Jean et Jean-Pierre Giraudoux : le poème du Père et du Fils (6), par Matthieu Gostola

Vous observez
Votre respiration
C’est même le moment
Votre respiration devient
Tout en continuant
De nourrir votre corps
Ce qui attend
Ce qui
Espère
Ce qui espère
Pouvoir
Un jour
Nourrir
(Nourrir
Comme un simple
Geste
D’amour)
C’est même le moment
Où les machinistes
Font silence
Où le souffleur
Souffle
Plus bas
Et où les esprits
Qui ont naturellement
Tout deviné
Frémissent à l’idée
D’apprendre
Ce qu’ils savent
De toute
Éternité
– Les esprits
Vous les portez en vous
*
Vous maintenez vos yeux
Fermés
Vous les maintenez
Ouverts
Vous vous souvenez
Vous imaginez
Vous imaginez
Vous vous souvenez
Votre lampe vous attend
Les initiales
De votre papier à lettres
Vous attendent
Et les arbres
De votre boulevard
Et votre breuvage
Et les costumes démodés
Que vous préserviez des mites
Dans lesquels enfin
Vous serez à l’aise
(Matthieu Gosztola)
Jean et Jean-Pierre Giraudoux ; ces poèmes sont faits – principalement – de mots ayant trouvé (beau) domicile en leurs œuvres.
– Jean Giraudoux (1882-1944), Théâtre complet, préface de Jean-Pierre Giraudoux, édition publiée sous la direction de Jacques Body, Paris, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 1987, XXXVII-1854 pages.
– Jean-Pierre Giraudoux (1919-2000), Un Théâtre, Paris, Grasset, 1977, 635 pages.
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