Citoyen ou croyant ?, par Amin Zaoui
Souffles
Ce ciel bleu, au-dessus des têtes des pauvres citoyens du monde arabo-musulman, est bourré de télévisions satellitaires. Des femmes en décolleté, d’autres en hidjab, d’autres ne ressemblent ni aux premières ni aux deuxièmes. D’autres barbus en kamis. D’autres en costards ! Des télévisions qui n’arrêtent, 24h sur 24h, de cracher du poison religieux dans l’esprit des jeunes en perte de repères et de culture éclairée ! Toutes sortes de poisons religieux extrémistes. Hautement installées, ces stars télévisuelles de la propagande religieuse ne cessent d’allumer les feux des haines entre les cultures, entre les religions, entre les peuples.
Bien payés. Bien soignés, dans les hôpitaux des Koffars, l’Occident. Ces charlatans nourris au biberon du salafisme nous rappellent, par leurs discours haineux, les propagandes médiatiques fascistes de la Deuxième Guerre mondiale. Des centaines de chaînes moyen-orientales financées et hébergées par les pays du Golfe, du matin au soir, critiquent la laïcité. Critiquent la liberté individuelle et collective. Proposent le paradis sur un plateau en or aux kamikazes et aux djihadistes. Profitant de la laïcité et de droits de l’homme, des bluffeurs religieux installés en Occident n’hésitent pas à demander l’ouverture des mosquées ambiguës. Et, selon leur réseau de trafic intellectuel, placent leurs imams salafistes prédicateurs à la tête de ces mosquées. Partout dans les pays laïques occidentaux, dans les villes dirigées par des Koffars athées, par des femmes, par des homosexuels, on trouve des lieux pour pratiquer la religion musulmane, et tant mieux, pas toujours adaptés, mais ces prédicateurs salafistes ne toléreront jamais l’ouverture d’une église ou d’une synagogue, d’un petit espace, sur leurs territoires musulmans.
Ils réclament le droit à la liberté de mener la propagande, à leur guise, au profit d’un islam radical, mais si par hasard, ils découvrent une bible ou une Thora entre les mains d’un citoyen, ils crient à la condamnation à mort de ce dernier, cet apostat !
Ils se permettent de diffuser leurs prêches haineux, distribuent leurs idées agressives, dans les quatre coins du monde et refusent le droit à leurs citoyens de connaître l’autre. La religion de l’autre. Ils sont capables d’insulter, offenser, froisser, injurier sans gêne aucune les autres religions chrétienne ou juive, mais une fois leur religion est critiquée ils crient sur tous les toits : islamophobie !!
Ils sont heureux dès qu’une personne embrasse leur religion, mais si quelqu’un de leur camp pense aller vers une autre religion, cela s’appelle renégat Mourtadoun ! Et le citoyen apostat est condamné à mort !
Pour lutter contre cette culture de haine religieuse, afin de venir en aide aux citoyens croyants arabo-musulmans, il est demandé aux décideurs éclairés d’agir afin arrêter ces chaînes de guerre sale. La guerre de la haine religieuse est plus féroce qu’une guerre nucléaire !
Pour mettre fin à cette guerre et à ces guerriers fanatiques, il est demandé d’ouvrir la porte à el Ijtihad la diligence, fermée il y a de cela dix siècles. Commençant d’abord par le nettoyage général dans notre patrimoine religieux musulman. Tout ce que Daesh comme el Qaïda pratiquent en actes de sauvagerie inimaginables est inspiré et justifié par des textes religieux : Hadith ou verset. Il faut le dire : ces Daeshiens sont en train d’appliquer strictement les préceptes du Prophète relatés par quelques écrivains des Hadiths.
Il faut le dire, sans ambiguïté aucune, que l’islam par cet amas de Hadiths rajoutés, falsifiés, au fur et à mesure de l’accroissement de l’État islamique ne pourra jamais combiner avec les temps modernes. Beaucoup de Hadiths sont inacceptables, incohérents, sont en déconnexion avec l’air du temps. En particulier ceux qui traitent la question du rapport à l’autre, vivre ensemble. Ceux qui évoquent la situation de la femme. Ceux qui révèlent la liberté individuelle. Tous ceux qui relèvent de la liberté religieuse.
Nous sommes demandés pour sortir de l’ère des pleurants. Nous sommes demandés pour finir de jouer le rôle de la victime éternelle.
Amin Zaoui
In "Souffles". Liberté (Alger)
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