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Folio (Gallimard)

Collection de poche des éditions Gallimard

 


Derniers jours d’un monde oublié, Chris Vuklisevic (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 22 Novembre 2023. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Roman

Derniers jours d’un monde oublié, Chris Vuklisevic, Folio SF, mai 2023, 368 pages, 9,20 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Chris Vuklisevic a été l’heureuse élue d’un concours organisé pour célébrer les vingt ans de la Collection Folio SF, et Derniers jours d’un monde oublié est son premier roman publié. Malheureusement, le ramage ne vaut pas le plumage et l’on ressort de ces quelque trois cents pages déçu pour dire le moins. La raison en est très simple, de cette déception : Vuklisevic ne parvient pas à trancher parmi ses idées et l’univers narratif qu’elle a créé pèche par une incohérence perturbante pour dire le moins, sans parler d’un goût prononcé pour la cruauté voire le sordide à tout le moins désolant. Expliquons.

Durant trois cents années, l’île-royaume de Sheltel a été isolée du reste du monde, suite à un événement non décrit appelé la « Grande Nuit », et elle est soudain redécouverte, involontairement, par un navire pirate dont l’équipage assoiffé, quasi déshydraté, débarque en ces lieux où l’eau est sévèrement rationnée – ceci explique le titre.

Leur domaine, Jo Nesbø (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 15 Novembre 2023. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres

Leur domaine, Jo Nesbø, Folio Policier, janvier 2023, trad. norvégien, Céline Romand-Monnier, 687 pages, 10,20 € Edition: Folio (Gallimard)

À Os, une municipalité du Hordaland en Norvège, lorsque l’on arrive en haut de la ville en voiture, il faut passer une série de virages bien accentués, bordant un précipice. Selon Roy, l’aîné des frères Opgard, dont la modeste ferme est située tout au sommet, les voitures ont un bruit de moteur caractéristique à chaque tournant. Ainsi, il peut reconnaître la marque d’une voiture passant dans le virage du Japon ou bien celui de la Vache. Il est vrai que cet endroit et la station-service, située dans le bourg un peu plus loin, constitue son domaine ! Ce lieu et ses alentours il les partage avec son frère Carl, le cadet. Il arrive que les gens s’arrêtent ici pour admirer le paysage, dont la vue dit-on est imprenable.

Les frères Opgard sont orphelins. À l’âge de dix-sept ans pour Roy et seize ans pour Carl, ils ont perdu leurs parents dans un accident de voiture. Leur véhicule a plongé dans le précipice à hauteur du virage des Chèvres. Roy, l’aîné des deux frères, le plus renfermé, presque bougon, s’est alors engagé pour survivre comme mécanicien dans la station-service du bourg voisin, et Carl plus ouvert, un peu fanfaron, est allé étudier aux USA puis est parti tenter sa chance au Canada.

Celestopol 1922, Emmanuel Chastellière (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 14 Novembre 2023. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Roman

Celestopol 1922, Emmanuel Chastellière, Folio SF, mai 2023, 704 pages, 10,90 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Après trois romans disséminés chez divers éditeurs, Emmanuel Chastellière retourne à ses amours lunaires pour un second recueil de nouvelles dont l’action se situe à Celestopol. Dans un univers uchronique, voire cyberpunk (mais où le « sélénium » aurait remplacé la vapeur), Celestopol est une cité lunaire gouvernée par le duc Nikolaï, neveu de l’impératrice de Russie, au début du vingtième siècle. Le principe de l’uchronie permet à l’auteur une narration riche, foisonnant de détails liés à l’époque choisie, avec des personnages historiques apparaissant en chair et en os si l’on peut dire (dont Marie Curie), d’autres mentionnés en passant mais avec une pertinence infaillible (une statue de Nikolaï avait été « commandée quelques années plus tôt à Medardo Rosso, un sculpteur à la mode en Europe ») ou d’autres encore se voyant offrir une reconnaissance autre que dans notre univers : ainsi, une note en bas de page de l’auteur signale que Alexandre Chargueï, directeur d’un programme « destiné, selon certains bruits, à l’exploration des astres lointains au-delà de la ceinture d’astéroïdes », était un « mathématicien ukrainien prodige, le premier à théoriser la méthode du rendez-vous en orbite lunaire [;] dans notre réalité –, il est loin d’avoir connu la carrière qu’il méritait ».

Des souris et des hommes (Of Mice and Men, 1937), John Steinbeck (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 09 Novembre 2023. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, En Vitrine, Cette semaine

Des souris et des hommes, John Steinbeck, Folio, juin 2023, trad. anglais (USA), Agnès Desarthe, 176 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): John Steinbeck Edition: Folio (Gallimard)

 

Brutal et pourtant tendre, rapide et pourtant intense – ces qualificatifs pourraient convenir au septième livre publié par John Steinbeck, en 1937, Des souris et des hommes. Dans cette longue nouvelle ou ce bref roman, le drame, humain, terriblement, affreusement humain, se joue sur trois jours et deux nuits, du vendredi matin au dimanche en fin de journée, de l’arrivée, dans un ranch à « quelques miles au sud de Soledad » en Californie, de George Milton et Lennie Small, deux ouvriers agricoles vagabonds, à l’euthanasie (le mot peut sembler déplacé mais le récit le justifie) du second par le premier après la mort d’une femme entre les mains « dévastatrices » (dixit Joseph Kessel) du simple d’esprit qu’est Lennie. On est autorisé à parler de drame, car Steinbeck a organisé son récit, fulgurant, telle une tragédie, d’ailleurs, avec une progression attendue : sous les caresses de Lennie l’innocent meurent successivement une souris, un chiot puis la femme de Curley, le fils du patron du ranch, avec des effets d’annonce qui laissent présager le drame final : que s’est-il véritablement produit à Weed, quelque temps auparavant ?

Atala suivi de René, Chateaubriand (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 06 Novembre 2023. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Atala suivi de René, Chateaubriand, Folio classique, mai 2023 (édition nouvelle, Sébastien Baudoin ; préface, Aurélien Bellanger), 432 pages, 5,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

C’est un tableau de dimensions honorables (deux mètres sur plus de deux mètres et demi), représentant trois personnages à taille presque réelle : Atala au tombeau, montré au Salon de 1808 et peint par Girodet, un des précurseurs du romantisme pictural français. La scène se déroule dans une grotte, et le peintre a placé le spectateur au fond de cette grotte, la lumière provenant de l’ouverture. De gauche à droite, les trois protagonistes principaux du drame qu’est Atala : Chactas, un sauvage à l’oreille ornée d’une large boucle, vêtu d’un seul pagne, assis, courbé sur les jambes d’Atala, qu’il enserre aux genoux, affligé ; ensuite Atala, couverte d’un linceul des pieds aux seins, le corps détendu, paisible dans le sommeil de la mort, le visage tel celui d’une Madone du quinzième siècle, tenant en ses mains croisées sur son ventre un simple crucifix en bois ; enfin le Père Aubry, vêtu et coiffé de sa robe de bure, qui soutient le corps d’Atala, lui-même légèrement courbé, le visage grave et affligé. Au premier plan, une pelle et ce qui ressemble à un instrument sacerdotal en fer. Par l’ouverture de la grotte, on voit une croix plantée dans la nature, de laquelle semble provenir la chiche lumière illuminant la scène.