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Seuil

Les Éditions du Seuil sont une maison d'édition française créée en 1935.

Maison très respectée dans le milieu de l'édition, entretient de bons rapports avec ses auteurs. Elle a notamment publié les œuvres de Jacques LacanRoland BarthesPhilippe Sollers (première période) ou plus tard Edgar MorinMaurice Genevoix ou Pierre Bourdieu.

La fille à histoires, Irène Frain

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 18 Octobre 2017. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

La fille à histoires, septembre 2017, 272 pages, 18 € . Ecrivain(s): Irène Frain Edition: Seuil

 

En quarante-deux chapitres, la romancière livre au lecteur sa vérité, à l’âge où l’enfance décante de toutes ses frayeurs ou autres blessures.

Comme dans Sorti de rien (Seuil, 2013), le récit creuse les matières natales, toutes de Bretagne et de familles marquées par les origines.

Quand un livre, cette Fille à histoires, pousse à relire ce beau Sorti de rien, c’est que le miracle de l’écriture authentique agit, donne du prix à ce qui s’est écrit, dans la même qualité d’atmosphère, de racines familiales et de parfum d’une époque révolue.

L’après-guerre a marqué les familles. De là ont surgi tant d’étroites vies, mesurées à l’aune des besoins immenses, des soucis d’argent, du manque de logements. Quand le n°3 d’une famille, Irène, naît, c’est au plus mauvais moment pour cette mère qui avait le projet de « faire bâtir » pour échapper à l’étriqué logement où ils logeaient, son mari, elle et ses deux premières filles, trente-cinq mètres carrés, avec la promiscuité des voisins, le WC à partager, etc.

L’empereur à pied, Charif Majdalani

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 18 Août 2017. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

L’empereur à pied, août 2017, 393 pages, 20 € . Ecrivain(s): Charif Majdalani Edition: Seuil


En vérité, l’Histoire – grande ou petite, ancienne ou contemporaine –, ce sont des mots ! Imaginons que l’homme soit dépourvu de toute capacité locutoire et donc de celle de mettre en relation ce qu’il voit, ce qu’il fait, ce qui est – de les « organiser » mentalement ; y aurait-il… Histoire ? On en vient à méditer ainsi à mesure qu’on avance dans le puissant roman que publie en cette rentrée Charif Majdalani. Rassurons : L’empereur à pied est un pur roman, un récit d’aventures même ; des aventures volontiers rocambolesques étalées sur un siècle et demi et étendues sur trois continents. Une épopée familiale, celle des Jbeili. L’ancêtre fondateur, Khanjar, apparaît un jour tel un spectre quelque part dans les montagnes du Liban. Il est accompagné de ses trois fils. Apparition de l’humanité. Apparition double. Khanjar Jbeili et ses fils surgissent de nulle part en même temps que… la parole qui dit ce surgissement. Cette parole qui énonce est elle-même de nulle part ; elle se met d’emblée en scène.

« Mais que viendraient-ils faire et qui sont-ils ? A cette question, même moi (moi qui observe à travers le regard rusé des hommes en séroual debout sur leurs toits, moi qui suis les arbres, et le bas-relief antique représentant un sanglier attaquant Adonis et à ses côtés une Aphrodite éplorée, moi qui suis aussi les calvaires chrétiens avec leurs images frustes de Vierge et de Christ), à cette question même moi je n’ai pas encore la réponse ».

Hôtel du Grand Cerf, Franz Bartelt

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 07 Juin 2017. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Hôtel du Grand Cerf, avril 2017, 352 pages, 20 € . Ecrivain(s): Franz Bartelt Edition: Seuil

 

Sans ôter une once d’originalité au dernier roman noir de Franz Bartelt, force est de constater que ce texte relève en partie d’un croisement subtil et efficace, et pas forcément involontaire, entre la plume de Georges Simenon et celle de Frédéric Dard.

Des Maigret, on retrouve la capacité de l’auteur à dresser le portrait au scalpel d’une petite ville de province, ici Reugny dans les Ardennes belges, avec son atmosphère étouffante, ses secrets enfouis, ses haines, ses personnages ambigus et ses taiseux.

Des San-Antonio, surgit le personnage principal, l’inspecteur Vertigo Kulbertus, dont le physique et la personnalité sont d’origine typiquement bérurienne.

« L’inspecteur Vertigo Kulbertus constituait à lui seul, du moins en volume, la moitié des effectifs de la police belge » (p.57).

Les yeux bordés de reconnaissance, Myriam Anissimov

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 13 Avril 2017. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Les yeux bordés de reconnaissance, mars 2017, 237 pages, 19 € . Ecrivain(s): Myriam Anissimov Edition: Seuil

 

La frivolité et la superficialité sont-elles des attitudes adéquates, vraiment dignes lorsque l’on est parente de victimes de la Shoah, et que l’on a pour projet d’écrire ? Myriam Anissimov se trouve dans ce cas. Elle tente dans un très beau récit de formuler une réponse à cette question qui marque notre époque de son empreinte depuis 1945.

Le récit se compose de trois parties, d’intérêt inégal, mais illustrant ce mécanisme déclencheur de la volonté de savoir, et d’appropriation d’un événement. Au départ, c’est la vision du film Le Fils de Saul, évoquant l’extermination de quatre cent mille Juifs hongrois à Auschwitz-Birkenau et le rôle de Saul Ausländer qui décide de donner une sépulture à un adolescent déjà mort. Dès lors, c’est la recherche qui est de rigueur, le positionnement vis-à-vis de l’Histoire, de la Shoah, de la place que cette dernière va inévitablement tenir dans la mémoire personnelle de Myriam Anissimov. La première partie, consacrée à la relation qu’entretient Myriam Anissimov avec Romain Gary, est source de révélations très personnelles de la part de l’écrivain. Il avoue ainsi à Myriam ne s’être jamais remis d’un amour de jeunesse, Ilona, jeune femme qu’il avait revue, à ceci près que cette dernière ne l’avait pas reconnu.

La filière écossaise, Gordon Ferris

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Samedi, 11 Mars 2017. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

La filière écossaise, février 2017, trad. anglais Hubert Tézenas, 472 pages, 22,50€ . Ecrivain(s): Gordon Ferris Edition: Seuil

 

Automne 1946, nous retrouvons Douglas Brodie (déjà présent dans La Cabane des pendus et Les Justiciers de Glasgow (1), reporter à la Glasgow Gazette, en train d’enquêter pour son ami le tailleur Isaac Feldmann. Ancien flic avant guerre puis ex-officier interprète à Bergen-Belsen au procès des anciens criminels nazis, l’intrépide et perspicace Brodie doit tenter d’élucider le mystère de plusieurs vols de bijoux ayant eu lieu le jour de shabbat dans la communauté juive de Garnethill. Tandis que son amie avocate et logeuse, la belle et intelligente Samantha Campbell, part pour Hambourg afin de participer au procès pour crimes de guerre contre les fonctionnaires du camp de concentration de Ravensbrück, Brodie découvre que se cache derrière les brigandages sur lesquels il enquête une « route des rats ». Á la classique filière qui permettait aux criminels de guerre de s’enfuir en Amérique du sud via l’Autriche et l’Espagne, il en existerait une autre partant de Hambourg, allant à Glasgow pour rejoindre les Etats-Unis.