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Folio (Gallimard)

Collection de poche des éditions Gallimard

 


Les Agents, Grégoire Courtois (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 28 Novembre 2022. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Roman

Les Agents, Grégoire Courtois, Folio SF, septembre 2022, 320 pages, 8,90 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Allons au plus bref : ce roman est tout simplement illisible. Tâchons d’expliquer pourquoi, malgré l’envie de juste en rester à cette phrase.

L’histoire se déroule dans un futur indéterminé ; le narrateur appartient à une « guilde » réfugiée à l’étage 122 de la tour 135 du quartier sud d’une ville indéterminée. L’objectif ? Survivre dans un univers de données affichées sur écran, alors que d’autres guildes, survivant dans la même tour, tentent d’éliminer leurs concurrents, et que la rue est devenue un enfer ou une jungle, ou un truc du genre. Métaphore d’un capitalisme poussé à outrance, probablement ; contre-utopie où des lecteurs autrement complaisants liront une référence au Ubik de Philip K. Dick, on peut y songer par charité. Il doit y avoir de tout cela, et on aurait aimé voir où Courtois allait emmener le lecteur.

Fils unique, Stéphane Audeguy (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 10 Novembre 2022. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Roman

Fils unique, Stéphane Audeguy, 322 pages, 8,40 € Edition: Folio (Gallimard)


Jean-Jacques Rousseau mentionne en quelques lignes dans Les Confessions l’existence d’un frère aîné contraint, suite à quelques écarts de conduite et surtout à une altercation ayant provoqué mort d’homme, de quitter la demeure familiale et Genève pour échapper à la police. Il semble que notre Jean-Jacques national n’ait ensuite plus jamais eu ou plus jamais cherché à avoir de nouvelles de son frère. L’auteur s’est emparé de cette révélation pour faire écrire l’histoire de François Rousseau, né en 1705, par lui-même à la première personne, comme en une sorte de « Confessions » parallèles.

L’adolescence de François se déroule à Genève. Le jeune Rousseau, qualifié de « polisson » par Jean-Jacques, son cadet de dix ans, effectue un séjour en maison de correction à l’âge de treize ans et s’initie ensuite au métier d’horloger, tout en bénéficiant, selon l’auteur, de la tutelle équivoque et de la férule pédago-philosophique d’un certain marquis de Saint-Fons, grâce à la protection, aux relations et à l’assistance de qui, après l’homicide involontaire, le fugitif vivra quelques années tranquilles en France.

Les Chasseurs-cueilleurs, ou L’Origine des inégalités, Alain Testart (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 08 Novembre 2022. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Les Chasseurs-cueilleurs, ou L’Origine des inégalités, Alain Testart, Folio, mai 2022, 400 pages, 9,40 € Edition: Folio (Gallimard)

Aujourd’hui encore, l’école fait miroiter un « âge d’or » préhistorique, pré-néolithique, celui d’une société de chasseurs-cueilleurs proto-communistes, où l’égalitarisme aurait été la règle. Entre marxisme caricatural et souvenir fumeux du Jardin d’Eden, le tout saupoudré d’un rien de rousseauisme, cette vision est touchante, et, tant au point de vue sociétal qu’au point de vue écologique, l’apparition de la domestication, tant animale que végétale, est décrite comme le moment-clé où tout bascule, du paradis vers l’enfer – outre que cela génère des regrets voire des remords, cela pourrait inciter à un retour illusoire vers ce supposé paradis.

Comme toute vision binaire, historique ou autre, elle laisse songeur, et ce fut le grand mérite d’Alain Testart, en 1982, de publier un essai qui a fait date, Les Chasseurs-cueilleurs, ou L’Origine des inégalités, dans lequel il montrait que le stockage, même s’il ne menait pas de façon mécanique à l’apparition de l’inégalité, était une possibilité d’émergence de cette inégalité. Pour ce faire, son étude, brillante et complète, propose deux champs d’investigation : l’un synchronique, celui de l’ethnologie, l’autre diachronique, celui de l’archéologie, et permet d’ainsi faire dialoguer l’humanité d’aujourd’hui et celle d’hier.

La femme au manteau bleu, Deon Meyer (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 07 Novembre 2022. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Afrique

La femme au manteau bleu, Folio/Policier, août 2022, trad. de l’afrikaans, Georges Lory, 176 pages, 14 € . Ecrivain(s): Deon Meyer

 

Le chauffeur d’un taxi-minibus assurant le trajet Mthatha-Le Cap, transportant treize femmes xhosas, couturières, plongeuses, aides ménagères, femmes de ménage, fait halte au panorama du Col de Sir Lowry, à l’ouest du Cap, pour pouvoir uriner. Ils découvrent avec horreur un corps nu de femme blanche disposé sur un muret le bras gauche pendant le long du mur selon un angle curieux.

Benny Griessel et Vaughn Cupido son équipier, membres éminents de l’unité des Hawks (dont le nom officiel est DCPI, Direction des enquêtes criminelles prioritaires) et dont le siège se trouve à Cap Town, bien sûr, mais dans le quartier de Bellville (eh, oui !) sont à la recherche chez un receleur d’une bague de fiançailles pour le mariage de Benny et d’Alexa. Chez Mohamed Faizal, dit Love Lips, le brocanteur, on trouve de tout dont des bagues et surtout une collection de tableaux de femmes en robe bleue. Fayzal explique : « La rumeur dit qu’on peut faire beaucoup d’argent avec la femme sur fond bleu ».

After®, Auriane Velten (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 18 Octobre 2022. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Roman

After®, Auriane Velten, Folio SF, septembre 2022, 288 pages, 8,90 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Comme l’indique son titre, After®, et la collection dans laquelle il est réédité, Folio SF, le premier roman d’Auriane Velten appartient au genre post-apocalyptique, celui qui raconte la Terre et, surtout, l’humanité d’après une catastrophe, généralement liée à une grosse bêtise bien humaine – chez Dick ou d’autres, la faveur allait à la bombe atomique. Chez Velten, cela reste peu clair, car on est loin désormais des années cinquante ou soixante, ou même soixante-dix, durant lesquelles la crainte que la Guerre Froide s’échauffe voire se mette à bouillir générait des angoisses, tant littéraires qu’existentielles, et il ne s’agit plus pour cette jeune autrice de mettre en garde contre la bombe, mais bien contre la perte d’humanité, le réel danger contemporain. Car c’est ce dont il s’agit dans ce bref roman, de notre part d’humanité, celle qui nous incite à contempler par exemple les six tapisseries composant La Dame à la licorne, et de la perte – et donc la redécouverte – de cette part.