52. dimanche (XLV)
la coupure
c’est avec un peu d’angoisse ce matin que je me suis mis à la rédaction de cette lettre, en ressentant une oppression presque chaude qui me fait plier en moi et m’a inspiré cette coupure
oui, quelque chose qui engendre le mouvement, le bris, l’épars
et dans un autre sens, qui fait se couper, se retirer du flux des choses, réduire en soi la part de réel, comme une capture de la réalité en petits segments, en divers syntagmes
et c’est ici que l’angoisse a son sens, car la coupure pour finir ne s’épuise pas, reste ouverte
écrire revient donc à mettre en valeur, constituer un lien
je ne fais, en vérité, qu’accuser la vieille théorie de la chose et de l’idée, en espérant en faire avancer la cause
car l’exercice d’écrire est une forme de coupure entre ces deux concepts, coupure ou couture peut-être, comme un effet de réel qui ajoute au réel
comment cette angoisse de ce matin est venue sans raison et sans objet, pour accompagner cette simple lumière d’automne qui poudroie dans le cadre de la fenêtre, sinon à décrire le détail du flux lumineux, et cette lumière qui évolue quand je distingue en moi la qualité exaltée de ce poudroiement ?
je voulais en vérité, intituler cette chronique d’aujourd’hui, le temps et la chambre, afin qu’on y reconnaisse la nécessité des clôtures
mais l’idée de coupure est venue s’ajouter et m’accaparer soudain, comme un effet de réel à distinguer
Didier Ayres
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