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Seuil

Les Éditions du Seuil sont une maison d'édition française créée en 1935.

Maison très respectée dans le milieu de l'édition, entretient de bons rapports avec ses auteurs. Elle a notamment publié les œuvres de Jacques LacanRoland BarthesPhilippe Sollers (première période) ou plus tard Edgar MorinMaurice Genevoix ou Pierre Bourdieu.

L’Abattoir de verre, J. M. Coetzee

Ecrit par Nathalie de Courson , le Vendredi, 24 Août 2018. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman, La rentrée littéraire

L’Abattoir de verre, août 2018, 166 pages, 18 € . Ecrivain(s): John Maxwell Coetzee Edition: Seuil

 

Sait-on bien vers où l’on s’embarque lorsqu’on entre dans un livre de J. M. Coetzee ? Malgré sa prose limpide et le retour d’un personnage connu de ses lecteurs : Elizabeth Costello – la vieille écrivaine australienne éponyme du roman de 2003 – cet auteur nous fait sciemment perdre dans L’Abattoir de verre sextant et boussole.

Moral tales est le titre anglais de ce recueil de sept histoires écrites entre 2003 et 2017, et dont la deuxième est un récit d’adultère tranquillement amoral intitulé Histoire sans plus. Autre élément surprenant : l’auteur a voulu que Moral tales paraisse d’abord en traduction espagnole à Buenos Aires et à Madrid sous le titre de Cuentos morales, comme s’il voulait marquer ses distances envers sa langue et les pays anglo-saxons. Serait-il proche d’Elizabeth Costello qui, d’un récit à l’autre, après avoir refusé de vivre ses vieux jours à Nice près de sa fille Helen, repousse énergiquement l’offre de son fils John de s’établir près de lui à Baltimore, car « venant d’une Australie qui bave littéralement devant son maître américain », elle ne veut pas se « fixer dans le ventre du Grand Satan » ?

Les cigognes sont immortelles, Alain Mabanckou

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 21 Août 2018. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman, La rentrée littéraire

Les cigognes sont immortelles, août 2018, 293 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Alain Mabanckou Edition: Seuil

 

L’action se déroule à Pointe-Noire, au Congo, sur trois jours, du 19 au 21 mars 1977, au lendemain de l’assassinat du camarade président Marien Ngouabi.

Le narrateur est Michel, un jeune garçon qui vit avec sa mère, Maman Pauline, et le second mari de celle-ci, Papa Roger, qui, bigame, entretient dans un autre quartier une première épouse et leurs nombreux enfants.

Le lecteur partage pendant ces trois jours historiques le quotidien de Michel, ses allées et venues dans la proximité de la case familiale, et sa vision apparemment naïve mais paradoxalement extrêmement lucide des relations sociales, économiques au sein de sa parentèle et de son environnement proche, et des retombées qu’ont sur elles les turbulences tragiques d’une actualité politique jalonnée de révolutions de palais faisant des amis d’hier les ennemis du jour.

Rendre justice aux enfants, Jean-Pierre Rosenczveig

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 10 Juillet 2018. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Récits

Rendre justice aux enfants, mai 2018, 272 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean-Pierre Rosenczveig Edition: Seuil

 

Jean-Pierre Rosenczveig, qui a exercé sa fonction de juge des enfants d’abord au tribunal de Versailles, puis a présidé le tribunal pour enfants de Bobigny pendant 22 ans, est un homme et un professionnel engagé qui, prenant parti pour une visée humaine et sociale de la famille et de la société, défend quelques enjeux essentiels de son métier.

Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, l’a, en 2005, jugé « laxiste », héraut d’un certain « angélisme de gauche » ? Il s’en défend, se revendiquant « le plus dur des juges » du tribunal de Bobigny, tout en prenant parti pour la cause des enfants et des adolescents et en faveur des avancées éducatives, sociales et judiciaires qui sont liées aux situations individuelles hautement problématiques auxquelles il se trouve confronté. En effet, Jean-Pierre Rosenczveig est depuis le début de sa carrière membre actif du Syndicat de la magistrature, dont l’une des caractéristiques est de rechercher des solutions innovantes et adaptées à chaque cas, dans la limite de la légalité bien entendu. En outre, il a dirigé dans les années 1980-90 l’Institut de l’Enfance et de la Famille (IDEF) –qu’il a contribué à créer lors de son passage au cabinet de Georgina Dufoix –, organisme chargé de recueillir des données scientifiques dans le champ de l’enfance et de la famille.

Vous n’espériez quand même pas un CDD ? de Mathilde Ramadier

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 08 Juin 2018. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bandes Dessinées

Vous n’espériez quand même pas un CDD ? mai 2018, 112 pages, 15 € . Ecrivain(s): Mathilde Ramadier Edition: Seuil

Jungle managériale

Ce roman graphique porte sur les entretiens d’embauche. Art se transforme en rat, une anagramme qui résume la critique du monde de la presse, de la publicité et de l’informatique. Le tutoiement, la blague facile accompagnent la fausse décontraction, cachant l’horreur du travail à la chaîne sous-payé.

Un langage déshumanisé et absurde sert de mot d’ordre et de mode d’emploi ainsi que des concepts très compliqués pour une visée bien banale, celle de vendre des produits de grande diffusion. Impersonnalité, agression et chantage deviennent le lot quotidien des préliminaires d’embauche. Une simple expertise se transforme en mission et les distributeurs de prospectus en prophètes. Il y a des références religieuses, en cours dans les sectes, des espèces d’initiation à la vente avec des scores à atteindre, des distributions de points pour les plus rentables et des blâmes pour les perdants (les moins compétitifs). Un encadrement drastique de supérieurs hiérarchiques dont on ignore la provenance et les compétences réelles rappelle l’école et son côté punitif, ou pire, les dérives totalitaires.

La Revenue, Donatella di Pietrantonio

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 04 Avril 2018. , dans Seuil, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Italie

La Revenue, janvier 2018, trad. italien Nathalie Bauer, 240 pages, 20 € . Ecrivain(s): Donatella di Pietrantonio Edition: Seuil

 

La romancière de Mia madre è un fiume(2011) a placé son troisième roman, paru en Italie en 2017 sous le titre L’Arminuta(Einaudi), sous la bannière épigraphique de la grande Morante. La mémoire, en effet, celle des étés perdus, court dans ce roman qui trouve chœur et résonnance dans les Abruzzes natales de l’auteur. L’argument est tout simple : une adolescente de treize ans, placée en famille d’accueil, « revient » dans le nid familial, au village. « La revenue », entre deux familles, deux mères, deux pères, se met à apprivoiser doucement ce milieu nouveau, ce réseau familial dont elle a été retirée, découvre ses frères, Vincenzo, Sergio, Giuseppe (attardé), sa sœur Adriana. La plongée est radicale pourtant : d’une famille (d’emprunt) à l’autre, le fossé est large, tant à propos des usages qu’à celui de la culture. La pauvreté a ici valeur ancrée, et elle vient d’une « mère » des villes, soignée, délicate. Elle réapprend la mesquinerie, l’étroitesse des vies, les bouts de vie raccommodée. Adalgisa, la mère qui a élevé l’enfant, poursuit, même de loin, l’aide qu’elle a toujours accordée à cette petite parente, accueillie pour de bonnes raisons. Fratrie trop grande, misère du village… et d’autres motivations que la chute du roman éclairera.