Amour, Matt de la Peña, Loren Long (par Yasmina Mahdi)
Amour, Matt de la Peña, Loren Long, éditions D’eux, mai 2020, trad. Paule Brière, 40 pages, 16 €
Scènes d’espoir et d’amitié
Matt de la Peña, né en Californie, formé à l’Université du Pacifique et à l’Université d’État de San Diego, est un romancier, un nouvelliste de science-fiction, de fantasy, distingué pour le meilleur livre pour enfants (médaille Newberry 2016 et médaille Caldecott 2016). Quant à Loren Young, né dans le Missouri, diplômé en graphisme de l’Université du Kentucky, auteur-illustrateur de renom aux États-Unis, il a reçu le prestigieux Golden Kite Award en 2004 du meilleur illustrateur. De leur collaboration est né le très bel album intitulé Love/Amour. La couverture cartonnée (24,8 x 28,6 cm) offre au recto un paysage limpide admiré par un enfant et son père, et au verso, le reflet d’une silhouette enfantine dans une flaque d’eau. Loren Long a produit dix-sept magnifiques planches pleine page, remarquables par l’onctuosité de la touche acrylique, le modelé des formes et des ombres portées, l’incidence des lumières, solaires, spectrales, nocturnes, hivernales, la fluidité de la technique à l’estompe des arrière-plans. Le texte de Matt de la Peña est une ode à l’amour : l’amour filial, l’amour conjugal, l’amour compassionnel.
L’eau occupe une place de choix dans les compositions, du jet d’eau des artères de la ville, jaillissant des bouches d’incendie, aux eaux calmes du lac, de la pluie et de la neige. L’image du petit groupe arrosé par la borne-fontaine n’est pas sans rappeler les photographies de rue de William Klein. L. Long n’hésite pas à brosser les portraits d’une classe moyenne et laborieuse, d’handicapés et de musicien ambulant, dans les lieux publics, les habitations pavillonnaires, les mobile homes. Les jeunes lectrices et lecteurs vont découvrir un monde contemporain, au vu des vêtements, des attitudes des personnages, des modes de vie. Le multiculturalisme issu du creuset démographique américain est présent dans les visages de types latino-américain, indien, afro-américain, etc. Les confessions de foi (christianisme, islam) sont signalées de façon explicite par une croix, une figure christique ; ailleurs, un hidjab.
Les camaïeux de jaune, couleur chaude, contrastent avec les tonalités froides des bleu-violet et des bleu-vert de la nature. Des aplats de rose fraise (couleur fétiche associée à l’enfance, à la tendresse, à la fillette), de Garance, sont utilisés pour les vêtements et les objets. De courtes fables poétiques complètent les scènes de genre intimistes, depuis un appartement, un coin de jardin, une vue de la cité par la fenêtre ou depuis les toits. Le style de l’auteur-illustrateur a une filiation avec le registre artistique de peintres comme Andrew Wyeth, Thomas Hart Benton (le professeur de J. Pollock). Les valeurs prônées proviennent des vertus théologales, foi, espérance et charité – en Russie, espoir et amour.
L’histoire peut être appréhendée dès l’âge de sept, huit ans.
Yasmina Mahdi
- Vu : 1396