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Ecriture

C'est chiant Verlaine !

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 28 Novembre 2012. , dans Ecriture, La Une CED

« Dans l'interminable

Ennui de la plaine

La neige incertaine

Luit comme du sable.


Le ciel est de cuivre

Sans lueur aucune.

On croirait voir vivre

Et mourir la lune... »


- C’est chiant Verlaine…

Art de consommer - 14

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 26 Novembre 2012. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

Alphonse est à son bureau. Les enfants dorment depuis une heure. Il a fallu batailler avec eux pour qu’ils aillent se coucher. Un peu plus encore que les autres soirs comme ils n’ont pas école demain. Ils ne comprennent pas pourquoi ils n’ont pas le droit de se coucher à onze heures, puisque Lucas, Solange, Brandon et même Dylan se couchent à onze heures. Voire encore plus tard.

- C’est comme ça. Il n’y a pas à discuter. Il faudra vous y habituer.

- Oh, c’est nul.

C’est le moment de la journée qu’il préfère. Celui où il reprend possession pleinement de lui-même, grâce aux bienfaits du silence. Il a prévenu son épouse, qu’il la rejoindrait un peu plus tard.

Tout à l’heure. Là, il avait du travail. Oui, il travaillait trop, mais c’était ce qui les faisait vivre. Elle s’était relevée pour l’embrasser. Relevée à moitié. Il s’était penché vers elle. Il avait posé ses lèvres sur les siennes.

- Dors.

Art de consommer - 13

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 19 Novembre 2012. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

 

Liesbeth aura 17 ans en novembre. Les antécédents somatiques sont sans incidence. Le développement psychomoteur initial a été considéré comme normal (marche, propreté, langage etc.) Elle est en surcharge pondérale. Elle confesse volontiers que son alimentation est déréglée et déséquilibrée. Elle se lève souvent la nuit pour « grignoter quelque chose ». Elle dit ne pas souffrir de ce surpoids. Elle affirme n’en avoir pas souffert à l’école, puis au lycée. « À aucun moment ». Liesbeth ne déclare pas d’habitus tabagique.

Alphonse ne relit pas l’examen davantage.

Il tourne les pages et relit les paragraphes de l’anamnèse consacrés à son hospitalisation, se demandant si le traitement prescrit à Liesbeth est adapté.

Ekphrasis 3 - Visages dévisagés

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 14 Novembre 2012. , dans Ecriture, La Une CED

 

En hommage à un grand peintre allemand.

 

Elle descend sous terre sans bouger, portée par la lenteur du très long escalator. Station Place des fêtes, ligne 11, direction Châtelet. Ils sont déjà là, ils avancent dans la léthargie d’une journée qui commence. Elle les attend comme chaque jour. A sa hauteur, de l’autre côté des rampes noires, leur visage surgit, porté par leur corps sans jambes, sans torse. C’est quoi regarder un visage ? Lire la vie ? Les visages sont les mêmes, organisés et organiques : un front, des tempes, un nez ombilique, des yeux-monde, une bouche, béance des baisers, gouffre des nourritures, des joues pour ressembler à un enfant, un menton, promontoire. Des chevelures aussi sauvages que des forêts impénétrables ou rectilignes comme de beaux potagers. Elle voudrait tous les absorber dans un immense livre des visages. FACE-BooK. Elle n’en reconnaît aucun.

Art de consommer - 12

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 12 Novembre 2012. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

Elle avait appelé ensuite Ophélie.

- Alors, tu as pris un verre avec le mec de meetic ? Comment ça s’est passé ?
- Bien, bien. Mais il y a pas eu ce petit truc qui fait qu’ensuite tu repenses à la personne en souriant intérieurement.

À part ça, il est sympa. Je l’ai gardé dans mes contacts msn.

Il était aussi beau que sur la photo de son profil ?

- C’est vrai, je te l’avais envoyée. Je devrais te filer ses coordonnées, alors ?

Il n’y avait pas eu de souci de ce côté-là. Certains garçons de meetic allaient jusqu’à mettre une photo qui n’était pas la leur. Les filles qui les rencontraient finissaient toujours par leur poser la question, d’une façon parfois embarrassée, parfois très directe (« c’est pas toi là ?! »). Ils répondaient que oui, ce n’étaient pas leur photo, ce qui marquait la fin, pour elles, d’une erreur. Jamais plus elles ne les revoyaient, ou ne leur parlaient via msn. Allaient jusqu’à « supprimer » et « bloquer » ce « contact ». – « Trop con ce mec ».