Je suis Kurde !
Souffles…
La fierté est kurde. Le courage aussi. J’ai toujours adoré la littérature kurde, la musique et la nature pittoresque. Quand j’ai lu il y a de cela quelques mois Foukahaou adhalam (Fekihs de l’obscurité) ou Hiyyaj el-iwaz (Furie des oies), deux romans de Salim Barakat, je me suis demandé : d’où puisent-ils ces écrivains kurdes leurs forces et leur magie des mots, leur courage inégalé ?
Aujourd’hui, avec ce qui se passe en terre des Kurdes et sur ses frontières arabes, j’ai parfaitement compris le génie de ce peuple forgé dans la tragédie historique. Cette belle littérature tire son secret de la femme et de l’amertume de sa tragédie historique.
Kobané, plutôt le combat dans cette ville extraordinaire, nous a bien expliqué, nous a bien indiqué l’origine de ce feu sacré qui alimente la littérature kurde. Le combat de Kobané est une leçon pour Arabes, pour Turcs et pour les Iraniens qui perpétuent dans leur mépris envers les Kurdes. Qui continuent dans l’exclusion d’un peuple avec tout ce qu’il a d’histoire et de géographie. En somme ils persistent dans leur colonisation du pays des Kurdes.
À travers les siècles, le peuple kurde a été triplement opprimé, par les Arabes de la Syrie et d’Irak, par les Turcs et par les Iraniens. Pour la première fois, en ces jours de Kobané la brave, les Arabes parlent sans complexe de supériorité, des Kurdes. Les Kurdes libérateurs ! Voici le peuple opprimé, femmes et hommes en train de protéger les Arabes despotiques et de libérer les terres arabes menacées par Daech. La femme kurde, sur la première ligne du front, avec courage et détermination, libère les Arabes et leur terre des mains de Daech. L’honneur kurde est une femme.
Aujourd’hui, au moment où les Arabes se cachent dans les villes, dans les zones vertes protégées par les Américains, les chiens, les avions sans pilote et les satellites, les femmes et les hommes kurdes font barrage à la peste de Daech et ses dérivés. Même privés, même interdits de construire un pays indépendant, un pays pour eux, propre à eux, les Kurdes n’ont pas reculé pour défendre la liberté menacée par Daech. Pour défendre les enfants et la terre des enfants et des ancêtres. Pour défendre leurs terres et celles de leurs despotiques. Dépossédées de leur langue, face à Daech, les femmes kurdes n’ont pas hésité à défendre les écoles, la matrice et la vie.
Et avec enchantement, je relis Foukahaou adhalam (Fekihs de l’obscurité) de Salim Barakat.
Suivant la libération de Kobané, sur les écrans, par les femmes kurdes, j’imagine la liberté avec un pantalon large. Et le plus beau poème ressemble à cette femme kurde armée, ornée, d’une kalachnikov.
Le défi est une femme kurde.
Dans une fatwa, Daech et ses pairs disent : « Un musulman tué par une femme, même dans une guerre sainte, n’accédera jamais au paradis ». Donc la femme kurde de Kobané les a tous envoyés en enfer ! Tous en enfer.
Et je relis Salim Barakat. Et je suis kurde.
Amin Zaoui
(Souffles in "Liberté" Alger)
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