La piste est éblouie de tâches de lumière multicolore de formes géométriques. Une fille, un verre à la main, se déhanche, comme au ralenti, ses mouvements ayant quelque chose d’hypnotique, les hommes laissent mourir leurs regards sur son déhanché, ses gestes sont de plus en plus lents.
La musique s’arrête, elle retourne s’asseoir à une banquette en titubant légèrement.
Edouard Baer, un génie en soirée, meilleur en impro que dans ses films (les réalisateurs le laissent d’ailleurs souvent libre d’agir face à la caméra comme il l’entend) que l’on devrait filmer soirée après soirée, après quoi l’on publierait les meilleurs moments en DVD (il y en aurait beaucoup : il faudrait penser à les éditer sous forme de coffret, dont le livret serait préfacé par Frédéric Beigbeder), imitant Laurent Gerra imitant Bernard Pivot.
Stéphane M*** parlant avec une étudiante de Pari IV ou une étudiante de la Sorbonne hochant la tête avec régularité, très près. De loin, il était difficile de faire la distinction.
Stéphane M*** était l’animateur de la revue B***. Il n’était pas qu’homosexuel. Coucher avec des jeunes étudiantes de Science Po ou de Paris IV persuadées d’avoir à apporter une pierre au grand édifice de la littérature française, et peut-être, mondial, était davantage qu’un loisir. C’était un sacerdoce.