Nouvelles vénitiennes, Dominique Paravel
Nouvelles vénitiennes, 185 pages, 2011
Ecrivain(s): Dominique Paravel Edition: Serge Safran éditeurQu’est-ce qui se trame ici ? Ce petit livre précieux est écrit comme on tisse, l’enchevêtrement des histoires correspond au dédale des rues de Venise, ville morte, ville vive, ville labyrinthe. A travers les âges et les saisons, la narratrice nous fait suivre un fil conducteur, le double fil de l’art et de l’amour. Du tailleur de pierre qui remporte le pari d’ériger les piliers de granit, obtenant la jouissance de l’espace entre eux, au peintre dont le portrait de jeune homme passe d’une histoire à l’autre, échouant là où on ne l’attend pas, à Viola, sculptant un ange pour un monument funéraire, et guidant son interlocuteur par mobile interposé, dans les rues-dédale de Venise.
Un livre qui donne envie de s’élargir à l’espace et au souffle de cette ville, de la (re)visiter, de la (re)découvrir, aussi de l’intérieur, d’écouter quelles musiques elle donne à entendre, quels tableaux elle donne à voir… comme le photographe (é)perdu de la dernière nouvelle avec lequel son rédacteur en chef fait un marché : des photos de Venise contre un reportage rêvé au Mexique, et qui ne trouve rien à photographier tant Venise se montre belle de partout, mais aussi attendue de partout.
Une femme passe, profil perdu, la femme, thème majeur de ce recueil, la femme initiatrice, la femme qui s’entremet, la femme aussi dédoublée, qui (se) masque et (se) dévoile.
On sort de ce recueil avec l’impression insistante, lancinante, d’avoir reconnu là quelque chose dont le nom échappe, pourtant prégnant, qu’il est urgent de vérifier.
Il n’est pas indifférent, à ce titre, que l’ultime histoire fixe ce vertige : « Il l’a tenue un instant dans le cadre puis a baissé l’appareil. Viola debout à côté de l’ange, son visage assombri de fatigue, son regard lumineux » (p.185).
Anne MORIN
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