Les Bouquinistes, Thomas Morales (par Philippe Chauché)
Les Bouquinistes, Thomas Morales, Éditions Héliopoles, septembre 2024, 208 pages, 22 €
Ecrivain(s): Thomas Morales
« Les trainards s’y arrêtent souvent, palpent une couverture, s’amusent d’un titre, se souviennent d’un auteur retrouvé et, pour quelques pièces, repartent avec un morceau de Paris » (Les Bouquinistes).
« On se love dans son écriture saignante, faite d’arabesques et de précisions d’entomologiste » (Courteline).
« Il met le feu à chaque page » (Chaval).
« Carlos était un seigneur russe qui aimait la pêche, Jean Rostand, Sidney Bechet, le homard, les voyages et les lumières de la Crimée » (Carlos).
« La voix de Salvatore, ce torrent de rocailles, agit comme un détonateur, il révèle nos failles, les explose à la dynamite, nous met à nu et nous apaise » (Salvatore Adamo).
Ce recueil, ce livre de chroniques éblouissantes, est dédié, comme son nom l’indique, aux bouquinistes des bords de Seine à Paris, dont les boites rayonnantes aux milles secrets ont manqué être un temps rayées de la carte du Paris des curieux, des flâneurs, des amoureux, des collectionneurs, des cinéastes, et des écrivains, poussées dans la Seine par les Jeux Olympiques, mais la raison, et quelques anges lecteurs, l’ont emporté. Pour notre plus grand plaisir, Thomas Morales, le Monsieur Nostalgie de nos temps bavards et vulgaires, ouvre ses boites à souvenirs, boites à livres évidemment, mais aussi à crayons, à musiques, à bobines, à roulettes, à écrans et à secrets, et s’avancent alors, sous la lumière d’un rouge coucher de soleil sur la Seine, des écrivains oubliés, des chanteurs moqués, ou encore des acteurs étourdissants et virevoltants. Leurs noms sont tout un roman français, peut-être oubliés, mais Thomas Morales se charge de les rappeler à notre mémoire, de les faire vivre sous sa plume alerte, qui est une machine à remonter le plaisir de lire, de chanter, de jouer la comédie. En voici un petit florilège : René Goscinny – Ce bourgeois timide et rieur avait des manières de seigneur –, Sacha Distel – Avec Sacha, la vie ressemblait à un roman de Sagan –, Maria Pacôme – Le fantaisiste est en déséquilibre permanent –, Aldo Maccione – Aldo, le dragueur classe, fut et reste notre bain de minuit –, Pierre Dac – Un humour juif patiné de cabarets montmartrois et mâtiné de fog anglais.
Thomas Morales est un moraliste rieur, pétillant et piquant, un collectionneur de portraits, un hussard sur les toits ornés d’or et d’argent, il possède l’art du croquis à la pointe inspirée, du dessin fidèle, vif, envolé, il a la main libre, l’oreille fine et l’œil brillant, et une mémoire vivante de nos chers disparus et des grands oubliés. Il est d’un ancien monde, c’est un antimoderne passionné de voitures italiennes et de vespas, de jolies comédiennes, de films démodés qui ne rêvaient pas de changer le monde, de chanteurs charmeurs et charmants. Les Bouquinistes est le troisième et dernier volet d’une trilogie commencée en 2022 avec Et maintenant, voici venir un long hiver…, suivi de Monsieur Nostalgie (1), deux livres heureux et qui rendent heureux ses lecteurs par des chroniques hors mode, mais jamais hors sol, sans la moindre moraline, avec la plume de l’admiration, tout un art, en ces temps où le dénigrement, l’insulte et la vulgarité, sont monnaie courante. A la manière d’un couturier, Thomas Morales est un styliste, précision du trait et de la coupe, pertinence des couleurs et des assemblages, des phrases et des mots, finesse des références, avec cette touche supplémentaire qui vient du cœur et des admirations. On l’imagine sous la Coupole dans un discours bref et lumineux rendant hommage aux illustres immortels, dans une envolée lyrique et rieuse, sous les regards reconnaissants des vivants et des morts.
« Il en faut du génie (pour Trenet, le mot n’est pas trop grand) pour préférer le bonheur au chaos, bien que les deux se rejoignent parfois dans ses lyrics (Charles Trenet).
« Il réussissait le tour de force, d’être à la fois étranger à ses personnages et admirable de justesse, instable et cependant toujours aussi invariablement impénétrable » (Jean-Louis Trintignant).
Philippe Chauché
(1) https://www.lacauselitteraire.fr/monsieur-nostalgie-thomas-morales-par-philippe-chauche
Thomas Morales est également l’auteur de : Belmondo et moi ; Noblesse du barbecue (Nouvelles lectures) ; Un été chez Max Pécas ; Ma dernière séance, Marielle, Broca, Belmondo (Pierre-Guillaume de Roux).
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