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52.dimanche (XVI)

Ecrit par Didier Ayres 04.05.13 dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

52.dimanche (XVI)

 

lettre en ce dimanche de pâques closes

le 15 avril 2012

 

vacance et chemin terrestre

la matinée est très avancée, et balance déjà lentement vers midi

or, cette heure un peu curieuse de la journée, qui n’est pas pur matin, mais glisse depuis le matin vers la journée, est tout à fait au goût de la lettre d’aujourd’hui, avec sa perte, déjà, dans le temps et les lumières

car je voudrais écrire quelques mots sur la vacance

et si je dis vacance, je dois parler de ce qu’il lui fait écho, évidemment, l’occupation, ce que j’appelle métaphoriquement ici « le chemin terrestre »

je suis, depuis ma jeune adolescence, un lecteur de philosophie chinoise, et les questions de vide et de voie du milieu, je les ai faites miennes il y a longtemps, avec mes propres mots

j’en ai conclu, malgré tout, qu’il n’y avait moyen d’obtenir cette vacance, sinon à lutter en dedans, malgré le monde, lutte qui se fait contre des ronciers, sur des sentiers de cailloux – ce qui ressemble, je le vois à l’instant, à une sorte de nietzschéisme corrigé de Cioran

à ce sujet, et pour ajouter à ce que je veux dire, j’ai en tête la parabole du sénevé et des quatre terres, ce qui fait que je crois fermement que le chemin terrestre est celui du chaos et des ronces, quand la vacance est meilleure, et comme un discours

un discours, oui, pour que cela ne se ferme pas sur soi, pour que cette vacance – cet intervalle – soit une ouverture à autrui, cette paix qu’il faut pour accueillir

je pensais ce matin, devant ma page, à ce sadou qui s’accompagnait d’un jeune héroïnomane, qu’il avait sauvé de sa dépendance, en disant qu’il ne ferait rien d’autre sur terre ; il avait juste sauvé un garçon !

alors pour finir, disons que ce partage, cette cession du pain de soi ne peut se faire dans le bruit continu et le mouvement, à mon sens, ou alors, c’est le monde qui en décide avec son aveuglement et son injustice

pour tout dire j’étais très occupé cette semaine et j’ai médité longtemps sur ce motif mondain et sur le silence

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Didier Ayres

 

Errata 52. (XVI)

j’ai été trop brutal tout à l’heure, et je voulais dire en guise de nietzschéisme, non pas un ton qu’aurait donné Cioran, mais Nietzsche parlant des stoïques ; qu’on me pardonne ma promptitude

 

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A propos du rédacteur

Didier Ayres

 

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Rédacteur

domaines : littérature française et étrangère

genres : poésie, théâtre, arts

période : XXème, XXIème

 

Didier Ayres est né le 31 octobre 1963 à Paris et est diplômé d'une thèse de troisième cycle sur B. M. Koltès. Il a voyagé dans sa jeunesse dans des pays lointains, où il a commencé d'écrire. Après des années de recherches tant du point de vue moral qu'esthétique, il a trouvé une assiette dans l'activité de poète. Il a publié essentiellement chez Arfuyen.  Il écrit aussi pour le théâtre. L'auteur vit actuellement en Limousin. Il dirige la revue L'Hôte avec sa compagne. Il chronique sur le web magazine La Cause Littéraire.