« L’imaginaire est ce qui tend à devenir réel », disait Breton. Il est loin, très loin d’un Breton. Et pourtant… En deux romans, son histoire de « Consortium de Falsification du Réel » impose l’éblouissante virtuosité d’un romancier qui s’inscrit, non sans amusement, à rebours d’un certain paysage littéraire français. C’est qu’Antoine Bello ne fait rien comme les autres. Des études à HEC, une société au développement fulgurant, une conviction libérale qui le conduit à soutenir Sarkozy en 2007… Il y a mieux pour « faire l’écrivain » à la mode germanopratine. Mais surtout, une imagination à revendre, et des histoires, encore des histoires, toujours des histoires à raconter pour ce grand admirateur de Borges, infatigable Shéhérazade du réel aux mille et une pages, installé à New-York. Rencontre dans les pas de Sliv, le héros des Falsificateurs et des Eclaireurs, avec Antoine Bello, à quelques jours de la sortie de son nouveau roman, Mateo.
Votre diptyque Les Falsificateurs et Les éclaireurs détonne plutôt dans le paysage littéraire français. Vous sentez-vous plus proche, en terme d’influences et de style, d’une écriture du « storytelling » à l’américaine, que d’une certaine « poétique du nombril » à la française ?