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L’art de rendre les femmes fidèles, Aurélien Scholl

22.09.14 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Mille et une nuits

L’art de rendre les femmes fidèles, août 2014, 56 pages, 2,50 €

Ecrivain(s): Aurélien Scholl Edition: Mille et une nuits

L’art de rendre les femmes fidèles, Aurélien Scholl

 

Mission impossible !

Les éditions Mille et une nuits publient un court opus d’un auteur tellement oublié que je croyais que c’était un débutant. Or il est mort depuis 1902.

Aurélien Scholl appartient à cette catégorie des chroniqueurs étincelants qui apparurent avec l’essor de la presse à grand tirage au 19è siècle.

L’art de rendre les femmes fidèles se lit facilement et la misogynie (feinte ou réelle) de l’auteur amuse, même si certains propos datent un peu. Toutes les femmes lui semblent infidèles mais il n’y a rien à faire pour y remédier car « l’homme et tous les autres singes ne sont pas faits pour vivre seuls ».

Et la conclusion à laquelle il parvient mérite un détour. Seul un mari peut rendre sa femme fidèle : en étant jaloux, ombrageux, grossier et brutal. « A ces conditions, sa femme sera fidèle… à son amant ! »

Pour la nouvelle publication de ce texte édité en 1860, Mille et une nuits a choisi de le faire suivre d’un courte postface signée Jérôme Verain qui l’a malicieusement intitulée « l’art de faire fi d’elles ».

Et là, c’est un florilège des méchancetés dont a accouché la plume de Scholl. Un homme qui tâchait d’avoir de l’esprit « mais je n’eus que l’esprit d’exception, le mot blessant, la raillerie amère ». Un grand optimiste qui semblait penser que seul peut être heureux en ménage l’aveugle qui a épousé une femme laide. Que le seul moyen de ne pas être trompé longtemps est de se marier avec une jeune épouse mais très vieux.

Parmi ses railleries amères : « la fourrure c’est une peau qui change de bête ». Si les femmes restent sa cible favorite, il n’épargne pas les hommes : « Il n’y a plus que les ouvriers qui aient le courage d’épouser des filles sans le sou ». Les riches attendent une dot.

Ce petit livre, vendu au prix dérisoire de 2,50 €, se lit vite et il distrait. Ce n’est pas si mal. Et nettement mieux que de s’abîmer dans les vomissures de la vénale Trierweiller.

Parodiant Aragon, Jean Ferrat chantait : « la femme est l’avenir de l’homme ». On pourrait rectifier ainsi : la femme infidèle est l’avenir de l’homme cocu.

 

Fabrice del Dingo

 


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A propos de l'écrivain

Aurélien Scholl

 

Né en 1833, Aurélien Scholl a publié, dès l’âge de quinze ans, des poèmes d’inspiration socialiste (sic) dans la presse. Monté à Paris en 1851, il collabore à divers journaux avant de créer, en 1863, Le Nain jaune. Il écrit des critiques littéraires et des chroniques souvent acerbes qui lui valent de nombreux ennemis et quelques duels. Il est l’auteur de romans, de pièces, de pastiches et de textes en tous genres. Dans les années 1880, il collabore au journal de Clemenceau La Justice ; ils partagèrent la même maîtresse, la comédienne Léonide Leblanc, qui fut également celle du Prince Napoléon et du duc d’Aumale. Cette actrice accorte ne régla jamais ses comptes avec ses anciens amants comme le font les gourgandines de nos jours. Aurélien Scholl meurt en 1902.