1557, Jean-Pierre Croset
1557, éd. Zinedi, mai 2016, 280 pages, 22 €
Ecrivain(s): Jean-Pierre Croset
Préfacé par Xavier Bertrand, maire de Saint-Quentin et Président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, le roman narre un épisode trop peu connu de l’Histoire de France, à savoir le siège de cette bourgade picarde de 8000 âmes par l’armée impériale espagnole de Philippe II, commandée par Emmanuel-Philibert de Savoie, qui eut lieu du 2 au 29 août 1557. Saint-Quentin finit par capituler, mais les semaines gagnées entraînèrent l’affaiblissement de l’ennemi, et Philippe II renonça à marcher sur Paris. Le récit se poursuit par les aventures des deux héros, Anne Dassonville et Guillaume de Rhuis, dans le Paris d’Henri II, de Catherine de Médicis et au château d’Anet de Diane de Poitiers, et jusqu’à Florence et Rome.
Dans la première partie, le texte de Jean-Pierre Croset séduit par de minutieuses descriptions de combat, très documentées, et par un lexique soigné qui reproduit et informe sur les usages de la guerre à la Renaissance, avec des notes de bas de page précisant l’acception des termes d’époque :
« Les Français continuaient à ferrailler à grands coups d’estoc et de taille. […] il amenait son adversaire le dos entre deux créneaux et, profitant que celui-ci allonge sa botte mais manque son but, poussait de toutes ses forces le bretteur déséquilibré du haut de la muraille ». On apprend que les « couleuvrines » sont des canons de petit calibre, que les « morions » sont des casques surmontés d’une crête tandis qu’une « bourguignotte » est un casque de fer d’origine bourguignonne, variante de la « salade », et un « gorgerin » une pièce d’armure protégeant la gorge et la clavicule.
On trouve parmi les protagonistes un soudain rappel de ceux de La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette : « Vers le milieu du jour, le prince de Condé fit avertir Montmorency de la traversée rapide de la rivière par l’ennemi. […] Le duc de Nevers, envoyé pour éclairer la situation dans la plaine de Neuville, découvrit depuis une hauteur l’avancée de la cavalerie ennemie semblable à un long ruban[…] ».
L’intrigue, qui se diversifie dans la deuxième moitié du roman, est allègrement menée, avec une verve proche de celle de Dumas dans ses Trois Mousquetaires ou de Gautier dans son Capitaine Fracasse. Les codes du roman de cape et d’épée sont respectés : nombreux rebondissements amoureux, péripéties d’ordre politique et place importante accordée aux duels, aux joutes et aux combats d’infanterie. Malgré la tension du sujet et la description de nombreuses scènes dramatiques et sanglantes, le ton est vif, la plume alerte, ce qui fait de ce roman historique, autant qu’un ouvrage de fond, un ouvrage au style puissant et soigné duquel l’érotisme n’est pas absent.
Toutefois, au-delà des histoires d’amour et d’amitié qui se nouent et se dénouent, au-delà de l’Histoire de France qui s’écrit, si l’on devait mettre en relief, en guise de conclusion, une devise pour l’ouvrage de Jean-Pierre Croset, ce serait la belle citation gravée sur le monument à la gloire des habitants de la ville de Saint-Quentin : « Civis murus erat », ce qui peut être traduit par « Les citoyens sont nos murs». En ce début de XXIe siècle où la démocratie est parfois mise à mal, cette phrase prend une valeur intensément moderne.
Sylvie Ferrando
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