Identification

Indalo, Christian Saint-Paul

Ecrit par Cathy Garcia 16.06.15 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Encres vives

Indalo, avril 2015, Format A4, 16 pages, 6,10 €

Ecrivain(s): Christian Saint-Paul Edition: Encres vives

Indalo, Christian Saint-Paul

 

C’est à une très belle flânerie andalouse que nous convie Christian Saint-Paul dans ce 441ème Encres Vives, placé sous le signe de l’indalo, la figure préhistorique qui est devenue le symbole de la ville et de la province d’Almeria, et qu’on pouvait déjà voir peint sur les maisons en guise de protection contre les orages et le mauvais œil. Christian Saint-Paul a le don de nous faire vivre les paysages, les lieux et leur histoire au travers de son regard de poète doublé d’un talent de conteur, et il ne fait pas que raconter ce qu’il a vu, il nous le fait voir, littéralement, c’est-à-dire ressentir aussi.

« La nuit encore/le soleil étouffant/mutile la fermentation du sommeil/Nous vivons désormais/lovés dans ce désert/où la terre n’est que/poussière montant au ciel/ »

Christian Saint-Paul a le regard d’un poète convaincu, tel Machado, de l’absolu nécessité d’être homme, en toute humilité, un homme à qui rien n’échappe, ni la beauté des lieux ni « des îlots d’immeubles/parsemés le long d’avenues/vides – sans utilité–/témoignent de la chute folle de la finance ».

Le poète ne fuit pas le malaise, il l’affronte, le dénonce et ainsi « Nous apprenons à apprivoiser le vide/créé par l’appétence de l’homme ».

Pas d’Andalousie sans l’ombre de Llorca, pas d’Espagne sans le souffle fiévreux d’un Don Quichotte, les eaux fortes de Goya et les « yeux noirs de feu névrotique » d’un Cordobés. Christian Saint-Paul nous emporte à la rencontre de l’âme andalouse, du duende tapi dans ses tréfonds. Une âme trempée « dans le souffre du soleil ». Ombre et lumière, voilà l’Andalousie et « la Bible infinie des étoiles ».

Des pierres, des fantômes et des Vierges tristes, des enfants vifs sous des peaux brunes, de la ferveur et des brasiers lumineux. Des plaies de guerre, le sang des fusillés et des religions qui se côtoient dans de grands jardins, où coulent des fontaines, des forteresses et « les indénombrables châteaux en Espagne ! », des prières et « des rancœurs d’un autre âge qui agitent les cargos aux amarres ».

Indalo est un beau périple, oui, qui ne peut laisser indifférent, car pourrait-il y avoir meilleur guide qu’un poète amoureux de la terre qu’il foule, et dont il sait voir, tous temps confondus, l’endroit et l’envers, le visible et l’invisible, le bonheur comme les larmes ?

 

Cathy Garcia

 


  • Vu : 2954

Réseaux Sociaux

A propos de l'écrivain

Christian Saint-Paul

 

Christian Saint-Paul est un poète véritablement passionné de poésie, de la poésie qui met l’humain et la relation à l’autre au premier plan. Il anime depuis plus de 25 ans l’émission, « Les Poètes » (le jeudi de 20h30 à 21h) sur Radio Occitanie (98.3 Mhz) avec son compère Claude Bretin, et de nombreuses émissions ont été consacrées à la poésie du monde (on peut les réécouter ici : http://www.lespoetes.fr/emmission/emmission.html). Il avait créé sa revue Florilège avec un autre poète, Michel Eckhard, dans le courant des années 60. Brel avait accepté de les parrainer. Nous sommes encore avant 68, Christian Saint-Paul entre alors à Sciences Po, mais s’engage aussi activement dans la lutte antifranquiste. Il créera une autre revue, Poésie toute, et plus tard encore en 1983, Le Carnet des Libellules où il publiera de nombreux auteurs.

Christian Saint-Paul a publié :

Les peupliers (Jeune Force Poétique Française éd., 1966)

Les murènes monotones (Jeune Force Poétique Française éd., 1967)

L’homme de parole (Caractères éd., 1983), préface de Michel Eckhard

Prélude à la dernière misogynie (De Midi éd., 1984), avant-propos de Jean Rousselot, couverture illustrée par Gil Chevalier et illustrations intérieures de Jean-Pierre Lamon et de Lucie Muller

Les murènes noyées (Carnets des Libellules éd., 1985)

Les murènes monotones (De Midi/Poésie Toute éd., 1987)

Transgression (Carnets des Libellules éd., 1987), préface de Claude Vigée

A contre-nuit (La Nouvelle Proue éd., 1988), préface de Jean-Pierre Crespel

Tendre marcotte (Carnets des Libellules éd., 1988), avant-propos de Michel Eckhart

Les ciels de pavots (Encres Vives éd., 1991)

Pour ainsi dire (Encres Vives éd., 1992), préface de Jean Rousselot

Akelarre, La lande du bouc (Encres Vives éd., collection Lieu N°108, 2000)

L’essaimeuse (Encres Vives éd., 2001)

Ton visage apparaît sous la pluie (Encres Vives éd., collection Encres Blanches N°61, 2001), couverture illustrée par Patrick Guallino, postface de Alem Surrre-Garcia

L’unique saison (Poésies Toutes éd., 2002), préface de Gaston Puel, postface de Monique-Lise Cohen

Des bris de jours (Encres Vives éd., 2003), couverture illustrée par Christian Verdun, postface de Michel Cosem

L’enrôleuse (Encres Vives éd., 2006), postface de Georges Cathalo

Tolosa melhorament (Encres Vives éd., collection Lieu N°184, 2006), édition bilingue occitan/français, postface de l’auteur

Entre ta voix et ma voix, la malachite noire de la voix d’une morte (Multiples, 2009)

Les plus heureuses des pierres (Encres Vives éd. N°361, 2009)

Vous occuperez l’été (Cardère éditions)

Hodié mihi, cras tibi (Encres Vives éd., Collection Lieu n°217, 2010)

 

 

A propos du rédacteur

Cathy Garcia

 

Lire tous les articles de Cathy Garcia

 

Rédactrice

Domaines de prédilection : littérature française et étrangère (surtout latino-américaine & asiatique)

Genres : romans, poésie, romans noirs, nouvelles, jeunesse

Maisons d’édition les plus fréquentes : Métailié,  Actes Sud

 

Née en 1970 dans le Var.

Premier Prix de poésie à 18 ans. Premiers recueils publiés en 2001.

A Créé en 2003 la revue de poésie vive NOUVEAUX DÉLITS. http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com

Fin 2009, elle fonde l’association NOUVEAUX DÉLITS :

http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/

Plasticienne autodidacte, elle compose ce qu’elle appelle des gribouglyphes,  mélange de diverses techniques et de collages. Elle illustre plusieurs revues littéraires et des recueils d’autres auteurs. Travail présenté publiquement depuis fin 2008 et sur le net :

http://ledecompresseuratelierpictopoetiquedecathygarcia.hautetfort.com

Elle s’exprime aussi à travers la photo, pas en tant que photographe professionnelle, mais en tant que poète ayant troqué le crayon contre un appareil photo : http://imagesducausse.hautetfort.com/ Ce qui  a donné lieu à trois Livr’art visibles sur internet dans la collection Evazine :

http://evazine.com/livre_art.htm