52.dimanche (XIII)
le dimanche 25 mars 2012
qui discourt ?
ou le portrait de l’artiste en lui-même
ce matin, au milieu de la page, l’angélus qui sonne comme une biffure
et par cette sonnerie je vais essayer de rendre intelligible ce quelque chose de la blessure, de l’instabilité propre à l’action d’écrire, apparition des idées et des discours
c’est comme naturel que cette intelligence vienne en brise-lames, une forme d’esprit qui s’étaie dans le bois d’œuvre de mon travail
pour dire, le portrait de l’artiste en son miroir, c’est essayer de capter cette intelligence naturelle, par exemple, à la manière de ce stupéfiant autoportrait du parmesan, peinture difficile et âpre comme une feuille blanche, mais miroir spirituel
ce portrait dit comment œuvrer en notre solitude et le pouvoir de cette solitude
je m’explique – au moins sur la réparation de soi
le besoin d’écrire qui ne correspond pas à un désir sensuel, à un appétit, mais plutôt à une forme morale où il y a plusieurs secrets qui résident (je veux dire cette bizarre lumière de la solitude)
il faut une sorte de licence, de liberté pour être entier dans cette page/tableau convexe du parmesan/intrigue sexuelle de cette main surdimensionnée/impression que c’est une jeune fille qui est peinte et non le jeune Francesco Mazzola/visage de jeunesse maniériste/révolte et violence
ce mystère n’est pas accompli bien sûr, cela n’aurait pas de sens, car le désir sublimé est un sentiment qui se retourne contre soi
métamorphose
bâtir une tour de guet, un château lent, une chapelle capable de se dresser comme une fortification par devers soi
oui, le dieu nietzschéen, ce dieu beau et effrayant
voilà le peu pour ce matin, et on me pardonnera les incohérences d’aujourd’hui, en me permettant de revenir une autre fois sur le miroir et de ce qui s’approche en soi de l’idée de soi-même
Didier Ayres
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