Quoique…
Le narrateur, Flake Fountain, est lui un éminent généticien. A quoi ressemble-t-il ? Tony Vigorito se fait un plaisir de ne le révéler qu’au bout de 200 pages pour dire vous ne vous attendiez pas à ce qu’il ressemble à ça ? Et provoque du coup une petite surprise…
Fountain se retrouve bientôt aux mains de l’armée. Il doit travailler sur un virus baptisé « Le Jouer de flûte » qui frappe d’une folie douce ses victimes avant de les rendre mutiques. Car d’un coup, elles voient leurs capacités de communiquer disparaître.
Fountain est enrôlé pour trouver un antidote. Il devra être enfermé 24h sur 24, 7 jour sur 7, sans aucun contact avec l’extérieur. Il hésite, mais un chèque de dix millions de dollars lui est proposé. En plus, Blip fait volontairement partie des cobayes qui vont être soumis au virus pour prouver la justesse de son intuition concernant le complot…
Mais on fait aussi bien comprendre à Fountain que s’il refuse, l’armée ne fera pas de sentiments avec lui. Il en sait déjà trop. Alors, soit il a plus qu’intérêt à accepter…
L’ouvrage de Tony Vigorito est drôle, parfois très drôle. Un bon gros délire mené tambour battant qui n’est pas sans évoquer le Dr Folamour de Kubrick. Les personnages sont savoureux, les dialogues percutants, les situations absurdes et désopilantes.
Malheureusement, c’est surtout vrai dans la première moitié du livre. Ensuite, le récit a un peu tendance à s’essouffler. Le narrateur est trop souvent en roue libre. Il divague, multiplie les digressions, souvent absurdes et bien senties, mais qui ne servent pas nécessairement l’intrigue, et qui auraient sans doute gagné à être un peu coupées.
Cet essoufflement correspond, sans trop dévoiler l’intrigue, à un moment où Blip est beaucoup moins présent dans le récit. Ce qui peut amener écrivains et apprentis écrivains à s’interroger sur la manière dont on construit un récit et l’on met en place ses personnages. Quand vous avez un personnage secondaire fort, très fort, qui bouffe même votre personnage principal, n’y a-t-il pas un risque à l’écarter à un moment ou un autre ? Ne risque-t-on pas d’affaiblir son récit s’il n’est pas là ? Comment rebondir alors ? Les questions sont posées.
Yann Suty
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