Mon prochain est un arbre, Francine Charron
Mon prochain est un arbre, Ed. L’Arachnoïde, avril 2014, 64 pages, 13 €
Ecrivain(s): Francine Charron
Francine Charron écrit la fragilité des êtres, et des rencontres entre ces êtres.
« peur dans la peur, noir dans le noir,
tu coupes et tu retranches les bras vifs de la nuit ».
Pour ne pas perdre l’autre, on est prêt à tout, à « nourrir la fosse… veiller l’argile sur tes lèvres qui enfoncent… je veux bien creuser ma plaie, qu’elle te couvre… »
Entre feu des passions et soleils d’ombres, nerfs tendus entre angoisse et désir, le désespoir se creuse et fait son trou à l’intérieur, là où il avait déjà une place « mère… j’ai appris ta leçon dure ».
« Moelle blanche des nuits
sous nos masques, la chair
rets du ciel où nous avons baigné
nos salives, nos semences
C’était partager au moins
la même mort »
Quand la perte est consommée, il ne reste qu’à se laisser glisser, la perte de l’autre s’apparente alors à la perte de soi, à la fragilité de l’existence même.
« Je ne vais plus
aux chutes tordre le linge
n’habille plus les tempêtes
ne couvre plus les puits
il me reste
non la beauté du vide, mais le vide
que laisse toute beauté
le rêve
de me passer des rêves »
Faut-il alors que la fugacité de nos vies s’entende dans ce titre Mon prochain est un arbre à l’image de celle de nos amours, de nos relations à l’autre ?
« Mon prochain est un arbre
la paume ronde d’une colline
est une vapeur issue des lèvres »
Francine Charron passe alors de l’amour singulier qui pousse jusqu’à la mort sa renonciation, son crime, à l’amour de la langue, comme possible résurrection.
« Dans la langue des autres
tirée de leurs jours de pluie
nous sommes
de ce monde immobile et mutant
du silence et du refus
à se taire/ou se taire
sans aller plus loin que le poème, je remonte
à sa morsure »
Marie-Josée Desvignes
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