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Actes Sud

No Sex, Tim Parks

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 08 Mai 2014. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

No Sex, traduit de l’anglais par Isabelle Reinharez, février 2014, 268 pages, 22 € . Ecrivain(s): Tim Parks Edition: Actes Sud

 

 

Il est des livres qui nous attachent par une écriture sans pareille – celle qui ne parle qu’à nous ; d’autres par un format, une syntaxe qui nous agrippent ; d’autres encore, c’est une histoire, un récit comme on dit, « prenant » ; on peut encore succomber à des personnages, des lieux, un autre temps…

No Sex, c’est avant tout l’histoire, un documentaire parfaitement boulonné, animé, serré comme café noir, et – Tim Parks, et son art abouti ! – tout le reste en attelage…

No Sex emballe et tant, qu’on laisse volontiers le monde continuer sans nous ! Livre à part ; histoire à part, et une Beth anglaise (« tu as l’air d’un génie échappé d’une bouteille… les cheveux en bataille, de grandes dents… des nichons fantastiques ») unique dans le paysage romanesque.

Les ingénieurs du bout du monde, Jan Guillou

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 02 Mai 2014. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

Les ingénieurs du bout du monde, 2013 trad. du suédois par Philippe Bouquet. 622 p. 26,80 € . Ecrivain(s): Jan Guillou Edition: Actes Sud

Vaste fresque à l’ancienne, récit picaresque de grandes aventures, peinture d’un XXème siècle de technologie galopante et de rêves si souvent brisés, Les Ingénieurs du bout du monde est tout cela à la fois. Une sorte de roman à la Jules Verne mais là où Verne regardait devant, Guillou regarde dans le rétroviseur. Il revisite après coup la « religion » scientifique et technologique du XXème siècle.

Trois frères, nés dans une famille rurale très pauvre du nord de la Suède, se révèlent de remarquables élèves – en particulier en sciences – et ces talents, alliés à une immense habileté manuelle, les amène à réaliser, pour jouer, une réplique parfaite d’un drakkar viking très ancien. Leur exploit retentit jusqu’en Allemagne – alors à la pointe du progrès technologique – et les trois fils de pêcheur vont se voir offrir une bourse pour aller faire leurs études d’ingénieurs à Dresde.

Trois destins aventureux et brillants semblent s’ouvrir. Et curieusement ce sera deux destins. L’un des trois frères se révèle homosexuel et va vivre à Londres son amour pour un homme. Disparition définitive du personnage, dont nous n’aurons plus aucune nouvelle de tout le livre, effacé en quelque sorte par son « crime » d’homosexualité ! Quel est le choix de l’auteur ? Mystère ! On peut – vaguement - espérer (s’agissant d’un premier volume à une vaste fresque), que le frère homosexuel et maudit réapparaitra un jour !

Tout s’effondre, Chinua Achebe (2ème critique)

Ecrit par Victoire NGuyen , le Lundi, 07 Avril 2014. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman

Tout s’effondre, nouvelle traduction de l’Anglais (Nigeria) par Pierre Girard, octobre 2013, 225 pages, 21,80 € . Ecrivain(s): Chinua Achebe Edition: Actes Sud

De son immense œuvre, Tout s’effondre occupe une place à part. Publié en 1958, c’est le roman qui a fait connaître Chinua Achebe et l’a propulsé sur la scène littéraire internationale puisque l’œuvre a été traduite en une cinquantaine de langues et vendue à des dizaines de millions d’exemplaires.

De plus, son intrigue présente l’histoire de la colonisation de l’Afrique par les Européens en adoptant le point de vue africain. Chinua Achebe met en scène un personnage littéraire de première importance, Okonkwo,  car il porte l’histoire de l’Afrique de son apogée à sa chute au travers les vicissitudes de sa propre destinée.

En effet, dès l’ouverture du roman, Okonkwo dont le nom signifie « feu qui dévore tout » jouit d’une position sociale de prestige dans le village ibo d’Umuofia. Il est un riche fermier. Chef de son clan, il surveille ses trois épouses et règle les conduites de ses enfants selon les attentes du clan. Façonné par une société traditionnelle agraire, il respecte les rites des saisons, pratique les sacrifices pour honorer la mémoire de ses ancêtres et attirer la protection des dieux tutélaires du clan. Enfant du clan, il est aussi l’un des sages qui officient à l’établissement des règles pour maintenir le village dans l’observance des traditions.

Théorie de la carte postale, Sébastien Lapaque (2ème critique)

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 20 Mars 2014. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Théorie de la carte postale, février 2014, 112 pages, 10 € . Ecrivain(s): Sébastien Lapaque Edition: Actes Sud

On le sait : les idées et les questions viennent en marchant… Au début du récit, un homme flâne dans les rues du Quartier Latin et se demande comment, parmi ses projets d’écriture – « des projets, il n’avait que cela, des livres qu’il voulait écrire et des livres qu’il n’écrirait jamais » – il pourrait avancer dans sa Théorie de la carte postale, un livre à « l’image encore un peu floue. Il en possédait la mélodie, mais en cherchait l’harmonie ».

Tout au long de ce petit livre amusant, qui part dans plusieurs directions – exemples de cartes postales retrouvées, textes réels et textes à inventer, histoire de l’aéropostale… – il s’agit d’une réflexion en cours, dans le but d’écrire un livre sur la carte postale… – nous suivrons le marcheur-auteur dans ses recherches et réflexions. Qu’est-ce qu’une carte postale ? Qu’est-ce qu’elle n’est pas ? Quelle est son utilité, ou sa finalité ? Quelle est la poésie qui sourd d’une carte postale ? Écrire une carte postale est-il un « acte de résistance » ? Est-ce qu’on écrit une carte postale avec des idées ou avec « des mots, des jolis mots de tous les jours » ? Écrire une carte postale, est-ce un devoir ou un jeu ? Un emploi ou un passe-temps ? Quand l’écrire, où, à qui, comment, pourquoi ? « Au verso, Chambord, la chapelle Sixtine, le Corcovado, Guernica, la Joconde (…) ; au recto, pain, carottes, huiles d’olive, lait, câpres, moutarde, citrons, tomates, côtes d’agneau ».

Les Bonnes Gens, Laird Hunt

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 18 Mars 2014. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Les Bonnes Gens (Kind One), traduit de l’américain par Anne-Laure Tissut, février 2014 256 p. 21,80 € . Ecrivain(s): Laird Hunt Edition: Actes Sud

 

1910. Au crépuscule de sa vie, une femme se souvient. Elle s’appelle Ginny Lancaster. Autrefois, elle était surnommée « Scary Sue ». Scary, qui vient de sa cicatrice (« scar », en anglais), un cercle rouge sombre au-dessus de l’os de sa cheville, qu’elle se fait un malin plaisir à entretenir. « Dès que la cicatrice se mettait à se résorber, elle commençait à lui donner un ou deux coups bien sanglants ». Scary, aussi, comme celle qui fait peur.

A quatorze ans, quelques années avant la guerre de Sécession, Ginny se marie avec un cousin éloigné, Linus Lancaster. Il lui a promis une grande propriété, une vie de princesse, mais elle se retrouve dans une ferme isolée du Kentucky, dans un élevage de porcs. C’est bien à eux seuls que le maître des lieux est capable de témoigner quelques égards. Sinon, c’est un être abject. Un tyran domestique. Un véritable porc qui maltraite ses esclaves noirs et sa femme.

Prenant prétexte d’une hypothétique stérilité de Ginny, il se met à abuser sexuellement de ses deux domestiques, Cleome et Zinnia, qu’il appelle ses « filles ».