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Folio (Gallimard)

Collection de poche des éditions Gallimard

 


Les Chasseurs-cueilleurs, ou L’Origine des inégalités, Alain Testart (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 08 Novembre 2022. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Les Chasseurs-cueilleurs, ou L’Origine des inégalités, Alain Testart, Folio, mai 2022, 400 pages, 9,40 € Edition: Folio (Gallimard)

Aujourd’hui encore, l’école fait miroiter un « âge d’or » préhistorique, pré-néolithique, celui d’une société de chasseurs-cueilleurs proto-communistes, où l’égalitarisme aurait été la règle. Entre marxisme caricatural et souvenir fumeux du Jardin d’Eden, le tout saupoudré d’un rien de rousseauisme, cette vision est touchante, et, tant au point de vue sociétal qu’au point de vue écologique, l’apparition de la domestication, tant animale que végétale, est décrite comme le moment-clé où tout bascule, du paradis vers l’enfer – outre que cela génère des regrets voire des remords, cela pourrait inciter à un retour illusoire vers ce supposé paradis.

Comme toute vision binaire, historique ou autre, elle laisse songeur, et ce fut le grand mérite d’Alain Testart, en 1982, de publier un essai qui a fait date, Les Chasseurs-cueilleurs, ou L’Origine des inégalités, dans lequel il montrait que le stockage, même s’il ne menait pas de façon mécanique à l’apparition de l’inégalité, était une possibilité d’émergence de cette inégalité. Pour ce faire, son étude, brillante et complète, propose deux champs d’investigation : l’un synchronique, celui de l’ethnologie, l’autre diachronique, celui de l’archéologie, et permet d’ainsi faire dialoguer l’humanité d’aujourd’hui et celle d’hier.

La femme au manteau bleu, Deon Meyer (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 07 Novembre 2022. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Afrique

La femme au manteau bleu, Folio/Policier, août 2022, trad. de l’afrikaans, Georges Lory, 176 pages, 14 € . Ecrivain(s): Deon Meyer

 

Le chauffeur d’un taxi-minibus assurant le trajet Mthatha-Le Cap, transportant treize femmes xhosas, couturières, plongeuses, aides ménagères, femmes de ménage, fait halte au panorama du Col de Sir Lowry, à l’ouest du Cap, pour pouvoir uriner. Ils découvrent avec horreur un corps nu de femme blanche disposé sur un muret le bras gauche pendant le long du mur selon un angle curieux.

Benny Griessel et Vaughn Cupido son équipier, membres éminents de l’unité des Hawks (dont le nom officiel est DCPI, Direction des enquêtes criminelles prioritaires) et dont le siège se trouve à Cap Town, bien sûr, mais dans le quartier de Bellville (eh, oui !) sont à la recherche chez un receleur d’une bague de fiançailles pour le mariage de Benny et d’Alexa. Chez Mohamed Faizal, dit Love Lips, le brocanteur, on trouve de tout dont des bagues et surtout une collection de tableaux de femmes en robe bleue. Fayzal explique : « La rumeur dit qu’on peut faire beaucoup d’argent avec la femme sur fond bleu ».

After®, Auriane Velten (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 18 Octobre 2022. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Roman

After®, Auriane Velten, Folio SF, septembre 2022, 288 pages, 8,90 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Comme l’indique son titre, After®, et la collection dans laquelle il est réédité, Folio SF, le premier roman d’Auriane Velten appartient au genre post-apocalyptique, celui qui raconte la Terre et, surtout, l’humanité d’après une catastrophe, généralement liée à une grosse bêtise bien humaine – chez Dick ou d’autres, la faveur allait à la bombe atomique. Chez Velten, cela reste peu clair, car on est loin désormais des années cinquante ou soixante, ou même soixante-dix, durant lesquelles la crainte que la Guerre Froide s’échauffe voire se mette à bouillir générait des angoisses, tant littéraires qu’existentielles, et il ne s’agit plus pour cette jeune autrice de mettre en garde contre la bombe, mais bien contre la perte d’humanité, le réel danger contemporain. Car c’est ce dont il s’agit dans ce bref roman, de notre part d’humanité, celle qui nous incite à contempler par exemple les six tapisseries composant La Dame à la licorne, et de la perte – et donc la redécouverte – de cette part.

Mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 11 Octobre 2022. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar, Folio, 316 pages . Ecrivain(s): Marguerite Yourcenar Edition: Folio (Gallimard)

 

Commencer ce roman constitué in extenso d’un flux de conscience de l’empereur Hadrien par son corps physique – malade, mourant – annonce clairement le choix fondamental de Marguerite Yourcenar : elle met en scène un homme – Vir,-is – pas le maître du monde. Un homme, un mortel, loin de l’immortalité proclamée par la vox populi aux empereurs romains déifiés.

Ainsi d’emblée, Yourcenar pose la surdétermination de ces mémoires imaginaires : la solitude d’Hadrien dans un monde romain qui n’a plus de dieux – les dieux antiques se sont peu à peu effacés des croyances populaires – et pas encore de Dieu : le christianisme est alors considéré par Rome comme une secte fanatique sans avenir. Le ciel est vide. Et la Rome matérielle et politique l’est autant : la République et ses figures illustres sont loin avec ses Caton, Cicéron, Agrippa. Les règnes de Néron et Caligula ont dévasté la fonction des empereurs, la livrant au bon vouloir ou à la folie des Princes. Les Barbares sont aux frontières, affaiblissant par leurs coups de boutoir les armées romaines et la Pax Romana, base du rayonnement de Rome sur le monde occidental connu.

Le Paradigme de l’art contemporain, Nathalie Heinich (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 04 Octobre 2022. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Les Chroniques, Essais, La Une CED

Le Paradigme de l’art contemporain, Nathalie Heinich, Folio, avril 2022, 480 pages, 9,40 €

 

L’art contemporain pose problème, c’est le moins qu’on puisse dire, et, des Considérations sur l’état des Beaux-Arts (1983 déjà), à la « querelle de l’art contemporain » (titre d’un essai de Marc Jimenez paru en 2005), ce problème a pu se transformer en polémique. La question du goût et du sens à donner à l’art contemporain ne trouve pas de réponse claire, et à la fin d’un documentaire diffusé sur TV5 au début des années 2010, on pouvait entendre un conservateur dire d’un air malicieux que, en gros, il ignorait si l’art contemporain avait un sens, mais que s’il en avait un, ça valait la peine de le découvrir – façon malicieuse de botter en touche et empêcher tout débat.

Nathalie Heinich quant à elle aborde la question d’un point de vue sociologique, puisque telle est sa formation, depuis 1998, et son dernier ouvrage en date relatif à l’art contemporain, Le Paradigme de l’art contemporain, Structures d’une révolution artistique (2014) est aujourd’hui réédité avec un avant-propos inédit.